- 1. La prototypographie
- 2. D'Alde Manuce à Robert Estienne
- 3. Du romain du Roi aux Didot
- 4. Révolution et romantisme
- 5. L'ère industrielle et l'Art nouveau
- 6. Débuts du design et « synthèse des arts »
- 7. Vers une Nouvelle typographie
- 8. Traditions britannique et française
- 9. Crispation idéologique et perpétuation du modernisme
- 10. Le recours à la tradition
- 11. Bouleversements technologiques et diversités graphiques
- 12. Réseaux, flux, numérisation
- 13. Le triomphe du numérique
- 14. Bibliographie
TYPOGRAPHIE
Le triomphe du numérique
Les premiers logiciels de publication assistée par ordinateur apparaissent entre 1987 et 1990, présidant aux retrouvailles du graphisme et de la typographie, longtemps séparés par les contingences techniques. Au tournant des années 1990, la mise au point du langage Postscript permet l'interprétation numérique d'un dessin à partir de son contour, garantissant la description précise des caractères par tout procédé de reproduction. Ce procédé ouvre la voie à la numérisation généralisée des types existants et à la création d'alphabets haute résolution. Au début des années 2000, Open Type, conçu par Adobe et Microsoft, succède aux formats précédents de fonte, améliorant encore leur qualité de reproduction à l'écran et d'impression.
Dès le début des années 1990, ces avancées technologiques sans précédent conduisent des créateurs à chercher à renouer avec l'esprit des avant-gardes. Edward Fella (né en 1938) expérimente dans le cadre de la Call Arts School of Art en Californie une typographie expressive, mettant en cause les habitudes de lecture où la lettre joue un rôle d'élément de synthèse dans les compositions. Tibor Kalman (1949-1999) inaugure dans ses clips musicaux une typographie en mouvement qui, depuis lors, fait florès dans les génériques de films et à la télévision.
La nouvelle typographie développée à partir de la côte ouest des États-Unis s'empare du langage Postscript pour affiner les caractères basiques issus des structures originelles du dessin à l'écran. Zuzana Licko réalise ainsi le Variex et sa série des Base.
Mais le credo d'une nouvelle ère avant-gardiste se heurte au manque de qualité de la plupart des caractères réalisés trop vite grâce aux logiciels. L'art de la lettre reste le fruit d'un savoir patiemment élaboré et d'une longue pratique, ce que le retour des Anglo-Saxons à un certain classicisme tend à confirmer à la fin des années 1990.
Depuis une dizaine d'années, de nombreux créateurs de caractères se sont exercés à l'élaboration de types de lecture courante destinés aussi bien à l'imprimé qu'à l'écran. Parmi eux, Matthew Carter reste une des figures les plus notables : son célèbre caractère Verdana est édité en 1996. Il a été rejoint par de plus jeunes auteurs qui s'attachent notamment à l'élaboration de « super-familles », soit un même caractère pensé dans toutes les formes – avec et sans empattement – et les fonctions possibles. Parmi ces dessinateurs immergés dans l'univers numérique mais attentifs à l'histoire de leur discipline, on peut citer le Hollandais Lucas de Groot (né en 1963), l'Américain Christian Schwartz (né en 1977) et le Français Jean-François Porchez (né en 1964).
Selon le format Open Type, le codage de fonte est basé désormais sur le système de reconnaissance universel Unicode, exploitable pour n'importe quelle forme d'écriture, permettant le traitement typographique des langues complexes. La typographie s'ouvre ainsi à une extraordinaire diversité culturelle et à un champ d'expérimentation inédit, dépassant de loin le cadre des recherches des avant-gardes du début du xxe siècle.
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Écrit par
- Michel WLASSIKOFF : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris
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