- 1. La prototypographie
- 2. D'Alde Manuce à Robert Estienne
- 3. Du romain du Roi aux Didot
- 4. Révolution et romantisme
- 5. L'ère industrielle et l'Art nouveau
- 6. Débuts du design et « synthèse des arts »
- 7. Vers une Nouvelle typographie
- 8. Traditions britannique et française
- 9. Crispation idéologique et perpétuation du modernisme
- 10. Le recours à la tradition
- 11. Bouleversements technologiques et diversités graphiques
- 12. Réseaux, flux, numérisation
- 13. Le triomphe du numérique
- 14. Bibliographie
TYPOGRAPHIE
Vers une Nouvelle typographie
Au début des années 1920, les questions typographiques se posent avec acuité en Allemagne et en U.R.S.S., nations brisées par la guerre et les conflits civils et où la reconstruction est à l'ordre du jour. Le mouvement constructiviste, lancé à Moscou en 1921 par Alexander Rodtchenko (1891-1957), Vladimir Tatline (1885-1953), El Lissitzky (1890-1941) et le poète Vladimir Maïakovski (1893-1930), prône une typographie aux compositions rigoureuses, avec des lettres de titrage géométriques à l'impact fort. Ils forgent le concept d'« architecture typographique », soit l'intégration dans les bâtiments ou les stands d'exposition d'éléments de textes en volume, associés à la construction et parfois l'ordonnant. El Lissitzky contribue à Hanovre à la revue Merz de Kurt Schwitters (1887-1948) qui appelle à forger une « Nouvelle typographie » selon les principes de rationalisation et de standardisation des productions industrielles.
En 1923, au sein de l'école du Bauhaus, László Moholy-Nagy (1895-1946) et Walter Gropius (1883-1969) débutent l'édition des Bauhausbücher où le concept de grille, la composition asymétrique et l'emploi des caractères romains sans empattement sont donnés en exemple. Le jeune typographe Jan Tschichold (1902-1974), à son tour, revendique une mise en page fonctionnelle et épurée, dont il systématise les principes dans son ouvrage Die Neue Typographie en 1928. Herbert Bayer, en charge de l'atelier d'imprimerie et de publicité au Bauhaus, dessine l'Universal, comportant uniquement des bas de casse, les majuscules représentant à ses yeux une hiérarchie superflue. Ce bouillonnement théorique et créatif impulse la publication par les fonderies allemandes de romains sans empattement, géométriques et fonctionnels. En 1927, la fonderie Bauer édite le Futura de Paul Renner (1878-1956) et la fonderie Klingspor le Kabel de Rudolf Koch (1876-1934), qui connaissent un succès considérable, popularisés notamment par la revue professionnelle Gebrauchsgraphik. El Lissitzky, Piet Zwart (1885-1977), Walter Dexel (1890-1973), Karel Teige (1900-1951), Paul Schuitema (1897-1973), parmi d'autres, se regroupent au sein du Ring Neue Werbegestalter (Cercle des nouveaux concepteurs publicitaires), fondé par Kurt Schwitters en 1927. En 1930, ils publient un recueil d'anthologie, GefesselterBlick, où sont recensées les meilleures applications de la Nouvelle typographie dans la presse écrite, l'édition et la publicité. Des créateurs européens, comme Alexey Brodovitch (1898-1971), d'origine russe, et qui a œuvré à Paris dans les années 1920 avant de partir pour New York, s'en inspire pour les mises en pages du Harper'sBazaar, diffusant le modernisme aux États-Unis.
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Écrit par
- Michel WLASSIKOFF : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris
Classification
Média
Matrice de l'appareil typographique Garamond
Connaissances des Arts/ St-Genès/ AKG-images
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