- 1. La prototypographie
- 2. D'Alde Manuce à Robert Estienne
- 3. Du romain du Roi aux Didot
- 4. Révolution et romantisme
- 5. L'ère industrielle et l'Art nouveau
- 6. Débuts du design et « synthèse des arts »
- 7. Vers une Nouvelle typographie
- 8. Traditions britannique et française
- 9. Crispation idéologique et perpétuation du modernisme
- 10. Le recours à la tradition
- 11. Bouleversements technologiques et diversités graphiques
- 12. Réseaux, flux, numérisation
- 13. Le triomphe du numérique
- 14. Bibliographie
TYPOGRAPHIE
Traditions britannique et française
En 1922, à Londres, l'éditeur Oliver Simon et le typographe Stanley Morison (1889-1967) lancent la revue The Fleuron. Publiée jusqu'en 1930, celle-ci cherche avant tout à vivifier le savoir traditionnel et à promouvoir les caractères du patrimoine : Garamond, Baskerville, Fournier, Walbaum sont adaptés à la composition mécanique par la fonderie Monotype dont Morison est le conseiller. Ce dernier soutient la démarche d'Eric Gill (1882-1940) qui allie la tradition à la modernité dans des créations comme le Perpétua et surtout le Gill Sans qui concurrence dès 1928 les productions allemandes. En 1931, Stanley Morison conçoit le caractère Times New Roman, une interprétation contemporaine et fonctionnelle de la lettre humanistique destinée à la nouvelle formule du quotidien Times of London.
En France, la revue Arts et métiers graphiques, fondée en 1927 par Charles Peignot avec le concours du typographe Maximilien Vox (1894-1974), se fixe comme objectif de palier à l'« absence quasi totale de culture et de curiosité typographiques dans le monde de l'imprimerie et dans celui de l'édition ». Par ailleurs, Maximilien Vox prend en charge les Divertissements typographiques, livrets édités par la fonderie Deberny et Peignot pour mettre en valeur ses créations.
Cassandre (1901-1968), admirateur de Le Corbusier, applique la méthode des tracés régulateurs dans ses affiches, s'attachant à ce que le dessin de la lettre réponde aux besoins d'amples inscriptions murales. À cet effet, il installe systématiquement le texte en lettres capitales. À partir de 1927, il travaille au Bifur, un alphabet géométrique et modulaire, aux formes simplifiées à partir des éléments structurels de lettres majuscules sans empattement. Publié par Deberny et Peignot en 1929, Bifur constitue un manifeste prétendant renouer avec l'histoire de la typographie « abâtardie par les scribes » et instaurer la lettre capitale comme système pour une écriture nouvelle. Cassandre parachève sa démarche en réalisant un type de labeur publié à l'occasion de l'exposition internationale de 1937, le Peignot, qui, malgré sa réelle beauté, connaît un échec commercial.
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Écrit par
- Michel WLASSIKOFF : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris
Classification
Média
Matrice de l'appareil typographique Garamond
Connaissances des Arts/ St-Genès/ AKG-images
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