U.R.S.S. L'économie soviétique
La perestroïka sous Gorbatchev (1985-1991)
L'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev suscita de grands espoirs dans le domaine économique comme dans le domaine politique. Malgré des éléments positifs, les actions de Gorbatchev se sont toutefois caractérisées par des faiblesses considérables : de fausses manœuvres initiales, des réformes qui ont tourné court, une perte de contrôle de l'économie à partir de 1989 et une résistance de principe au changement de système.
Les débuts ont été marqués par deux fausses manœuvres. La lutte contre l'alcoolisme, décrétée en 1985, n'isolait qu'une composante de la dégradation sociale ; elle mécontenta la population, généra une criminalité nouvelle, enrichit les distillateurs clandestins et appauvrit l'État. La proclamation de l'« accélération » comme mot d'ordre économique, la même année, rappelait fâcheusement l'idéalisation stalinienne de la croissance, fût-ce dans une optique différente de modernisation ; il était trop facile d'incriminer, pour l'échec du démarrage, conjointement la mauvaise récolte de 1985, la baisse du prix du pétrole et donc des recettes d'exportation en 1986 et la catastrophe de Tchernobyl la même année.
La perestroïka (« restructuration ») annoncée dès 1985, vraiment lancée en 1987, s'est arrêtée au seuil de tous les changements radicaux. Les entreprises (réformées en 1987) ont obtenu des droits accrus, dont celui de nouer des « liens directs » entre elles, mais sont restées soumises à une planification centrale déguisée sous le nom de « commandes d'État ». La propriété privée n'a pas été reconnue ; les « activités individuelles », autorisées à partir de 1987, ont été strictement limitées ; les coopératives de services, régies par un texte de 1988, ont surtout servi à « blanchir » l'argent de la mafia. Le contrat de « bail », dans l'agriculture, n'a pas motivé la petite minorité de paysans attirés par l'exploitation à leur compte mais qui craignaient un retournement, et qui se sont trouvés en butte à l'hostilité de la majorité pour enrichissement excessif. Les réorganisations administratives n'ont pas allégé la direction de l'économie.
La perestroïka, cependant, a eu des effets suffisamment perturbateurs pour plonger l'économie dans un état de crise ouverte dès 1989. Sur fond de stabilité des prix, maintenue autoritairement, les pressions inflationnistes devinrent de plus en plus fortes, et l'on commença à mesurer officiellement la « surliquidité » (écart entre la demande solvable et l'offre disponible aux prix en vigueur). Le déficit budgétaire se creusa, dépassant, dès 1988, 10 p. 100 du P.N.B. Les pénuries s'accentuèrent, et le rationnement fit son apparition. À la fin de 1989 fut publié le premier plan de stabilisation dû au ministre chargé de la réforme, Leonid Abalkin ; il fut suivi de beaucoup d'autres, dont le programme de redressement en « 500 jours » de l'académicien Chatalin, publié en 1990.
La raison principale de l'échec de tous ces plans tient à la contradiction inhérente à la perestroïka. Celle-ci n'impliquait aucun abandon du socialisme, ni du monopole du parti, bien que Gorbatchev eût entrepris de remplacer massivement les cadres de ce dernier. Le concept de « marché socialiste régulé », vivement critiqué par les économistes soviétiques « radicaux », exprimait ce parti pris idéologique. Partisan d'une pluralité de formes de propriété, Gorbatchev ne voulait pas introduire la propriété privée, spécialement sur la terre. La liberté des entreprises n'impliquait ni la libéralisation totale des transactions, ni celle des prix, ni la maîtrise des investissements.
Ce sont des circonstances politiques qui ont mis fin à la perestroïka[...]
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Écrit par
- Marie LAVIGNE : professeur émérite de sciences économiques, université de Pau
Classification
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ORIGINE DE LA VIE : L'HYPOTHÈSE OPARINE-HALDANE
- Écrit par Stéphane TIRARD
- 2 541 mots
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