- 1. Années de formation et de survie (fin 1917-1921)
- 2. La parenthèse de la NEP (1921-1929)
- 3. Les années 1930, une décennie décisive
- 4. Le « second stalinisme » : de la guerre à la mort de Staline (1941-1953)
- 5. Les années Khrouchtchev (1953-1964)
- 6. L'obsession de la stabilité (1965-1985)
- 7. De la perestroïka à la fin de l'URSS (1985-1991)
- 8. Bibliographie
U.R.S.S. Histoire
La parenthèse de la NEP (1921-1929)
Entre deux cataclysmes – la guerre civile et la collectivisation –, les années de la NEP apparaissent comme une pause, une trêve. C'est le temps des débats sur le fédéralisme, sur les voies de développement du pays, sur l'avenir de la révolution. Le pays se reconstruit, mais cette reconstruction, sur fond d'archaïsme social et d'autarcie, ne suit pas les voies vers lesquelles la direction du parti bolchevique souhaite faire avancer le pays. La dictature politique et le volontarisme stalinien ne peuvent s'accommoder longtemps d'un développement économique et social qui leur échappe.
Le temps des débats
D'intenses débats agitent les milieux dirigeants bolcheviques durant les années 1920.
Le premier porte, en 1922-1923, sur la nature du lien fédéral qui doit unir la RSFSR (République socialiste fédérative soviétique de Russie) aux autres républiques socialistes (Ukraine, Biélorussie, Transcaucasie). Cette question est l'occasion d'un affrontement majeur entre Staline, commissaire du peuple aux nationalités, qui souhaite que le gouvernement de la RSFSR soit aussi celui de la fédération, et Lénine pour lequel la fédération doit unir des républiques égales. Soupçonné par Lénine de mener une politique de « chauvinisme grand-russien », Staline doit s'incliner. Le 30 décembre 1922, la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et la Transcaucasie signent le traité qui fonde l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Le 31 janvier 1924 est ratifiée la Constitution de l'URSS. Malgré ses dispositions fédérales, ce texte favorise le contrôle du centre sur les pouvoirs républicains. Les républiques délèguent, en effet, des compétences fondamentales (représentation internationale, défense, sécurité, commerce extérieur, budget, monnaie, crédit) aux organes fédéraux, le Soviet de l'Union et le Soviet des nationalités. Au cours des années 1920, Moscou procède à de nombreux remaniements territoriaux, à l'issue desquels trois nouvelles républiques fédérées sont créées (Tadjikistan en septembre 1924, Turkménistan et Ouzbékistan en mai 1925), ainsi que plusieurs républiques autonomes.
Un second débat porte sur les voies de développement de l'URSS. Comment moderniser et industrialiser un pays avant tout rural, le faire passer au socialisme ? Dans ses derniers écrits (Mieux vaut moins, mais mieux ; De la coopération), Lénine développe l'idée, selon laquelle la NEP, instaurée « pour de bon et pour longtemps », doit permettre un développement équilibré entre l'industrie et l'agriculture, créer une « alliance ouvrière et paysanne ». Il ne faut pas « brusquer les choses », tenter d'« inculquer par une propagande brutale les idées communistes dans les campagnes ». Seule une « révolution culturelle » de longue haleine pourra vaincre « l'ignorance semi-asiatique » des masses paysannes et ouvrir la voie au socialisme.
Comment mettre en œuvre cet ambitieux programme-testament de Lénine ? De 1923 à 1929, deux lignes s'affrontent, au sein de la direction bolchevique : une ligne dite « de gauche », défendue avec le plus de constance par Trotski, Gueorgui Piatakov, Evgueni Preobrajenski, et une ligne dite « de droite », dont le principal théoricien est Nicolas Boukharine. Dès 1923, Trotski prône le développement prioritaire de l'industrie. La « crise des ciseaux » (différence entre les hauts prix industriels et les bas prix agricoles) ayant révélé la faiblesse d'une industrie incapable de fournir des produits manufacturés bon marché, il faut en priorité, selon lui, augmenter la productivité industrielle, mettre fin à la « disette de marchandises ». Pour financer les investissements industriels, réaliser « l'accumulation socialiste primitive », il est nécessaire de « pomper », temporairement, l'agriculture,[...]
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Écrit par
- Nicolas WERTH : directeur de recherche au CNRS
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ORIGINE DE LA VIE : L'HYPOTHÈSE OPARINE-HALDANE
- Écrit par Stéphane TIRARD
- 2 541 mots
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...scientifique soviétique porte la marque de sa proximité avec le pouvoir, puisqu’il devient directeur de l’Institut de biochimie de l’Académie des sciences d’URSS en 1946, après avoir participé à son organisation en 1935. Par ailleurs, en tant que secrétaire académicien du département des sciences biologiques...