- 1. Années de formation et de survie (fin 1917-1921)
- 2. La parenthèse de la NEP (1921-1929)
- 3. Les années 1930, une décennie décisive
- 4. Le « second stalinisme » : de la guerre à la mort de Staline (1941-1953)
- 5. Les années Khrouchtchev (1953-1964)
- 6. L'obsession de la stabilité (1965-1985)
- 7. De la perestroïka à la fin de l'URSS (1985-1991)
- 8. Bibliographie
U.R.S.S. Histoire
Les années Khrouchtchev (1953-1964)
La disparition de Staline marque une étape décisive, la fin d'une époque, sinon la fin d'un système. Elle révèle « le paradoxe d'un système prétendument inscrit dans les lois du développement social, et dans lequel tout dépend tellement d'un seul homme que, cet homme disparu, le système a perdu quelque chose qui lui était essentiel » (François Furet). En quelques années, l'Union soviétique passe d'un système qui peut être qualifié de totalitaire à un système autoritaire et policier. Les années Khrouchtchev sont à la fois celles de la sortie de la dictature stalinienne – dépénalisation des relations sociales, fin des répressions de masse, déstalinisation mesurée – et celles des derniers grands mythes et des dernières mobilisations (retour au léninisme, construction du communisme, campagne du maïs, conquête des terres vierges, etc.).
Les luttes pour la succession (1953-1957)
Staline ayant délibérément agi comme si sa succession ne devait jamais s'ouvrir, sa disparition suscite un immense désarroi dans la population et d'intenses luttes de succession. Malenkov prend la tête du gouvernement, Khrouchtchev choisit la direction de l'appareil du parti, Beria garde le contrôle sur le puissant ministère de l'Intérieur. En quelques semaines, des mesures spectaculaires sont prises, annonciatrices d'un nouveau climat politique. Le 27 mars 1953, une amnistie permet la libération de plus d'un million de détenus (les « politiques » étant exclus du bénéfice de cette mesure). Le 4 avril, la Pravda annonce que l'affaire des médecins avait été montée de toutes pièces par la police politique. Le désarroi d'une population désorientée par la disparition du guide suprême s'accroît encore quand il apparaît que c'est Beria lui-même qui semble prendre la tête du combat pour le rétablissement de la « légalité socialiste ». La crainte de voir Beria élargir son influence et ses clientèles bien au-delà de l'appareil omnipotent de la police politique pousse les autres dirigeants à se coaliser contre lui ; il est arrêté le 26 juin 1953 et exécuté. Les conditions de la chute de Beria, la dissimulation de son exécution derrière un faux procès, les chefs d'accusation fantaisistes, dans la plus pure tradition stalinienne, retenus contre lui, témoignent des difficultés de passer à un système où l'arbitraire céderait le pas à la légalité.
Après la chute de Beria, les luttes de succession mettent aux prises Malenkov et Khrouchtchev. En s'attaquant résolument à l'un des principaux problèmes de l'économie soviétique, l'agriculture, Khrouchtchev prend l'avantage. Au plénum du comité central de septembre 1953, il fait adopter un substantiel relèvement des prix payés par l'État aux kolkhozes, mesure indispensable pour éviter un effondrement complet de l'agriculture. Ces hausses s'accompagnent d'un abaissement des taxes sur le produit des ventes au marché libre. En mars 1954, Khrouchtchev fait entériner un vaste projet de mise en valeur des terres vierges du Kazakhstan et de l'Altaï (37 millions d'ha, soit 30 p. 100 de la superficie cultivée du pays). Durant quelques années, le pari des terres vierges est payant : en 1956-1957, l'URSS engrange la plus forte récolte céréalière de son histoire (125 Mt). En 1955, Khrouchtchev lance une nouvelle mobilisation, la campagne du maïs. En deux ans, dix-huit millions d'hectares sont ensemencés, y compris dans des régions peu propices à cette culture. Déjà s'affirment ces actions désordonnées, intempestives, autour d'un projet fétiche, si caractéristiques des années 1950.
Tout en capitalisant à son profit les premiers résultats encourageants des réformes agricoles, Khrouchtchev engage un train de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicolas WERTH : directeur de recherche au CNRS
Classification
Médias
Autres références
-
ORIGINE DE LA VIE : L'HYPOTHÈSE OPARINE-HALDANE
- Écrit par Stéphane TIRARD
- 2 541 mots
- 2 médias
...scientifique soviétique porte la marque de sa proximité avec le pouvoir, puisqu’il devient directeur de l’Institut de biochimie de l’Académie des sciences d’URSS en 1946, après avoir participé à son organisation en 1935. Par ailleurs, en tant que secrétaire académicien du département des sciences biologiques...