Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ZĀKĀNĪ ‘UBAYD-I (1300 env.-1371)

Venu jeune à Chirāz, pour y parfaire pendant quelques années sa formation, ‘Ubayd-i Zākānī retourne à Qazwīn, sa ville natale, en tant que juge, avant de se rendre à Bagdad. On connaît mal la vie de ce contemporain de Hāfiz, peut-être à cause du peu d'estime qu'il inspire : même ses œuvres sérieuses sont truffées d'anecdotes, d'allusions scabreuses et de satires violentes. Pourtant, c'est vraisemblablement l'un des meilleurs auteurs satiriques de la littérature persane du xive siècle. Doué d'un esprit moqueur et d'une grande vivacité, Zākānī utilise ces dons et les met en relief par un style incisif. Sa production est variée, mais la censure du « bon goût » a presque toujours expurgé ses manuscrits, et à plus forte raison ses œuvres imprimées.

Auteur d'un Diwan composé des habituelles qasīdas dithyrambiques adressées à ses différents protecteurs, de ghazals et de ruba'is (quatrains), il a versifié le Ushshaq-Nāme (Livre des amants) et surtout Mush u-gurba (La souris et le chat). Ce masnavi est une critique du pouvoir établi qu'il symbolise par le chat de Kirmān, bête extraordinaire « dont le ventre était un tambour [...] et dont les griffes auraient fait la fierté d'un léopard ». Le Rish-Nāme (Livre de la barbe), est un dialogue mêlé de vers entre le poète et la barbe où le poète reproche à la barbe de détruire la beauté du visage chez l'adolescent. Outre les Sad Pend (Cent Préceptes), ‘Ubayd a laissé un Akhlāq al-Ashrāf (Mœurs de la noblesse) : c'est l'œuvre la plus accomplie d'un humoriste qui jette un regard critique désabusé et un peu méprisant sur ses contemporains.

— Philippe OUANNÈS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification