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UDAYAGIRI

Le sanskrit Udayagiri signifie « mont du levant ». Ce toponyme, banal en Inde, évoque pour les archéologues quelques sites qui illustrent chacun une phase différente de l'art. Deux se trouvent en Orissā : l'un, dans le district de Puri, fait partie d'un groupe célèbre de grottes jaïnas archaïques ; l'autre, dans le district de Cuttack, a livré des vestiges d'architecture bouddhique du ixe siècle. Un troisième, au Mādhya Pradesh, se distingue par des monuments rupestres du ve siècle, en majorité brahmaniques. Un quatrième, enfin, localisé dans le district de Nellore en Andhra Pradesh, fut la capitale d'un petit royaume absorbé par l'empire hindou de Vijayanagar ; à la chute de celui-ci la ville tomba sous la domination nominale du sultan de Golconde. On y voit les restes d'une puissante enceinte et une mosquée datant de 1660. Le premier et le troisième de ces lieux possèdent des monuments qui constituent d'importants jalons dans l'histoire de l'art indien : c'est d'eux seuls qu'il s'agira ici.

Udayagiri en Orissā

À quelques kilomètres des ruines de Śiśupālgarh, capitale présumée de l'antique Kaliṅga, et de Bhuvaneśvar, siège des dynasties qui se succédèrent au Moyen Âge sur le trône d' Orissā et grand foyer d'art śivaïte, se dressent les collines jumelles d'Udayagiri et de Khaṇḍagiri (« mont fendu ») séparées par un étroit vallon. Au ier siècle avant J.-C., le roi Khāravela – grand conquérant, si l'on en croit son panégyrique (grotte 14 à Udayagiri), et peut-être adepte du jaïnisme – donna l'ordre de creuser au flanc de ces éminences des grottes destinées à abriter des moines. Ces hypogées, comme ceux du Dekkan occidental, reproduisent des structures de bois. Mais leur disposition interne et la prédominance, dans leur décor, de la sculpture narrative au détriment des éléments architectoniques leur confèrent une réelle originalité. Ici, les cellules s'ouvrent directement sur une véranda commune où l'imagier a déployé toutes les ressources de son art encore maladroit. Les portes sont encadrées de pilastres, que couronnent des avant-trains d'animaux, et surmontées d'arcatures en forme de fer à cheval sur lesquelles s'enlèvent des palmettes, des rinceaux, des rhizomes de lotus ou encore une file d'animaux de profil. Une large frise, bordée d'une balustrade figurée, relie entre elles ces arcatures. Les scènes s'y déroulent sans discontinuité (et ces compositions en bandeau rappellent celles des linteaux des portes du grand stūpa de Sāñcī, datant des environs de l'ère chrétienne) ; souvent confuses, parfois rebelles à l'identification, elles révèlent cependant un sens du mouvement et un goût du paysage assez exceptionnels. Cette iconographie archaïque présente des divinités honorées par toutes les sectes anciennes de l'Inde (sur des tympans de la grotte 3 de Khaṇḍagiri, un « Bain de Śrī » et « Sūrya, le dieu solaire, sur son char », par exemple). En revanche, elle proscrit toute représentation anthropomorphe des Tirthāṅkara – le Jina, fondateur du jaïnisme, et ses vingt-trois précurseurs. En plus de ses dix-huit grottes étroitement groupées, dont une naturelle simplement agrandie (14) et deux comportant deux étages (1 et 9), Udayagiri possédait un bâtiment où, selon toute vraisemblance, la congrégation se réunissait pour célébrer le culte ; il s'élevait – au sommet de la colline – sur un plan absidal et ses substructions de latérite trahissent des remaniements. Les quinze salles souterraines de Khaṇḍagiri se répartissent fort inégalement ; les grottes 2 et 3 se parent d'une décoration particulièrement élaborée ; à la fin de la période classique ou, plus probablement, au début du Moyen Âge, les grottes 7, 8, 9, 10 et 11 ont été enrichies d'une grande quantité d'images des Tirthāṅkara et[...]

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Écrit par

  • : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

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