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UDAYAGIRI

Udayagiri au Mādhya Pradesh

Bhīlsa, à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Bhopāl, est à présent un modeste chef-lieu de district ; c'était jadis, sous le nom de Vidiśā, la capitale du royaume du Mālva, et son importance, attestée dès le iiie siècle avant J.-C., s'explique par la position qu'elle occupait au carrefour des grandes voies commerciales. Sa ligne occidentale de défense pourrait avoir été constituée par la colline d'Udayagiri, entre les rivières Betvā et Beṣ. Vers 390 de notre ère, l'empire Gupta s'empara du Mālva. Ce fut alors, semble-t-il, que des artistes locaux commencèrent d'entailler la masse calcaire d'Udayagiri, y aménageant de petits sanctuaires rupestres. L'un d'eux (grotte 7), fondé par le ministre de Candragupta II (375-414 env.), porte une inscription relatant la visite de l'empereur en personne.

Au sort de Vidiśā était lié celui d'Udayagiri. La prospérité de la ville déclina sans doute au cours des années qui suivirent le transfert, par Candragupta, de la capitale du vice-royaume du Mālva à Ujjayinī, plus à l'ouest ; l'activité artistique à Udayagiri ne paraît pas s'être prolongée au-delà du deuxième quart du ve siècle. On compte sur le site vingt monuments, souvent fort érodés et d'un intérêt inégal. Mais le groupe qu'ils forment fournit d'utiles repères pour l'étude du style Gupta, en raison de son homogénéité et de plusieurs épigraphes, dont deux datées (grottes 6 et 20). Le temple 1, isolé au nord du village actuel, s'appuie au rocher. Sa cella est à demi excavée et à demi construite ; un porche à quatre piliers et à toit plat la précède. Il s'apparente à de petits sanctuaires de la période classique, assez nombreux dans l'ancien Mālva. Ses chapiteaux à « vase jaillissant » font supposer qu'il est légèrement postérieur à un temple du même type, désigné par le no 17 sur le site voisin de Sāñcī, aux chapiteaux « campaniformes » gardant une saveur légèrement archaïque. Les autres chapelles d'Udayagiri sont creusées dans la roche vive. Certaines s'ouvraient soit sur une véranda construite (3, 6, 9, 19), soit sur une salle (maṇḍapa) taillée dans la paroi de la falaise (5), et aujourd'hui détruites. La façade de plusieurs d'entre elles s'orne d'une porte au bel encadrement, de même inspiration que ceux qu'on admire notamment au temple des Avatāra à Deogarh et à l'entrée des chapelles des cavernes 16, 17, 21 et 26 à Ajaṇṭā : on y remarque des bandes parallèles gravées de rinceaux et de petits personnages ainsi que les« divinités fluviales » Gaṅgā (le Gange) et Yamunā, au gracieux hanchement, debout sur leur monture encore indifférenciée – le makara, monstre marin – , lointaines descendantes des « fées à l'arbre » des portes monumentales du grand stūpa de Sāñcī. À Udayagiri se fixe l'image classique des dieux hindous. Plusieurs voisinent avec des « gardiens de seuil » (dvārapāla) sur la façade de la grotte 6 ; au-dessus de l'entrée de la grotte 9 est sculpté un linteau représentant le « Barattage de la mer de lait », malheureusement très dégradé ; sous un abri (13), auquel on accède par un étroit sentier, le « Sommeil cosmique de Viṣṇu » annonce la composition magistrale conçue sur le même thème à Deogarh ; à l'intérieur de la grotte 3 se détachent les « Huit Śakti », c'est-à-dire les « énergies » féminines des dieux, et, dans l'ombre d'un sanctuaire, se dresse le liṅga, « signe » visible de la puissance créatrice de Śiva, cylindre de pierre orné du visage du dieu lui-même (Ekamukhaliṅga), particularité qui disparaîtra par la suite. Mais toutes ces œuvres, d'un grand intérêt iconographique et stylistique,[...]

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Écrit par

  • : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

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