UDF (Union pour la démocratie française)
Un parti de notables ?
On définit généralement l'U.D.F. comme un « parti de notables », c'est-à-dire comme une formation aux structures organisationnelles très lâches et dont les cycles de vie et la morphologie ne dépendraient que des ambitions de ses principaux élus. De surcroît, ces derniers sont vus comme des entrepreneurs politiques indépendants qui jouissent d'une notoriété et de ressources (matérielles et symboliques) suffisantes hors du jeu politique pour conquérir les positions de pouvoir sans l'aide du parti. Enfin, le caractère notabiliaire de cette formation, selon les perceptions communes qu'on en a, serait renforcé par les origines sociales bourgeoises de ses adhérents, peu nombreux au regard des effectifs revendiqués par les partis concurrents, ainsi que par une faible propension à l'activisme militant. Or cette manière de dépeindre l'U.D.F. ne rend qu'imparfaitement compte de sa réalité sociale et organisationnelle.
En premier lieu, l'étude sociographique des élus conservateurs montre qu'ils ne se distinguent pas outre mesure de leurs homologues de droite ou de gauche du point de vue des origines sociales et du statut professionnel antérieurement acquis (cf. tableau). On observe même, depuis les années 1980, une tendance à la normalisation en matière de recrutement social. Ainsi, à l'instar du Parti socialiste et de l'U.M.P., le personnel centriste est aujourd'hui majoritairement constitué d'élus issus de la fonction publique et des professions libérales du secteur médical et paramédical.
Localement, lorsqu'on s'intéresse aux conditions de leur éligibilité, rien ne permet non plus d'avancer l'idée qu'ils seraient des professionnels de la politique bénéficiant plus que leurs concurrents d'une implantation de type notabiliaire. Une étude biographique des dirigeants de l'U.D.F. montre que ceux-ci étaient généralement, avant d'entrer en politique, des « entrepreneurs de cause » particulièrement engagés dans le champ de la solidarité et plus précisément dans celui de l'action caritative. Leur identité de catholique pratiquant et leur socialisation familiale les prédisposent à s'engager envers autrui, dans et hors de l'Église, et expliquent aussi leur implication dans les tissus catholiques locaux et leurs savoir-faire en matière d'action collective. Ils se sont ainsi constitué de nombreux réseaux et soutiens qui se sont révélés très utiles dans leur entreprise politique, y compris pour s'imposer en tant que leader dans les fédérations du parti centriste. Le cumul de ces ressources associatives et partisanes rend les frontières du parti plus poreuses. En outre, la superposition et/ou l'entremêlement des soutiens variés dont bénéficient ces dirigeants renforce leur relative indépendance vis-à-vis de la direction du parti et des adhérents.
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Écrit par
- Julien FRETEL : professeur de science politique à l'université de Paris-I Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
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