Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

UKRAINE

Nom officiel Ukraine
Chef de l'État Volodymyr Zelensky - depuis le 20 mai 2019
Chef du gouvernement Denys Chmyhal - depuis le 4 mars 2020
Capitale Kiev
Langue officielle Ukrainien
Population 37 732 836 habitants (2023)
    Superficie 603 550 km²

      Article modifié le

      Littérature

      En esquissant à grands traits l'histoire de la littérature ukrainienne – ce qui nous amènera forcément à évoquer l'histoire de l' Ukraine –, nous avons conscience d'aborder une terra incognita. Rares sont les personnes, même cultivées, qui faisaient la distinction entre l'Ukraine et la Moscovie avant l'éclatement de l'URSS, et cette confusion était soigneusement entretenue par les Russes blancs ou rouges, d'accord au moins sur ce point.

      Nation martyre, persécutée par tous ses occupants successifs, Polonais, Russes, Allemands, objet de convoitises féroces en raison de ses richesses naturelles, exploitée comme une colonie, soumise à des tentatives systématiques de dénationalisation et d'assimilation, ignorée des élites européennes (seul, au xviiie siècle, Voltaire fait exception et, dans son Histoire de Charles XII, écrit : « L'Ukraine aspira toujours à être libre... »), elle a résisté et résiste toujours pour survivre et préserver son individualité nationale. Malgré les obstacles, une nouvelle génération décidée à lutter pour la liberté est apparue dans les années 1980. Elle était appuyée par une population ukrainienne nombreuse et aisée, émigrée aux États-Unis et au Canada (où les Ukrainiens forment par le nombre la troisième nationalité après les Anglais et les Français). Quantité de publications interdites en URSS y voyaient le jour. En ce sens, les États-Unis et le Canada ont joué, mais à plus vaste échelle, le rôle qu'a joué au xixe siècle la Galicie autrichienne.

      Chronique initiale

      Le premier État ukrainien – celui qui avait déjà pour capitale Kiev sur le Dniepr – a duré jusqu'en 1240, date à laquelle il a été ruiné par l'invasion des Tatars mongols.

      Fondé dès le xe siècle par des chefs varègues (c'est-à-dire scandinaves) au milieu d'une population indigène (ils se sont eux-mêmes peu à peu slavisés), il a connu pendant plusieurs siècles une brillante civilisation dans le domaine de la littérature et de l'art et a entretenu des relations commerciales surtout avec Byzance-Constantinople (Tsargrad), mais aussi avec l'Europe centrale et occidentale ainsi qu'avec l'Orient. « Tissus persans, argenterie arabe, étoffes chinoises, articles de Syrie, poteries d'Égypte affluaient vers elle » (Grekov).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Les premiers princes varègues portaient des noms scandinaves : Rjurik (Roerek), Oleg (Helgi), Igor (Ingvar). Ce dernier est tué par les sauvages Drevlianes. Sa veuve, Helga (Olga), exerce la régence pendant vingt ans. Elle est déjà chrétienne. Son fils Svjatoslav (962-972) est le premier à porter un nom slave. Mais c'est un vrai Viking. Il périt comme son père sur le champ de bataille sous les coups des Petchénègues (horde nomade d'origine turque qui envahit l'Ukraine à plusieurs reprises).

      Vladimir (Volodymyr), 980-1015, reçoit le baptême (en 987) et fait participer son pays à la civilisation chrétienne. Il devient le héros d'un cycle de légendes et l'Église, au xiiie siècle, le canonisera.

      Il a pour successeur Iaroslav le Sage (1019-1054), prince bâtisseur, qui fait construire de nombreuses églises, la plus célèbre étant Sainte-Sophie de Kiev (1035-1037), et des monastères. Il avait épousé Inguiguer de Suède, il maria sa sœur à Casimir de Pologne, ses filles Élisabeth à Harold de Norvège, Anne à Henri Ier de France, Anastasie à André Ier de Hongrie.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Sous les princes de Kiev, la littérature brille d'un vif éclat. Le Récit des temps passés – parfois appelé aussi Chronique initiale – expose, à partir du Déluge et du partage du monde entre les fils de Noé, les destinées de la Russie. Énumération des tribus slaves, traditions relatives à un voyage supposé de l'apôtre André et à la fondation de Kiev, appel aux Varègues, invasions, migrations de peuples, tableau de leurs mœurs, etc. constituent une première partie non datée. Puis l'auteur fixe sa chronologie et, à partir de 852, expose les faits année par année : les règnes des princes varègues, le baptême de la Russie sous Vladimir, le règne d'Iaroslav et d'autres princes jusqu'à Sviatopolk II.

      Le Récit des temps passés est une compilation de sources très diverses : chronographes byzantins, documents plus ou moins historiques (traités avec les Grecs), récits légendaires (cheval d'Oleg) sur lesquels on peut déceler l'influence des sagas scandinaves, réflexions pieuses, digressions parfois très longues (sur Cyrille et Méthode, sur les magiciens, etc.). C'est une œuvre d'une valeur exceptionnelle pour les historiens – miroir de son époque et tableau de la vie ukrainienne – et en même temps un chef-d'œuvre du point de vue littéraire.

      Sous le règne du prince Iaroslav, le métropolite Hilarion a écrit un important traité où il oppose la Loi, donnée par Moïse, à la Grâce, apportée par Jésus-Christ. Il montre la Loi, accordée aux Juifs, remplacée par la Grâce, donnée à tous les peuples, et termine par un éloge de Vladimir.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Les bylines, chants épiques qui célèbrent les «  bogatyrs » (paladins, preux chevaliers), se répartissent en deux grands cycles, celui de Kiev et celui de Novgorod. Seul nous intéresse ici le premier de ces deux cycles.

      Ilia de Mourom est peut-être, avec Vladimir, le personnage le plus populaire du cycle de Kiev. C'est le bogatyr par excellence et le favori du peuple, car il combat les brigands qui infestent la terre ukrainienne. Ce fils de paysan est resté trente ans cul-de-jatte. Mais un jour, des pèlerins (peut-être le Christ et ses apôtres) lui offrent un breuvage qui lui donne une force herculéenne. Il l'emploie à défricher la forêt environnante. Arrivé à Kiev, il se querelle avec Vladimir qui est finalement forcé de lui faire des excuses. Ce bogatyr, qui a son franc-parler avec les princes, est avant tout un héros national. Il est le protecteur des faibles et défend la foi chrétienne contre les brigands et les Tatars.

      L'Ukraine écartelée et persécutée

      Après la chute de Kiev, la civilisation ukrainienne se maintint encore dans la principauté de Galicie-Volynie. Puis l'Ukraine, ce pays plus grand que la France d'aujourd'hui, se trouva, pendant des siècles, écartelée entre plusieurs ensembles politiques (Lituanie et Pologne, Russie, Autriche, Hongrie, Roumanie) et subit tour à tour des influences diverses, connut des épreuves inouïes, mais réussit cependant à réunir tous ses membres épars, d'abord au sein de la république socialiste soviétique d'Ukraine, membre de l'URSS, et finalement à acquérir l'indépendance nationale en 1991.

      La langue ukrainienne porte les traces de ces diverses influences. Le territoire lié à la Lituanie et à la Pologne s'est orienté vers l'ouest. Le russe a pris une grande quantité de termes de civilisation au vieux slave d'Église, l'ukrainien en a beaucoup moins (Meillet).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Les débuts de l'ukrainien, en tant que langue littéraire, remontent au commencement du xixe siècle. Mais il avait derrière lui, depuis des siècles, les liens les plus intimes avec la civilisation polonaise et, lorsque les lacunes de son vocabulaire littéraire l'ont amené, pour les combler, à se chercher des ressources extérieures, il n'a pas hésité à sacrifier la tradition slavonne à la tradition polonaise. Le polonais est ainsi devenu la source presque unique du vocabulaire abstrait de l'ukrainien, à peu près comme le latin pour le français (Unbegaun).

      La langue et la civilisation ukrainiennes ont été persécutées sous le tsarisme par Pierre Ier, Catherine II (destruction de la Sitch zaporogue, 1775), Alexandre II (circulaire Valujev, 1863, et décret d'Ems, 1876) et par Alexandre III (intense russification). Un des plus grands écrivains ukrainiens, Gogol, se résignera à écrire en russe. Telle était la situation dans l'Ukraine soumise à la Russie et colonisée par elle. Mais, sur la rive droite du Dniepr, la Galicie, devenue en 1772, lors du premier partage de la Pologne, possession des Habsbourg, jouit d'une liberté relative. La Galicie fut ainsi le centre de l'ukrainisme.

      Kotliarevsky et la formation de la langue ukrainienne littéraire

      On a dit que la formation de la langue ukrainienne littéraire date du commencement du xixe siècle.

      C'est Ivan Kotliarevsky (1769-1838) qui a jeté les bases de la littérature moderne. La publication à Saint-Pétersbourg, en 1798, des trois premiers chants de son Énéide travestie en langue petite-russienne marque une date de toute première importance dans l'histoire des lettres ukrainiennes. Cette parodie en langue populaire du poème de Virgile circulait depuis longtemps en manuscrit. À l'insu de l'auteur, un mécène ukrainien, nommé Parpura, fit les frais de la publication. Dix ans plus tard, une nouvelle édition sortait des presses, toujours sans l'autorisation de l'auteur. Kotliarevsky, fort mécontent, se décida à se faire son propre éditeur, et, en 1809, les quatre premiers chants du poème voyaient le jour. Enfin la première édition complète de l'Énéide travestie, comprenant les six chants, devait paraître en 1842, soit quatre ans après la mort de Kotliarevsky.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Il s'agit d'une fantaisie de lettré dans laquelle l'auteur ne voyait – au moins au début – qu'un amusement littéraire que, de toute évidence, il ne comptait pas livrer à l'imprimeur. Ce n'est pas une traduction, mais une libre adaptation sur le ton plaisant. Sans doute le sujet en est-il le même que celui du célèbre poème latin. Mais l'œuvre de Kotliarevsky est sensiblement moins longue que celle de Virgile – six chants au lieu de douze. Le récit circonstancié qu'Énée fait à Didon (deuxième et troisième chants dans Virgile) de la ruine de Troie et de ses propres voyages a disparu. Plus d'infandum, regina, jubes, renovare dolorem... Mais c'est surtout le ton qui est tout autre. La majestueuse épopée du poète romain est effectivement « travestie » en une parodie étincelante de gaieté et d'humour. Le mérite de Kotliarevsky réside non seulement dans le fond, mais aussi dans la forme de son œuvre. Avec lui, la langue populaire ukrainienne, telle qu'elle était parlée à l'époque, fait irruption au grand jour et acquiert ses lettres de noblesse. Ce n'est plus ce mélange parfois déconcertant et plus ou moins diversement dosé de vieux slave, de polonais ou de russe dont se servaient avant lui la plupart des écrivains, mais une langue drue et vigoureuse qui sort du terroir.

      Ainsi dans cette strophe de l'Enfer :

      Ceux qui n'avaient pas su tenir leurs femmes / En main et leur avaient lâché la bride, / Les laissant aller aux noces / Pour prendre part à la farandole / Où elles s'amusaient jusqu'à minuit / À rôtir le balai / Ils étaient là assis en chapeaux / Ornés de magnifiques cornes, / Les yeux continuellement fermés / Dans des chaudrons de soufre bouillant.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Ivan Kotliarevsky était né à Poltava dans une famille modeste de petite noblesse. De 1780 à 1789, il fut élève d'un séminaire où il se familiarisa avec les littératures anciennes et apprit l'allemand et le français. Il y manifeste déjà son goût pour la poésie... Précepteur dans des familles de propriétaires fonciers, il entra ensuite dans l'armée (1796-1808) et prit sa retraite avec le grade de capitaine. Devenu directeur du théâtre de Poltava, il y fit jouer en 1819 deux pièces en ukrainien, Nathalie de Poltava et Le Soldat magicien qui, chaleureusement accueillies, sont toujours au répertoire.

      La première a servi de thème à un opéra, fort connu en Ukraine, du célèbre compositeur Lysenko. C'est une opérette en deux actes qui retrace l'histoire de Nathalie, jeune fille pauvre qui aime Pierre. Sa beauté lui attire bien des prétendants riches et titrés, mais, malgré l'insistance de sa mère, elle reste fidèle au souvenir de Pierre dont les prétendants soutiennent qu'il a mal tourné et qu'il l'a oubliée. Sur ce arrive Pierre. Les prétendants finissent par renoncer à leurs sombres desseins et Pierre épouse Nathalie.

      Le xixe siècle

      Passant délibérément sous silence des écrivains qui ne furent pourtant pas sans mérite, on ne retiendra, au xixe siècle, que Taras Chevtchenko, Marko Vovchok, Lesja Oukraïnka, Kotsubynsky et Ivan Franko, et, au xxe siècle, Ivan Bahrianyi, Oles Hontchar et Ivan Dratch.

      Taras Chevtchenko

      Une place particulière doit être réservée au grand écrivain national de l'Ukraine, Taras Chevtchenko (1814-1861), peintre et poète, patriote passionné, démocrate convaincu, ennemi acharné du tsarisme et du servage, et génial porte-parole de son peuple opprimé. Né serf dans un village du district de Zvenigorod, il manifesta très tôt des dons exceptionnels de dessinateur. Orphelin à onze ans, il fut mis en apprentissage chez un peintre en bâtiment de Saint-Pétersbourg ; il fut remarqué par un compatriote, Soshenko, jeune artiste qui suivait les cours de l'Académie des beaux-arts. Plusieurs amis de Soshenko s'intéressèrent à son sort et, en 1838, Chevtchenko fut affranchi.

      Dans le domaine littéraire, la notoriété lui vint avec la publication, en 1840, du célèbre Kobzar, petit recueil de huit poésies qui marque une date dans l'histoire de la langue et de la littérature ukrainiennes. Le kobzar est un chanteur populaire, une sorte d'aède, qui s'accompagne sur la kobza, instrument de musique primitif assez semblable à une guitare. Le succès donna des ailes au jeune maître et, de 1841 à 1847, il compose sans pouvoir toujours les publier un grand nombre de poèmes en ukrainien et en russe ; en 1841, paraissent Les Hajdamaques, poème qui relate l'insurrection des paysans ukrainiens contre la Pologne en 1668 ; en 1844, paraît Hamalija qui raconte un coup de main des Cosaques sur Constantinople. En revanche, le poème intitulé Le Rêve, écrit en 1844, ne devait être publié pour la première fois qu'en 1865, à Léopol en Galicie. Il reste interdit en Russie jusqu'à la révolution de 1905, mais des copies en circulaient sous le manteau. C'est une violente attaque contre la politique des tsars en Ukraine : Pierre Ier et Catherine II y sont associés dans la même malédiction.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      L'Hérétique ou Jan Hus est un chant à la gloire du martyr de Constance et un cri de haine à l'égard de l'Église romaine. Le poème s'ouvre par une attaque contre les Germains et un appel à la solidarité des peuples slaves. Resté en manuscrit et considéré comme perdu, l'Hérétique ne devait être publié dans son texte intégral qu'en 1906, quand on le retrouva dans les archives de la Sûreté générale, parmi les papiers saisis par la police au domicile de Chevtchenko lors de sa première arrestation.

      Trois autres poèmes célèbres : le Caucase, l'Épître amicale à mes compatriotes morts, vivants et à naître qui se trouvent en Ukraine ou ailleurs, le Testament, tous trois écrits en 1845, ne devaient paraître qu'en 1859 à Leipzig. Le premier est une vive attaque contre l'impérialisme russe dans son effort pour soumettre les populations du Caucase et pour russifier les allogènes ; le second prodigue aux Ukrainiens des conseils de dignité et de fermeté devant les Allemands (et aussi des reproches sarcastiques). Quant au Testament, il demande aux amis du poète de l'inhumer dans la terre natale, mais il contient aussi des appels à la révolte : Enterrez-moi et levez-vous ! / Brisez vos chaînes ! / Et du sang impur des ennemis / Baptisez la liberté !

      Le Testament est devenu l'hymne national ukrainien.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      En 1845, ayant terminé ses études à l'Académie des beaux-arts, Chevtchenko retourne en Ukraine. Cette reprise de contact avec les masses paysannes, le spectacle des exactions et de l'arbitraire, dont les propriétaires fonciers, russes ou polonais, se rendaient coupables, ne pouvaient que renforcer le poète dans ses convictions à la fois patriotiques et révolutionnaires.

      Cependant un terrible orage allait fondre sur la tête du malheureux Taras. Un certain nombre de jeunes intellectuels ukrainiens, l'historien Nicolas Kostomarov, le futur romancier et publiciste Kulish, le juriste Hulak et quelques étudiants de l'université de Kiev, avaient fondé, en janvier 1847, une société secrète qui devait par la suite être désignée sous le nom de Confrérie des saints Cyrille et Méthode. Cette société se donnait pour tâche de libérer les nationalités slaves de la domination étrangère, de les unir par un lien fédératif, d'abolir toutes les formes d'esclavage, de supprimer tous les privilèges de classe, d'assurer la tolérance religieuse, la liberté de la pensée et de la presse.

      C'est au printemps de 1846 que Chevtchenko fait la connaissance de Kostomarov. Ses vues sont plus radicales que celles de son nouvel ami et de la plupart de leurs camarades. Pour répandre les idées de la Confrérie, Kostomarov composa, à l'imitation du Livre du peuple polonais et du pèlerinage polonais de Adam Mickiewicz, une brochure de propagande : Le Livre de la Genèse du peuple ukrainien, suite de versets à la manière biblique qui retrace à grands traits les diverses étapes de l'histoire de l'Ukraine. L'influence de l'Histoire des Ruthènes y est sensible dans la partie proprement historique. Si Kostomarov a tenu la plume, Le Livre de la Genèse n'en est pas moins le fruit d'une collaboration avec Chevtchenko.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Dénoncés à la fin de 1846 par un étudiant de la faculté de droit de Kiev, les membres de la Confrérie furent arrêtés et transférés à Saint-Pétersbourg. Ils furent condamnés à des peines diverses, généralement faibles, sauf Chevtchenko sur lequel s'appesantit la poigne de Nicolas Ier. Le poète fut tenu pour le représentant de la tendance extrémiste au sein de la Confrérie. Il lui était de plus reproché d'avoir écrit « des vers subversifs ». Il fut incorporé comme simple soldat au régiment d'Orenbourg « sous une surveillance très étroite » avec interdiction d'écrire et de dessiner. « Satan lui-même, a écrit Chevtchenko, n'aurait pas imaginé un jugement aussi froid, aussi inhumain. » Dans son Journal, il remarque que le païen Auguste n'interdit pas à Ovide de lire et de dessiner, et qu'un chrétien le lui interdit, à lui Chevtchenko !

      En 1855, à la mort de Nicolas Ier, les amis du poète s'efforcèrent de le faire bénéficier de l'amnistie traditionnellement accordée au début d'un nouveau règne. Ils ne l'obtinrent qu'en 1857. Diminué physiquement par ses longues épreuves, mais resté très ferme dans ses convictions, Chevtchenko mourut à Saint-Pétersbourg en 1861.

      Marko Vovtchok

      Marie Vilinskaia (1834-1907) née dans le gouvernement d'Orel était issue d'un milieu cultivé. En 1851, elle épousa un ethnographe ukrainien Aphanasy Markovych, ancien membre de la Confrérie des saints Cyrille et Méthode, qui, amnistié, fut nommé professeur de géographie à Nemirov. C'est dans cette petite ville ukrainienne qu’elle composa ses Récits populaires, qu'elle devait publier sous le pseudonyme, destiné à devenir célèbre, de Marko Vovtchok (« le louveteau »). Ces onze récits eurent le plus vif succès. Chevtchenko, qui venait de rentrer d'exil, les salua avec enthousiasme et Ivan Tourgueniev écrivit une préface élogieuse à la traduction russe.

      Marko Vovčok a vécu une grande partie de sa vie à l'étranger, en Angleterre où elle rencontra Alexandre Ivanovitch Herzen, en Italie où elle vit Mikhail Bakounine, en France où elle fréquenta Tourgueniev et L Tolstoï ainsi que les émigrés russes et polonais. À Paris, grâce à Tourgueniev, elle entra en relation avec Pauline Viardot, Gustave Flaubert, George Sand et Jules Verne dont elle traduisit plusieurs œuvres en russe. Les Lettres de Paris donnent un tableau pittoresque de la France du second Empire et méritent d'être mieux connues.

      Lessia Oukraïnka

      Larissa Kossatch (1871-1913) est devenue célèbre sous le nom de Lessia Oukraïnka. Née dans une famille de nobles appauvris, mais cultivés, musicienne et extrêmement douée pour les langues, elle fut atteinte de tuberculose dès l'âge de vingt ans. Elle continua pourtant ses études dans sa famille et devait plus tard traduire en ukrainien plusieurs œuvres de Byron, Mickiewicz, Gogo', Heine, Hugo. Pour rétablir sa santé, elle vécut longtemps en Géorgie, puis en Italie à San Remo, de nouveau en Géorgie, en Crimée et finalement en Égypte. Ce dernier pays lui inspira un recueil de poésies, Printemps en Égypte, 1910), et un grand poème allégorique, Inscription dans les ruines (1904) où, sous le visage des pharaons Thoutmès et Ramsès, elle a en réalité en vue les tsars russes. C'est en Géorgie qu'elle devait mourir.

      Les thèmes civiques dominent dans son œuvre poétique et théâtrale : Contra spem spero (1890), Sur les ailes des chants (1893), Verbe, pourquoi n'es-tu pas acier (1896).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Son drame le plus connu s'intitule Dans les catacombes (1905). L'action se déroule à Rome, au iie siècle de notre ère, au milieu des premiers chrétiens, persécutés par les empereurs. La figure centrale est un néophyte, un esclave qui croit d'abord naïvement, puis se juge trompé par son évêque, discute avec lui, voit la « fausseté » de la doctrine chrétienne et va rejoindre les rangs d'une bande de révoltés. En raison de ses tendances antireligieuses, ce drame est resté au répertoire des théâtres soviétiques ukrainiens.

      Mykhaïlo Kotsubynsky

      Avec Mykhaïlo Kotsubynsky et Franko, on entre plus avant dans le xxe siècle. La révolution de 1905 fut bénéfique au mouvement national ukrainien qui, dans le désordre général, marqua quelques points. Les relations avec la Galicie furent plus fréquentes. Mais, dès 1907, la réaction se fit durement sentir.

      Fils d'un petit fonctionnaire, Mykhaïlo Kotsubynsky (1864-1913), séminariste révolutionnaire, puis instituteur, eut la chance d'entrer en relation avec Gorki et de bénéficier de son appui, lequel n'était pas négligeable dans le milieu littéraire.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      En 1903 parut la première partie de son œuvre la plus connue, Le Mirage, à laquelle il donna, en 1910, une suite inspirée par la révolution de 1905 et fortement influencée par la propagande des marxistes russes.

      Autorisé à se rendre à l'étranger pour se soigner, Kotsubynsky rencontra à Capri Gorki qui, dit-il, le reçut à bras ouverts. Une grande amitié naquit entre les deux écrivains que rapprochaient leurs communes convictions politiques. Gorki aida Kotsubynsky à publier ses œuvres – en traduction russe – dans la revue Savoir (Znanie) qu'il dirigeait.

      En 1903, l'écrivain ukrainien prononça un discours courageux à l'inauguration, à Poltava, d'un monument à la mémoire de Kotliarevsky. Cette inauguration, à laquelle assistaient plusieurs écrivains russes et ukrainiens, prit l'allure d'une manifestation contre la politique tsariste opposée à l'emploi de la langue ukrainienne.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Son œuvre la plus connue grâce à l'admirable film de Paradjanov, Les Ombres des ancêtres oubliés, présenté au public mondial sous le titre des Chevaux de feu, a reçu des spectateurs et de la critique unanime un accueil enthousiaste (1966).

      Kotsubynsky mourut à Chernihiv où il est enterré, et où un monument lui a été élevé en 1955.

      Ivan Franko

      Par son activité scientifique et littéraire, le Galicien Ivan Franko (1856-1916) est, après Chevtchenko, la plus grande figure de la littérature ukrainienne et du mouvement national.

      Savant, écrivain, romancier, poète, dramaturge, critique, éditeur de revues, homme politique, Franko étonne par la multiplicité de ses dons et par sa prodigieuse activité.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Né en Galicie dans le district de Boryslav, fils d'un forgeron, Franko publia ses premiers vers dans une revue d'étudiants, en 1874. Il suivit les cours de la faculté des lettres de Lviv (Lemberg à l'époque), mais arrêté en même temps que les autres membres de la rédaction de la revue, il dut abandonner ses études. Il devait les reprendre beaucoup plus tard à l'université de Vienne en 1893, sous la direction du grand slaviste Vatroslav Jagich, et soutenir sa thèse de doctorat sur Ivan Vychensky et ses œuvres (1895). Mais, en raison de ses opinions politiques, il n'obtint jamais une chaire de professeur. Son œuvre proprement littéraire est considérable et comprend des poèmes, Hauteurs et bas-fonds (1887), La Mort de Caïn (1889), Mon Émeraude (1898), Moïse (1905), ainsi que des nouvelles. D'une culture encyclopédique, il est considéré par ses compatriotes comme un homme de génie, le plus grand que la Galicie ait donné à l'Ukraine.

      — Georges LUCIANI

      La littérature du xxe siècle

      À l’approche du xxe siècle, l’Ukraine, divisée entre deux empires, russe et austro-hongrois, voit sa littérature consolidée par les efforts de folkloristes et d’ethnographes, d’historiens et d’hommes de théâtre qui ont œuvré tout au long du xixe siècle, constituant ce que Miroslav Hroch, dans Social Preconditions of National Revival in Europe (1985), appelle la première étape de construction nationale pour les « petits » peuples d’Europe, celle qui éveille la conscience nationale et prépare les revendications politiques.

      L’aspiration à la modernité

      Le xxe siècle, qui se révèlera dramatique pour l’Ukraine, s’annonce alors comme une grande promesse : le mouvement national prend de la force et sa littérature est en pleine expansion. Aux côtés des auteurs réalistes s’affirment les modernistes qui ne veulent pas tant se défaire de la charge portée par leurs prédécesseurs que la porter autrement. En effet, en absence d’un État, la littérature, avec la recherche historique, est l’unique lieu où s’exprime l’identité ukrainienne. Les écrivains se présentent comme ses détenteurs privilégiés.

      Le modernisme a permis l’introduction de nouveaux sujets dans une littérature jusque-là plutôt tournée vers la réalité paysanne. Il se manifeste au tournant des deux siècles, touchant l’œuvre tardive d’auteurs majeurs, tels que Ivan Franko, Lessia Oukraïnka (Chanson sylvestre, 1911 ; Boïarynia, 1913 ; Chevalier de pierre, 1912), tandis que que Mykhaïlo Kotsubynsky, s’éloignant du réalisme ethnographique, tend vers l’impressionnisme avec La Fleur du pommier (1902), Intermezzo (1908) et Les Ombres des ancêtres oubliés (1911).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      C’est aussi l’époque des traductions en ukrainien qui, tout en enrichissant la langue, permettent d’accéder au patrimoine littéraire universel. Cette progression est favorisée par l’abandon, à la suite de la révolution de 1905, de l’interdiction des publications en langue ukrainienne et par un certain relâchement de la censure en Russie.

      Aux côtés des « coryphées » (I. Netchouï-Levytsky, I. Karpenko-Kary, P. Myrny, B. Hryntchenko), grandit une nouvelle génération d’écrivains et de poètes regroupés, entre autres, autour du mensuel Ukraïnska khata, édité à Kiev entre 1909 et 1914, et où ont débuté ou publié tous les auteurs importants de l’époque : M. Vorony, P. Tytchyna, M. Rylsky, V. Svidzinsky, O. Oles, H. Tchouprynka, I. Lypa, V. Vynnytchenko. Le talent de beaucoup d’entre eux va éclore avec la chute de l’empire tsariste et la révolution ukrainienne. Le destin de la plupart de ces écrivains, cependant, fut brisé par le régime stalinien, laissant un gouffre béant dans la culture ukrainienne, empêchant sa transmission et faisant disparaître pour une longue période certains noms et, parfois à jamais, certaines œuvres, détruites en même temps que leurs auteurs. Les recherches modernistes et l’orientation vers l’Europe impulsées dans la première quinzaine du xxe siècle se feront encore sentir dans la création pendant un long moment.

      Dans l’empire austro-hongrois, en Galicie, actuelle Ukraine occidentale, où la culture ukrainienne venait souvent se protéger des persécutions tsaristes, le début du siècle est marqué par un groupe de jeunes auteurs symbolistes, appelé Moloda Mouza (« La jeune muse ») avec O. Loutsky, O. Touriansky, M. Yatskiv, V. Patchovsky, V. Birtchak, P. Karmansky, etc. Une place particulière revient au nouvelliste et activiste Vassyl Stefanyk (1871–1936), membre de Pokoutska triïtsia (« Le trio de Pokouttia », avec les écrivains L. Martovytch et M. Tcheremchyna). Recourant au dialecte local, il dépeint la vie et les préoccupations du peuple (comme l’émigration au Canada dans La Croix de pierre, 1899).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Originaire de Bucovine, également partie de l’Autriche-Hongrie, Olha Kobylianska (1863–1942) est une autre grande figure. Son œuvre est à la jonction de deux courants, réaliste et moderniste. Auteur du roman social La Terre (1901), elle a été parmi les premières féministes dans la littérature ukrainienne, avec La Valse mélancolique (1894) et Tsarivna (1895).

      Un des écrivains et dramaturges les plus populaires du début du xxe siècle, Volodymyr Vynnytchenko (1880-1951) fut aussi un des chefs de la république populaire d’Ukraine (1917-1920). Déçu par l’échec de la révolution, il s’établit dans le sud de la France où il continue à écrire romans et pamphlets. Remarqué dès la publication de son recueil La Beauté et la Force (1902), il est l’auteur du premier roman de science-fiction ukrainien – La Machine solaire (1928) – et de nombreuses pièces de théâtre : La Panthère noire et l’ours blanc (1911), Le Mensonge (1910), etc. Néoréaliste à ses débuts, son style glisse vers l’impressionnisme et sonde la psychologie de ses personnages. Les œuvres de Vynnytchenko furent admirées et discutées en Ukraine jusque dans les années 1930 lorsque, déclaré « ennemi du peuple », il se vit proscrit par le régime soviétique jusque dans les années 1990.

      Les Clarinettes solaires (1918), premier recueil de Pavlo Tytchyna (1891-1967), apporte un souffle nouveau à la poésie. Considéré comme une version ukrainienne du symbolisme, son style aux assonances lumineuses a été baptisé « clarinettisme ».

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Après l’échec de l’indépendance ukrainienne et l’instauration du pouvoir soviétique, certains écrivains quittent l’Ukraine, tandis que d’autres s’engagent dans la construction d’une Ukraine soviétique ou adoptent une position attentiste.

      De la politique d’ukrainisation à la Renaissance fusillée

      Désireuse, dans le but de gagner l’adhésion des différents peuples, de prendre le contrepied de la politique tsariste russificatrice, l’URSS va engager une politique en faveur des langues et des cultures nationales, dite d’« enracinement ». Menée entre 1923 et 1932, la politique d’ukrainisation a ainsi favorisé une véritable effervescence culturelle, scientifique et éducative, dont témoignent les travaux de l’Académie des sciences, le développement de la presse, du théâtre, du cinéma et de la littérature.

      Les écrivains et les poètes se regroupent dans des formations littéraires en fonction de leur style ou de leur localisation. Parmi les plus importantes : Lanka (devenu MARS – Atelier de la parole révolutionnaire –, avec V. Pidmohylny, H. Kosynka, Y. Ploujnyk, B. Antonenko-Davydovytch, T. Osmatchka, I. Bahriany), de Kiev ; Hart(devenu VAPLITE – Académie libre de la littérature prolétarienne –, avec V. Ellan-Blakytny, V. Sosura, M. Khvylovy, M. Johansen, O. Dovjenko, P. Tytchyna), de Kharkiv (capitale de l’Ukraine jusqu’en 1934) ; Plouh (« charrue » – union des écrivains paysans –, avec A. Holovko, P. Panch, D. Houmenna) ; la Nouvelle génération, qui rassemble les futuristes (M. Semenko, H. Chkouroupiy, O. Vlyzko). Mentionnons également les « néoclassiques » M. Zerov, M. Rylsky, P. Fylypovytch, M. Draï-Khmara, O. Bourhardt (Y. Klen).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Idéalistes, animés d’une fièvre créatrice et jouissant de la relative liberté des premières années du régime, ces écrivains vont expérimenter, dénoncer l’approche productiviste de la littérature et débattre de l’avenir de l’Ukraine, une des grandes questions étant le lien avec la littérature russe et le monde. Le chef de file de VAPLITE, Mykola Khvylovy (1893–1933), auteur de plusieurs pamphlets appelant à se détourner de Moscou pour se tourner vers « l’Europe psychologique », est à l’origine de ce débat qui lui attire les foudres de Staline. Écrivain et publiciste, communiste convaincu, il est une figure de proue de la prose ukrainienne postrévolutionnaire. Dans ses œuvres littéraires, il soulève la question de l’individu dans la révolution, celle aussi de la déception postrévolutionnaire (Les Bécasses de bois, 1927), et souligne la dichotomie entre les idéaux et les méthodes (Moi [Romantique], 1924). Dans ses pamphlets et articles, la place de l’Ukraine dans la nouvelle Union soviétique est centrale (Quo Vadis, 1925 ; Les Pensées à contre-courant, 1926 ; L’Ukraine ou la Petite Russie, 1926). Témoin de la famine qui dévaste les campagnes, pressentant les répressions à venir et ulcéré par l’arrestation de son ami M. Yalovy, il met fin à ses jours en ultime geste de protestation.

      Les répressions au lendemain des suicides de M. Khvylovy en mai et de M. Skrypnyk (commissaire à l’Éducation, responsable de l’ukrainisation) en juillet 1933 sonnent le glas de la politique d’ukrainisation. Dans les mois et les années qui suivent, presque toutes les personnalités des milieux culturels seront arrêtées, accusées d’appartenir à des organisations contre-révolutionnaires, et pour la plupart fusillées ou condamnées à des peines de prison ou de travaux forcés. Les membres de tous les groupements littéraires, des nationaux-communistes engagés dans la construction du nouvel État aux néoclassiques, éloignés de la politique, ont été emportés dans la tourmente.

      Si le destin d’un certain nombre d’entre eux reste inconnu, plusieurs dizaines d’hommes de lettres ukrainiens ont été fusillés en novembre 1937, sur les îles Solovki ou dans la forêt de Sandarmokh, en l’honneur du vingtième anniversaire de la révolution d’Octobre. Y ont trouvé la mort Valérian Pidmohylny (auteur de La Ville, 1928, considéré comme un des premiers romans urbains ukrainiens, et d’Un petit drame, 1930) ; le dramaturge Mykola Koulich dont les pièces, montées au théâtre Berezil en collaboration avec le metteur en scène Les Kourbas, fusillé au même moment, ont modernisé la scène ukrainienne (Malachi venu du peuple, 1927 ; Myna Mazaïlo, 1929 ; La Sonate pathétique, 1929 ; Maklena Grasa, 1933, qui dépeignaient la lutte révolutionnaire et les contradictions de la société soviétique) ; Mykola Zerov poète néoclassique, critique littéraire et traducteur de la poésie antique. Le milieu artistique ukrainien qui a subi cette répression a reçu l’appellation de Renaissance fusillée, reprenant le titre du recueil devenu la référence sur cette période, constitué à Paris par Y. Lavrinenko sous l’impulsion de la revue Cultura de J. Giedroitz.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Ceux qui ont survécu l’ont fait au prix de leur talent, de la négation de leurs engagements passés et du renoncement à leurs idéaux (P. Tytchyna, V. Sosura, Y. Yanovsky, M. Rylsky). Rares sont ceux qui ont pu s’échapper à temps (Y. Klen), revenir des camps (B. Antonenko-Davydovytch) ou dénoncer la terreur en s’exilant (I. Bahriany). Le réalisme socialiste et l’autocensure sont devenus, dès lors, le lot des écrivains ukrainiens soviétiques, asséchant et uniformisant une création encadrée par le parti et son appareil répressif. Les œuvres des écrivains qui ont émergé ou créé à cette époque intéressent désormais surtout les historiens. De cette période date le penchant pour les grandes fresques historiques et l’introduction d’un nouveau thème : l’amitié entre les peuples russe et ukrainien, un rôle dirigeant revenant au premier.

      Un certain assouplissement eut lieu pendant la Seconde Guerre mondiale : évacués pour la plupart vers l’Oural, quand ils n’étaient pas en première ligne, les écrivains furent mis à contribution par le biais d’une radio diffusant en ukrainien pour le front. Dans cette optique, en 1943, l’auteur de pamphlets humoristiques Ostap Vychnia fut libéré du Goulag. En 1944, V. Sosura a composé Aimez l’Ukraine, poème qui lui valut après la guerre d’être accusé de « nationalisme bourgeois ».

      Le temps de l’exil

      Quant aux écrivains qui ont fui l’Ukraine à l’instauration du pouvoir soviétique et qui ont produit en Europe entre les deux guerres, ils sont entrés dans l’histoire comme l’École de Prague, lieu de résidence de la plupart d’entre eux (Y. Malanuk, L. Mossendz, O. Oljytch, O. Teliha). Marqués par l’échec de la révolution dont ils avaient été des acteurs actifs, meurtris par les nouvelles qui leur parvenaient d’Ukraine, ils pressentaient l’arrivée d’une nouvelle catastrophe tout en résistant aux tentations totalitaires et en défendant la liberté de création : leur œuvre est empreinte de douleur et de tristesse. Au même moment en Pologne, Oulas Samtchouk (1905-1987) crée sa trilogie Volhynie (1932-1937) et le premier roman consacré au Holodomor (la grande famine), Maria (1934) ; et le poète Bohdan-Ihor Antonytch (1909-1937) vient enrichir le modernisme ukrainien.

      Les écrivains qui sont parvenus à quitter l’URSS après la guerre ont fondé dans les camps pour les personnes déplacées (DP) en Allemagne un Mouvement artistique ukrainien (MUR, 1945-1948), doté d’une maison d’édition, appelée Prométhée. I. Bahriany, Y. Cherekh, V. Barka, Y. Malanuk, O. Samtchouk, D. Houmenna, discutant de la modernisation de la littérature ukrainienne dans le monde d’après-guerre, soulignent la nécessité de lui donner une place dans l’art universel. De cette génération se détachent Ivan Bahriany (1906-1963), auteur des romans sur le régime soviétique, dont Le Jardin de Gethsémani (1950), et Vassyl Barka (1908-2003), qui écrivit un important roman consacré à la grande famine, Le Prince jaune (1963).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Dans les années 1950 se crée le Groupe de New York, réunissant les poètes modernistes de l’émigration qui privilégiaient les valeurs esthétiques par rapport aux thèmes politiques ou sociaux : B. Boytchouk, Y. Tarnavsky, B. Roubtchak, V. Vovk, R. Baboval, etc. Le groupe éditait une revue annuelle Les Nouvelles Poésies. Emma Andievska, poétesse, écrivaine et peintre surréaliste, lui a appartenu un temps.

      Un lent dégel

      La déstalinisation a été plus tardive en Ukraine qu’à Moscou et, si elle a permis aux auteurs tels que M. Rylsky ou M. Bajan de connaître une renaissance, P. Tytchyna n’a pu relever la tête. Les écrivains qui avaient connu la guerre, même si leurs textes restaient proches du réalisme socialiste, étaient marqués par l’autocensure ou s’attachaient à des sujets historiques selon le canon autorisé de la lutte des classes et de l’amitié des peuples, soulevaient des questions dérangeantes et étaient porteurs d’une certaine vérité (M. Stelmakh, O. Hontchar, H. Tutunnyk, L. Pervomaïsky, O. Dovjenko). Une relative liberté, la réapparition des noms et des œuvres des auteurs disparus dans les purges staliniennes, même si elle fut partielle, ainsi que le retour des camps, ont permis la naissance d’un esprit nouveau, celui de la génération des années soixante (chistdessiatnyky). Ayant grandi dans une atmosphère de dénonciation du culte de la personnalité, ces jeunes auteurs – essentiellement poètes – se distanciaient de leurs pères, alors que les errances créatrices des protagonistes de la Renaissance fusillée leur servaient d’exemples.

      Ivan Dratch était considéré comme la plus grande promesse de cette génération à la publication de son poème Un couteau dans le soleil (1961) et de son premier recueil Le Tournesol (1962). Poète, traducteur et scénariste, il a contribué au cinéma poétique ukrainien (Paradjanov, Ilienko, Ossyka), mais a été amené à faire son autocritique en 1966. En 1988, il publie un des premiers poèmes consacrés à Tchernobyl, aux accents bibliques : La Madone de Tchernobyl.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Vassyl Symonenko (1935-1963), figure marquante de cette génération, s’était engagé, aux côtés du peintre Alla Horska et du metteur en scène Les Tanuk, dans la dénonciation des crimes du NKVD, symbolisés par les fosses communes dans les environs de Kiev, à Bykivnia. Mort prématurément, il laisse des recueils poétiques d’un grand courage et sens civique, avec pour fil rouge l’amour de l’Ukraine : Silence et Tonnerre (1962), L’Attraction terrestre (1964) et Le Rivage des attentes (1965).

      L’œuvre poétique de Lina Kostenko contient aussi bien des poèmes lyriques (Rayons de la terre, 1957 ; Les Voiles, 1958 ; Les Pérégrinations du cœur, 1961), que des poèmes historiques nourris d’allusions politiques (Maroussia Tchouray, 1979 ; Berestetchko, 1999). Accusée d’apolitisme et réduite au silence pendant la stagnation brejnevienne, elle a continué à écrire sans être publiée, jouissant toujours d’une grande popularité. Son roman Journal d’un fou ukrainien (2010) a connu un vrai succès d’édition.

      Il convient de mentionner également les poètes A. Vinhranivsky (1936-2004), V. Holoborodko dont le premier recueil, en raison de la censure, n’a été publié qu’en 1988, D. Pavlytchko, I. Kalynets et l’écrivain Y. Houtsalo (1937-1995).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Porté par ce souffle nouveau, Oles Hontchar (1918-1995) publie en 1968 La Cathédrale, roman où le destin d’une famille ukrainienne lui permet d’évoquer le glorieux passé cosaque, personnifié par une église en bois qui trône au milieu d’un bourg, comme une promesse d’avenir. Jugé nationaliste et retiré des librairies, le livre ne put reparaître qu’à la fin des années 1980.

      La réaction ne s’est pas faite attendre. Dès 1965, les arrestations dans les milieux ukrainiens poussent I. Dzuba, V. Stous et V. Tchornovil à protester publiquement lors de la première du film de S. Paradjanov Les Ombres des ancêtres oubliés. Un an plus tôt, un incendie a ravagé l’Académie des sciences de l’Ukraine. Protestant contre la politique de russification qui, par vagues successives, réduisait le champ d’utilisation de la langue ukrainienne, le critique littéraire Ivan Dzuba publie un pamphlet, L’Internationalisme ou la Russification (1965). La vague d’arrestations de janvier 1972 touche une centaine de personnes, dont le critique littéraire Ivan Svitlytchny (1929-1992), véritable âme des chistdessiatnyky, ainsi que le philosophe Yevhen Sverstuk (1928-2014), auteur de l’essai Une cathédrale en échafaudage (1970) qui, dans le sillage de La Cathédrale de Hontchar, prolonge et approfondit la réflexion sur le sort de l’Ukraine. Ils seront condamnés à des peines de prison pour agitation et propagande antisoviétique.

      Vassyl Stous (1938-1985), poète, essayiste et traducteur, occupe une place à part dans la dissidence ukrainienne. D’un immense talent combinant la poésie traditionnelle ukrainienne et la poésie européenne, son œuvre a été partiellement perdue dans les camps. De caractère entier et sans compromission, il meurt dans un camp à l’époque de Gorbatchev. Il est l’auteur d’essais littéraires sur Tytchyna (Le Phénomène d’une époque) et Svidzinsky (Une Floraison disparaissant) et des recueils de poésies Les Arbres en hiver (1970), Cimetière joyeux (1971) et Palimpsestes (1977).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      La période de stagnation brejnevienne est marquée par un intérêt pour la fiction historique (P. Zahrebelny) et l’apparition d’une « prose chimérique », mêlant la réalité et l’imagination (R. Ivanytchouk, Y. Chevtchouk, V. Zemliak, V. Drozd).

      Aussi bien I. Dratch que D. Pavlytchko, O. Hontchar et I. Dzuba reviennent sur le devant de la scène politique au moment de la perestroïka, assurant une continuité générationnelle et spirituelle avec l’Ukraine qui allait naître sur les décombres de l’URSS.

      Reconquête d’une identité

      Alors que l’Union soviétique approche de sa fin, accélérée par la catastrophe de Tchernobyl survenue en Ukraine le 26 avril 1986, la littérature va au-devant des changements. Avides de découvrir les auteurs et les textes universels dont ils ont été privés par le régime, mais également tous ceux dont les noms et les œuvres ont disparu à l’époque soviétique, écrivains et poètes s’efforcent d’accompagner le mouvement de démocratisation et l’avènement de l’Ukraine indépendante. Libérée des carcans idéologiques du réalisme socialiste, la littérature s’ouvre à des sujets inexplorés, recourt à des procédés littéraires jusque-là interdits, joue avec la langue et ne recule pas devant les excès de langage.

      Dans la capitale, on relève les écrits ironiques, souvent mordants, de B. Joldak, L. Podereviansky, V. Dibrova, en prémisses de la littérature postmoderne. À l’ouest, trois jeunes poètes – Y. Androukhovytch, V. Neborak et O. Irvanets créent en 1985 le mouvement poétique Bu-Ba-Bu (burlesque, bazar, bouffonnade), inaugurant la nouvelle littérature ukrainienne, à la fois néobaroque et postmoderne, ironique, voire parodique. Le poète, écrivain et essayiste Youriy Androukhovytch est le représentant le plus connu du groupe, auteur de recueils poétiques Le Ciel et les Places (1985), Les Oiseaux et les Plantes exotiques (1991) et des romans Recréations (1992), Moscoviada (1993), Perversion (1996), Douze Cercles (2003), Mystère. À la place d’un roman (2007), etc. Son nom est lié au « phénomène de Stanislaviv » (actuelle Ivano-Frankivsk), qui désigne un groupe d’écrivains postmodernes (Y. Izdryk, T. Prokhasko, V. Yechkilev, H. Petrosaniak).

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Oksana Zaboujko, poète, écrivain, philosophe et essayiste, a marqué elle aussi la littérature de l’Ukraine postsoviétique. Son roman Explorations sur le terrain du sexe ukrainien (1996), qui analyse les relations du couple à travers les vicissitudes de l’histoire, a provoqué un grand débat et remporté un vif succès. Son Musée des secrets abandonnés (2009) évoque, à travers le destin d’une famille, l’Ukraine au xxe siècle. On lui doit également des essais critiques sur les grandes figures de la littérature, telles que I. Franko, L. Oukraïnka, T. Chevtchenko.

      Serhiy Jadan représente la génération suivante, mais aussi l’est de l’Ukraine, russifié et supposé être moins préoccupé par les problèmes nationaux. Poète et écrivain, traducteur et chanteur, il est devenu une figure centrale de la littérature ukrainienne. Le thème dominant de son œuvre poétique (Ballade sur la guerre et la reconstruction, 2001 ; Éthiopie, 2009 ; Armes à feu et armes blanches, 2012) comme de sa prose (Big Mac, 2003 ; Depeche Mode, 2004 ; Anarchy in the UKR, 2005 ; L’Hymne de la jeunesse démocratique, 2006 ; Vorochilovgrad, 2010 ; Mésopotamie, 2014), est la jeunesse postsoviétique, « lumpenisée » et perdue. La guerre dans le Donbass a pris une place croissante dans son œuvre (La Vie de Marie, 2015) et son action.

      L’œuvre de Maria Matios se nourrit de sa Bucovine natale – dont une partie fut rattachée à l’Ukraine en 1947 –, où se déroule l’essentiel de son œuvre : Daroussia la douce (2004), Nation. Une confession (2006), Presque jamais autrement (2007), Les Brodequins de la Vierge (2013). Aussi exotiques et surannés que puissent paraître ses personnages, c’est la nature humaine face aux épreuves qui l’intéresse, rendant son œuvre universelle.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      La jeune génération, plus littéraire que politique, compte notamment Lubko Deresh – dont le premier roman, Culte, écrit à l’âge de seize ans, a fait sensation – et Sophie Androukhovytch, remarquée pour Felix Autriche (2014). Les années 2000 ont révélé une pléiade d’auteurs prometteurs : N. Sniadanko, S. Povaliaeva, L. Denysenko, B. Matiache, A. Lubka, etc.

      La prose féminine grand public (I. Rozdobudko, L. Dachvar) ou plus exigeante (Y. Kononenko) se porte bien, alors que la tradition du roman mystique est poursuivie avec succès par M. Dotchynets, H. Pahoutiak et encore davantage par Y. Vynnytchouk, qui y ajoute des éléments historico-gothiques, érotiques, humoristiques et culinaires liés à Lviv, sa ville natale. Il est également l’auteur d’un des premiers romans ukrainiens sur l’extermination des Juifs d’Ukraine : Le Tango de la mort (2012).

      La guerre dans l’est du pays a modifié l’écriture. En 2014-2015, on trouve peu de romans, mais des textes courts, une production importante de chroniques et de témoignages (qui touche même les écrivains vivant de leur plume, comme A. Kourkov, M. Matios, O. Zaboujko). Avec la domination de la poésie, ce phénomène semble indiquer le besoin d’un exutoire que la littérature remplit avec plus ou moins de bonheur.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Les prix littéraires, les festivals (Meridian Czernowitz) ou les Salons du livre (Forum des éditeurs à Lviv, Arsenal à Kiev), les sites consacrés à l’actualité du livre, favorisent les nouveaux talents. La critique littéraire, réduite à l’époque soviétique à l’analyse de la conformité de l’œuvre aux principes du marxisme-léninisme, se reconstruit en s’inspirant des meilleures traditions occidentales.

      À l’heure de l’émergence d’un État-nation, la littérature, particulièrement après les événements de 2013-2014 et la guerre dans l’est du pays, est confrontée à la question de la place de la littérature de langue russe, dont le représentant le plus connu est Andreï Kourkov (Le Pingouin, 1996 ; Le Dernier Amour du président, 2004 ; Laitier de nuit, 2007 ; Le Jardinier d’Otchakov, 2010 ; Le Concert posthume de Jimi Hendrix, 2012). Dans l’Ukraine post-maïdan où l’appartenance à une nation politique transcende la question de l’origine ethnique, la solution qui semble se dessiner serait de considérer comme appartenant à la littérature ukrainienne toute œuvre dont l’auteur s’identifie à l’Ukraine, indépendamment de sa langue de création ou de son origine. Ainsi, les auteurs de langue tatare, russe et autres devraient intégrer cette littérature.

      Les défis que la littérature actuelle doit relever sont identiques à ceux de la plupart des littératures européennes : baisse du nombre de lecteurs, essor du livre numérique, etc. Si l’édition est touchée par des problèmes économiques et structurels, si la distribution en est le véritable maillon faible, l’écrivain tient encore et toujours une place de choix au sein de la société, intervenant dans la vie politique (Y. Androukhovytch, O. Zaboujko) jusqu’à se porter candidat lors d’élections (M. Matios). Lors des manifestations qui eurent lieu à Maïdan, de novembre 2013 à février 2014, la figure de Taras Chevtchenko continuait d’être une référence absolue. Cependant, forte de sa dynamique propre, intégrée au monde littéraire international grâce aux traductions et aux échanges, l’Ukraine ne devrait pas mettre longtemps à rejoindre pleinement son époque.

      — Iryna DMYTRYCHYN

      Accédez à l'intégralité de nos articles

      • Des contenus variés, complets et fiables
      • Accessible sur tous les écrans
      • Pas de publicité

      Découvrez nos offres

      Déjà abonné ? Se connecter

      Écrit par

      • : spécialiste de l’Europe centrale et orientale, ancienne correspondante à Moscou, puis conseillère culturelle à l’Ambassade de France à Kiev, collaboratrice à la revue Esprit
      • : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales
      • : directeur adjoint, Ukrainian Research Institute, Harvard University
      • : professeur de langues, littératures et civilisations slaves à l'université de Bordeaux-III
      • : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
      • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

      Classification

      Médias

      Ukraine : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Ukraine : drapeau

      Ukraine : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Ukraine : carte administrative

      Ukraine : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Ukraine : carte physique

      Autres références

      • UKRAINE, chronologie contemporaine

        • Écrit par Universalis
      • UNION EUROPÉENNE (HISTOIRE DE L')

        • Écrit par
        • 9 505 mots
        • 14 médias
        ...occidental. Cependant, le débat initié en 1964 par Charles de Gaulle, qui opposait « l’Europe européenne » à « l’Europe atlantique », reste pertinent. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, l’UE a su se comporter en puissance européenne, en adoptant des sanctions communes contre la Russie et...
      • ACIER - Économie

        • Écrit par
        • 10 178 mots
        ...une reprise, a été principalement tirée par la consommation de la Russie. En 2006, la consommation d'acier de ces pays a atteint 44,6 millions de tonnes, dont 32,8 millions de tonnes pour la Russie, 6,6 millions de tonnes pour l'Ukraine et 5,2 millions de tonnes pour l'ensemble des autres États.
      • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - L'Allemagne unie

        • Écrit par , et
        • 9 695 mots
        • 4 médias
        ...française peine à se satisfaire de l’engagement militaire a minima de l’Allemagne, notamment au Mali où la France est impliquée depuis 2013. Concernant les ambitions russes en Ukraine, la France et l’Allemagne agissent ensemble, dès 2015, pour négocier les accords de Minsk en vue de mettre fin aux affrontements...
      • BIÉLORUSSIE

        • Écrit par , et
        • 10 818 mots
        • 5 médias
        ...saisit aussi l’opportunité de renforcer sa coopération avec la Chine, en particulier dans le cadre du lancement des Nouvelles Routes de la soie, en 2013. Le président biélorusse parvient même à opérer un « retour en grâce » auprès des pays occidentaux en se posant en médiateur, en 2014 et 2015, lors de la...
      • Afficher les 51 références

      Voir aussi