BECK ULRICH (1944-2015)
Ulrich Beck est né le 15 mai 1944 à Stolp (aujourd’hui Słupsk), en Pologne ; il est décédé subitement le 1er janvier 2015 d’une crise cardiaque, à l’âge de soixante-dix-ans ans. À la fin de la guerre, sa famille s’installe en Allemagne de l’Ouest, à Hanovre, où le jeune Ulrich grandit avec ses quatre sœurs. À partir de 1966, il effectue ses études supérieures à l’université de Munich. Après avoir obtenu en 1972 un doctorat en philosophie, il se tourne vers la sociologie et les sciences politiques. Il occupe alors, de 1973 à 1979, le poste d’assistant de recherche à l’université de Munich et devient professeur de sociologie à l’université de Münster et de Bamberg. De 1992 jusqu’à sa retraite en 2009, il est professeur de sociologie et directeur de l’Institut de sociologie à l’université de Munich.
Beck est un sociologue rigoureux, mais aussi un intellectuel engagé. Outre ses activités d’enseignant et de chercheur, il participe aux débats publics et ne s’embarrasse pas des vaines polémiques. Pour un temps partisan de la « troisième voie » et conseiller de Tony Blair et du chancelier allemand Gerhard Schröder, il s’en démarque pour défendre une politique plus affirmée à gauche. Européen convaincu, il n’a cessé de militer en faveur de la construction européenne, fustigeant les eurosceptiques tout autant que la politique européenne menée par la chancelière Angela Merkel, à propos de laquelle il forge le néologisme « Merkiavel » – en référence à Machiavel. Ses derniers ouvrages, Pour un empire européen (2007) et Non à l’Europe allemande. Vers un printemps européen ? (2013), sont un plaidoyer pour « une autre Europe ».
La société du risque
Professeur de sociologie à l’université Ludwig-Maximilian de Munich à partir de 1992, Ulrich Beck enseigne également à la prestigieuse London School of Economics et à la Maison des sciences de l’homme de Paris ; il est par ailleurs Distinguished Research Professor à l’université de Cardiff en Grande-Bretagne. Il dirige la collection Seconde Modernité aux éditions Suhrkamp et anime le réseau de recherche Reflexive Modernization. Il est un des sociologues les plus célèbres de la dernière génération des sociologues allemands. C’est la publication de son livre majeur La Société du risque qui fait sa renommée et lui assure une notoriété internationale. Publié en 1986, peu après l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, l’ouvrage n’a été traduit en français qu’en 2001.
Dans le sillage des grandes figures de la sociologie allemande contemporaine, notamment Jürgen Habermas – dont il est proche – et Niklas Luhmann, il est aujourd’hui, avec Axel Honneth, Hans Jonas et Claus Offe, parmi les auteurs qui ont marqué la pensée sociologique au cours des dernières décennies. Ses réflexions, dans la lignée de Max Weber et de Karl Marx, portent sur des questions majeures, incluant le travail, les inégalités, l’environnement et la modernisation.
En tant que penseur de la modernité, Beck cherche à élaborer une théorie générale de la société. Il est convaincu que la sociologie est la réponse. Mais quelle est la question que doit se poser la sociologie ? Aujourd’hui, s’agit-il encore de la question sociale telle qu’elle s’était posée à l’aube de la société industrielle ? Non, répond Beck, car nous vivons désormais dans une société post-industrielle. Pour lui, le constat est sans appel : la société industrielle, en tant que modèle d’organisation sociale fondé sur l’interconnexion entre les classes, les sexes et la famille nucléaire, disparaît, cédant la place à un autre visage de la société. À la question : dans quelle société vivons-nous ?, Beck répond : dans la société du risque ; une société marquée par de nouveaux réseaux de relations, de nouvelles formes de sociabilité et un processus d’individualisation sans précédent. Pour cerner la[...]
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Écrit par
- Mohamed NACHI : professeur de sociologie à l'université de Liège (Belgique)
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