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ZWINGLI ULRICH (1484-1531)

La Réforme à Zurich

On date d'ordinaire de l'arrivée de Zwingli à Zurich l'adoption de la Réforme en cette ville. En fait, cet événement n'eut lieu que trois années plus tard. En 1519, Zwingli se déclara contre le renouvellement de l'alliance française, question alors à l'ordre du jour ; seul des cantons suisses, Zurich y renonça effectivement en 1521 et se trouva de ce chef isolé. Il se détacha également de l'alliance avec le pape et les Habsbourg, sous l'influence de Zwingli, dont on cite les paroles à l'adresse du cardinal Schinner, légat papal : « Retournez son chapeau [rouge], il en tombe des ducats et des couronnes ; pressez-le, il ruisselle du sang de vos fils, frères, pères ou amis. » L'entrée en scène de Luther (dispute de Leipzig, juin 1519) provoqua des remous en Allemagne méridionale et en Suisse. Zwingli lut nombre d'ouvrages de Luther et fit entrer dans sa synthèse en formation une partie des thèses luthériennes tout en leur donnant un accent propre (négation du libre arbitre, rôle de la foi dans la justification, sens plus aigu du péché : C.R., I). D'une manière plus décisive, il fit à l'occasion d'une grave maladie (la peste) l'expérience du Tout de Dieu et du néant de la créature, qu'il a chantée ensuite dans le Pestlied (1520). Faisant écho à une parole de saint Paul (Rom., ix, 20), il écrit : « Je suis ton vase, façonne-moi ou brise-moi à ton gré » ; jouet ou plutôt instrument entre les mains de Dieu, Zwingli acquiert alors une conscience plus vive de sa mission.

À la différence de Luther, il associait intimement à ses problèmes personnels le salut de son peuple (Zurich et la Confédération), avec les implications morales, sociales et politiques que cela comportait. Cette mystique de l'action sous la mouvance de l'Esprit, désormais intégré à la lettre de l'Écriture (le sola scriptura au sens zwinglien ne s'entend pas autrement), ouvre une phase nouvelle de sa carrière. On discute sur le point de savoir à quelle époque précise Zwingli passa de l'attitude de « réformiste » au sens érasmien à celle du reformatorisch au sens luthérien. La question suppose une définition de ces termes, sur lesquels les historiens ne sont pas d'accord. Un fait paraît certain, c'est que ce passage fut ressenti par Zwingli non comme une rupture, mais comme un approfondissement ; déjà Érasme lui avait révélé le Christ comme source de tout bien, la doctrine de Luther entendue comme Christusmystik (A. Adam) s'en rapprochait. Mais ce qui est proprement reformatorisch chez Zwingli, c'est l'opposition radicale entre Dieu et la créature, opposition qui l'amena à éliminer de la doctrine et du culte tout ce qu'il considérait comme adventice (inventions humaines dans les dogmes ; pratiques accessoires de piété).

Les années 1522 et 1523 marquent le tournant. Zwingli entra d'abord en conflit avec l'autorité diocésaine sur des points de discipline : abstinence (avr. 1522), célibat ecclésiastique (juill. 1522). Il soumit le litige à l'arbitrage du Conseil, qui convoqua une dispute (29 janv. 1523). Il proposa soixante-sept thèses (Schlussreden), sur quoi le Conseil confirma sa décision de l'année précédente (juill. 1522), qui autorisait la prédication sur la seule base de l'Écriture. C'était donner un blanc-seing à Zwingli. La messe comme sacrifice et le culte des saints furent l'objet d'une dispute subséquente (26-29 oct. 1523). Cependant, la crainte de complications politiques obligea d'abord à surseoir (abrogation des images en juin 1524, de la messe le Jeudi saint, en 1525). En même temps, les couvents furent supprimés, tandis que le chapitre cathédral était réorganisé (29 sept. 1523). Si césure il y a, elle se place en 1522, quand Zwingli renonça au mandat qu'il tenait de l'évêque pour se mettre[...]

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Zwingli - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Zwingli

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