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MEYFARTH ULRIKE (1956- )

Athlète allemande spécialiste du saut en hauteur, Ulrike Meyfarth présente une trajectoire sportive atypique : en 1972, elle devint à Munich, à seize ans, la plus jeune championne olympique de l'histoire de l'athlétisme ; elle connut ensuite une éclipse de plus de dix ans, puis obtint, en 1984 à Los Angeles, une seconde médaille d'or aux Jeux.

Ulrike Meyfarth est née le 4 mai 1956, dans une famille modeste. L'enfant ne se montre guère attirée par le sport jusqu'à une étonnante soirée de 1968 : ce 20 octobre, la télévision retransmet le concours de saut en hauteur des jeux Olympiques de Mexico qui voit l'Américain Dick Fosbury révolutionner la discipline avec sa technique de franchissement dorsal. Pour la gamine de douze ans, ce spectacle ne relève pas seulement du sport, il s'associe à l'acrobatie, au cirque, au jeu : elle s'essaye donc au « Fosbury Flop », pour s'amuser à franchir des barres sur le dos et à se réceptionner dans un épais tapis en mousse souple. Elle progresse d'une manière étonnante : à quatorze ans, elle franchit 1,68 mètre ; un an plus tard, elle efface une barre située à 1,80 mètre. En 1972, peu avant les jeux Olympiques de Munich, cette grande adolescente à la silhouette de liane (1,84 m, 70 kg) bat le record d'Allemagne de la discipline (1,85 m), ce qui lui vaut de participer à la fête olympique. Le 4 septembre, la foule de l'Olympiastadion assiste à un concours de saut en hauteur féminin historique et curieux. Certaines concurrentes effectuent leurs sauts en employant la classique technique du rouleau ventral ; d'autres, dont cette gamine ouest-allemande, s'essayent au « Fosbury Flop ». Sept sauteuses franchissent 1,85 mètre, mais elles ne sont que trois à effacer 1,88 mètre : l'Autrichienne Ilona Gusenbauer, recordwoman du monde ; la Bulgare Yordanka Blagoeva, capable de grandes performances ; Ulrike Meyfarth, qui a donc battu son record personnel et est assurée d'une médaille. La barre est placée à 1,90 mètre : insouciante, Ulrike, écolière sans complexe, franchit cette hauteur à son deuxième essai, alors qu'Ilona Gusenbauer échoue trois fois, tout comme Yordanka Blagoeva (à son troisième essai, la Bulgare effleure la barre, qui tombe des taquets alors qu'elle est déjà sortie de la fosse ; le jury déclare le saut manqué, une décision discutable). Le public hurle sa joie pour fêter le triomphe d'Ulrike. Mais, pour celle-ci, le concours n'est pas terminé : afin d'éviter toute polémique, elle demande que la barre soit placée à 1,92 mètre ; la collégienne, dont le corps décrit une courbe gracieuse en frôlant la barre des reins et des talons, franchit cette hauteur et égale le record du monde de Gusenbauer. Dans ce concours olympique, Ulrike a amélioré son record personnel de 7 centimètres pour obtenir la plus inattendue des médailles d'or. Son jeune âge lui permet d'envisager une exceptionnelle carrière athlétique...

Pourtant, la mécanique s'enraye : elle ne se classe que septième aux Championnats d'Europe de Rome en 1974 (1,85 m) ; aux Jeux de Montréal en 1976, elle ne parvient même pas à franchir la hauteur de qualification (1,80 m) et assiste sans combattre à la victoire de l'Allemande de l'Est Rosemarie Ackermann. Marquée par les échecs, elle ne renonce pourtant pas à la compétition et choisit de s'entraîner avec Gerd Osenberg, un technicien hors pair qui doit user de psychologie pour redonner de la joie à cette jeune femme de vingt et un ans qui se trouve en quasi-détresse. Ulrike reprend confiance, affine sa technique, franchit 2 mètres ; mais elle ne peut pas défendre ses chances aux Jeux de Moscou en 1980, car l'Allemagne de l'Ouest les boycotte à l'appel du président des États-Unis Jimmy Carter. En 1982, elle remporte le concours aux Championnats[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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