KHAYYĀM ‘UMAR (1021 env.-env. 1122)
Apprécié de son vivant dans son pays natal pour ses qualités de savant astronome, Khayyām n'a connu sa véritable vogue poétique à travers le monde – plus particulièrement dans les pays anglo-saxons – qu'à partir de 1859, année où le poète anglais Edward Fitzgerald publia son ingénieuse adaptation en vers des rubā‘iyyāt. Dès lors, une multitude de traductions faites en plusieurs langues, d'après les manuscrits découverts au fil des années, ont suscité parmi les orientalistes une somme de controverses souvent passionnées sur l'authenticité et l'interprétation de ces poèmes, mais qui sont loin d'aboutir à des conclusions définitives.
Un esprit encyclopédique
Ghiyāth al-Dīn Abū l-Fat'h Ibn-i Ibrāhīm al-Khayyāmī, plus connu sous le nom patronymique de Khayyām, qui signifie « fabricant de tentes », est né à Nīshāpūr, ville située en Khurassān, province du nord-est de l'Iran. Comme c'est également le cas de quelques autres grands auteurs classiques persans, on ignore les événements et les détails de sa vie, notamment ceux de sa jeunesse. Même les dates précises de sa naissance et de sa mort ne sont pas indiquées clairement par les historiens. Ce n'est qu'en se référant aux données biographiques de ses illustres contemporains (en particulier celles de son maître Avicenne) qu'on a pu reconstituer approximativement la date de sa naissance (1021-1022 ?) et celle de sa mort à Nīshāpūr (1122). Eu égard aux mêmes critères, les critiques ont peine à croire à la légende – rapportée par l'historien Rashīd al-Dīn – selon laquelle Khayyām, suivant les mêmes cours que Ḥasan-i Ṣabbāh, le chef de la secte des ismaéliens, et Khādja Niẓām al-Mulk, vizir du sultan saldjūḳide Alp Arslan, aurait conclu un pacte d'amitié et d'entraide avec ses célèbres condisciples. Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'il a cultivé toutes les sciences importantes de son époque : les mathématiques, la physique, l'astronomie, la philosophie et la médecine, sciences dans lesquelles il a atteint le plus haut degré d'érudition. Son autorité en astronomie fut telle qu'en 1074, lorsque le sultan saldjūḳide Djalāl al-Dīn Malik shah voulut réformer le calendrier persan, c'est à lui qu'il fit appel. À la tête d'une équipe d'astronomes de l'observatoire de Marve, Khayyām institua une ère nouvelle, appelée Djalāli (du nom du sultan), selon laquelle une année bissextile fut introduite tous les quatre ans dans l'ancien calendrier persan.
Parmi les quatorze traités et ouvrages scientifiques attribués à Khayyām, deux seulement nous sont parvenus, dont l'un traite de la valeur des postulats d'Euclide, et l'autre, plus important, de la démonstration des problèmes d'algèbre. Dans ce traité, traduit en français et en anglais, l'auteur après avoir classé systématiquement les équations du deuxième et du troisième degré (selon le nombre des termes que celles-ci contiennent) s'est efforcé de les résoudre toutes.
C'est sans doute en vertu de la valeur de cet ouvrage que, dans son Introduction to the History of Science (Washington, 1927), G. Sarton présente Khayyām comme « l'un des plus grands mathématiciens du Moyen Âge ».
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Écrit par
- Mohammad Hassan REZVANIAN : docteur d'État ès lettres, professeur de littérature comparée aux universités de Téhéran, traducteur-expert auprès de la cour d'appel de Paris
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