UMP (Union pour un mouvement populaire)
Dans un contexte de bipolarisation du système politique sous la Ve République, la droite française a, de 1978 à la fin des années 1990, été structurée autour de deux grandes forces politiques, le R.P.R. et l'U.D.F., qui avaient pendant longtemps une force comparable dans l'électorat. La lutte à l'intérieur de la coalition de droite fut féroce, chaque partenaire voulant dominer l'autre. La droite française a fortement pâti de cette situation de division interne, notamment au moment des élections présidentielles où chaque parti souhaitait avoir son candidat. La droite a donc vu s'affronter en 1974 Jacques Chaban-Delmas pour le parti gaulliste (U.D.R. à l'époque) et Valéry Giscard d'Estaing pour les républicains indépendants (le centre droite de tradition libérale), en 1981 le président sortant Giscard d'Estaing et Jacques Chirac pour le R.P.R., en 1988 Raymond Barre pour l'U.D.F. et à nouveau Jacques Chirac. En 1995, la bataille fut féroce entre deux candidats du R.P.R., deux amis de trente ans, le président du R.P.R., Jacques Chirac, candidat pour la troisième fois, et Édouard Balladur, Premier ministre sortant, en fait surtout soutenu par une partie de l'U.D.F.
La volonté de sortir de cette situation de désunion et de créer un grand parti de la droite, sur le modèle de ce qui existe dans d'autres pays européens comme l'Espagne, l'Allemagne ou l'Angleterre, était très forte à la fin des années 1990, mais les résistances aussi importantes, chacun voulant bien d'un parti unique, mais à condition de le contrôler ! C'est à la faveur de l'élection présidentielle de 2002 que Jacques Chirac, en position de force après le premier tour de l'élection présidentielle, imposa à son camp la naissance de cette union de la droite, destinée à être aussi un parti au service du président sortant et de la mise en orbite de son successeur. Avant d'étudier le mode de fonctionnement et l'idéologie de l'U.M.P., il faut revenir sur ses origines.
L'union du gaullisme, de la droite et du centre
L'U.M.P. rassemble plusieurs forces politiques qui avaient une longue tradition. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la droite traditionnelle était très affaiblie, du fait de sa collaboration avec le régime de Vichy, mais elle retrouva progressivement de la vigueur sous la IVe République, notamment autour du Centre national des indépendants et paysans (C.N.I.P.). Deux forces politiques nouvelles, fortes de leur participation à la Résistance, se structurent : le Mouvement républicain populaire (M.R.P.) et le Rassemblement du peuple français (R.P.F.). Le premier s'inspire du catholicisme social et propose une orientation politique centriste, rejetant à la fois le libéralisme classique et le socialisme. Le second rassemble les partisans du général de Gaulle, qui contestent les institutions de la IVe République et estiment qu'il faut, pour reconstruire la France, un pouvoir fort, capable de mettre au pas les partis politiques. Dès la fin des années 1940, les trois familles politiques, qui ont depuis en permanence représenté la droite et le centre de l'échiquier politique, sont donc en place : une droite qui hésite entre conservatisme et libéralisme, le centre démocrate-chrétien et le gaullisme. Ces trois courants s'opposent parfois mais savent aussi s'unir. Ainsi, en 1958, le M.R.P ; et le C.N.I.P soutiennent la politique du général de Gaulle. L'exercice du pouvoir et la fin de la guerre d'Algérie ramènent la division entre les trois acteurs.
Cependant, la logique de bipolarisation de la vie politique française, initiée par la Ve République, fait progressivement sentir ses effets : le centre, comme force politique autonome entre la gauche et la droite, cesse d'exister à partir de l'élection présidentielle de 1974. Il se[...]
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Écrit par
- Pierre BRÉCHON : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)
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