UMP (Union pour un mouvement populaire)
Courants internes et idéologie
Depuis l'élection présidentielle de 2007, le poste de président a été supprimé, probablement parce que le parti est directement contrôlé depuis l'Élysée et que la mise en place d'un nouveau président a été considérée comme risquant de construire une légitimité pour un virtuel opposant. L'U.M.P. a donc voulu mettre en place une direction collégiale, autour de deux pôles, exécutif et législatif. Le premier est animé par le secrétaire général, Patrick Devedjian, proche du président de la République, assisté par deux secrétaires généraux adjoints. Xavier Bertrand, ministre du Travail, et Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'État chargée de l'écologie, occupent ces postes depuis début avril 2008. Le pôle législatif est composé des trois vice-présidents du conseil national, le premier étant Jean-Pierre Raffarin, les deux autres Jean-Claude Gaudin, et Pierre Méhaignerie. Il est symptomatique que les fonctions dites exécutives soient tenues par d'anciens R.P.R. et par des fidèles sarkozystes, alors que les fonctions législatives le sont par des anciens du P.R. et du centre.
Relativement centralisé au niveau organisationnel, le parti reste idéologiquement composite. On peut y déceler trois courants principaux de pensée qui ne recoupent pas les anciennes frontières partisanes. Le libéralisme économique est dominant dans le parti comme il l'était déjà, non seulement au Parti républicain, mais aussi au R.P.R. qui s'y était converti après l'arrivée de la gauche au pouvoir, alors que le gaullisme était traditionnellement plutôt interventionniste et, au moins théoriquement, souvent favorable à des politiques sociales. Les idées libérales s'expriment aujourd'hui le plus fortement à travers certains clubs de parlementaires comme Génération entreprise ou les Réformateurs, qui diffusent leur pensée par différents canaux et par des groupes de pression comme Contribuables associés ou Liberté chérie...
La mouvance plus favorable aux politiques sociales est plutôt minoritaire. Elle s'exprime notamment à travers certains leaders et à travers leurs clubs, par exemple France 9, lancé par François Fillon et Nouvelle République, animé par Michel Barnier. Elle s'exprime aussi de façon plus marquée dans le club Nouveau siècle qui regroupe des fidèles du gaullisme de gauche.
La troisième mouvance, qui existait aussi déjà au R.P.R., est constituée par les souverainistes, qui rejettent la construction européenne par attachement à l'indépendance de la France. Elle a autrefois représenté une position dominante parmi les gaullistes, incarnée par exemple en 1978 dans des discours très anti-européens de Jacques Chirac. En 1990, une motion souverainiste soutenue par Charles Pasqua et Philippe Séguin recueillit un petit tiers des voix des délégués aux Assises. À l'U.M.P., deux mouvements ont incarné le souverainisme : Nation et Progrès (5 p. 100 des voix au congrès de 2004) et Debout la République, le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan, 20 p. 100 en 2004. Ce dernier a préféré rompre avec le R.P.R. en janvier 2007, trouvant ses positions trop peu reconnues.
Ainsi le mainstream idéologique des adhérents réside dans les années 2000 dans un libéralisme de principe mâtiné de quelques perspectives sociales. C'est autour de ce courant dominant que Nicolas Sarkozy construit sa conquête du pouvoir interne en 2004 et qu’il organise sa campagne électorale de 2007. C’est essentiellement sur lui également qu’il s’appuie pendant son quinquennat, à l’issue duquel il s’impose une seconde fois, en 2012, comme candidat de l’U.M.P. à l’élection présidentielle.
La défaite de Nicolas Sarkozy face au candidat du Parti socialiste François Hollande, en mai 2012, précipite l’U.M.P. dans une période de turbulence.[...]
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Écrit par
- Pierre BRÉCHON : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)
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