UN FIL À LA PATTE (G. FEYDEAU) Fiche de lecture
Un fil à la patte est une pièce en trois actes de Georges Feydeau (1862-1921) créée à Paris au théâtre du Palais-Royal le 9 janvier 1894. Après des débuts difficiles – malgré la bonne réception de Tailleur pour dames en 1886 –, Feydeau connaît enfin la réussite en 1892, avec, la même année, Monsieur chasse, Champignol malgré lui et Le Système Ribadier. Mais ce n’est rien en comparaison du triomphe d'Un fil à la patte, qui inaugure une série ininterrompue de succès, parmi lesquels L’Hôtel du libre-échange (1894), Le Dindon (1896), La Dame de chez Maxim (1899), La Puce à l’oreille (1907), Occupe-toi d’Amélie (1908), Feu la mère de Madame (1908), On purge bébé (1910), Mais n’te promène donc pas toute nue (1912)... La pièce, qui n’a guère cessé d’être jouée depuis, est considérée comme l’une des plus grandes réussites d’un genre souvent décrié, le vaudeville, dont Feydeau est le dernier et sans doute le plus brillant représentant.
Chassés-croisés et jeux de dupes
Acte 1. Fernand de Bois-d’Enghien se rend chez sa maîtresse, la chanteuse de café-concert Lucette Gautier, qui reçoit plusieurs convives à déjeuner. Il compte lui annoncer qu’il la quitte, pour épouser la jeune Viviane, fille de la baronne Duverger. Mais il ne trouve pas le courage de passer aux aveux. Surviennent deux visiteurs : la baronne Duverger, qui souhaite engager Lucette (qui entretient avec son futur gendre une relation dont elle ignore tout) pour chanter au mariage de sa fille, et Bouzin, clerc de notaire ridicule et médiocre auteur de chansons, venu proposer sa dernière création à Lucette. On apporte un superbe bouquet de fleurs anonyme. Bouzin y glisse subrepticement sa carte, avant de s’entendre répondre que sa chanson est stupide et d’être congédié. Peu après, Lucette découvre dans le bouquet une bague d’une grande valeur et... la carte de Bouzin. Celui-ci, de retour (il a oublié son parapluie), se voit soudain inexplicablement couvert d’éloges. Arrive le général Irrigua, richissime Sud-Américain exilé et fou amoureux de Lucette, qui lui a fait porter le bouquet et la bague. Lucette, flattée, repousse néanmoins ses avances au motif qu’elle n’est pas libre. Irrigua jure à Bois-d’Enghien qu’il tuera son rival : terrifié, celui-ci désigne Bouzin, qui s’enfuit.
Acte 2. L’action se déroule chez la baronne Duverger où Lucette a la surprise de découvrir Bois-d’Enghien. Après de piteuses explications, celui-ci se livre à tout un jeu de cache-cache pour ne pas se trouver simultanément en présence de Lucette et de la baronne. En vain : celle-ci révèle qu’il est fiancé à sa fille. Lucette s’évanouit. Restée seule avec son amant, elle lui annonce qu’elle va se suicider. Bois-d’Enghien, pour l’en dissuader, l’assure de son amour. Apparemment attendrie, Lucette lui glisse par jeu un épi de blé dans le cou. Bois-d’Enghien est contraint, pour l’enlever, de se déshabiller. Lucette ôte alors sa robe afin, prétend-elle, de se changer pour la soirée, et sonne. La porte s’ouvre et la baronne, sa fille et tous les autres invités découvrent les deux amants en petite tenue.
Acte 3. Nous sommes dans l’appartement de Bois-d’Enghien, plus exactement sur son palier, où il se retrouve bientôt en caleçon après que sa porte d’entrée s’est brutalement refermée. Les principaux protagonistes font leur retour : Bouzin qui apporte le contrat de mariage sans être au courant du scandale ; le général Irrigua, qui l’aperçoit et se lance à sa poursuite, toujours persuadé qu’il est l’amant de Lucette ; cette dernière, qui vient tenter de renouer le fil de sa relation avec lui et, face à son refus, fait mine de se suicider avec un pistolet… éventail ! ; Viviane, qui n’a pas renoncé à Bois-d’Enghien dont l’inconduite, loin de la choquer, l’a émoustillée ; la baronne Duverger enfin, qui cède au souhait de sa fille et consent au mariage.[...]
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
Classification
Média