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UN TEMPS D'EXUBÉRANCE, LES ARTS DÉCORATIFS SOUS LOUIS XIII ET ANNE D'AUTRICHE (exposition)

Présentée au Grand Palais du 11 avril au 8 juillet 2002, cette exposition inédite avait pour but d'offrir une vue d'ensemble des arts décoratifs en France au milieu du xviie siècle. C'était le deuxième grand rassemblement de ce type organisé par le musée du Louvre après l'exposition Un âge d'or des arts décoratifs 1814-1848, présentée en 1991 dans les mêmes espaces.

La sélection, quelque 330 pièces, surtout révélatrice du goût des princes et des élites parisiennes – encore que certaines pièces fussent d'origine plus bourgeoise ou provinciale –, était stupéfiante. Le titre de l'exposition – Un temps d'exubérance – désignait une époque de recherches foisonnantes, à la fois techniques et esthétiques, où les arts décoratifs n'obéissaient pas encore à ce grand ordre classique-baroque, omniprésent depuis les plafonds jusqu'aux espagnolettes, que Charles Le Brun allait déployer à Versailles pour le Roi-Soleil.

On aurait tort de croire cette effervescence spontanée. Comme le montrait la première partie de l'exposition, plutôt axée sur l'émergence de nouvelles typologies et de recherches techniques, le rôle du souverain et de son entourage est essentiel, tant du point de vue des choix esthétiques que des stratégies économiques. Durant ces quelque cinquante ans, le pouvoir royal, quoique souvent menacé, soutient activement la vie artistique. Dès Henri IV, des artistes et artisans sont logés aux fameuses « galeries du Louvre ». Des manufactures de tapisseries sont créées pour répondre à la concurrence étrangère, des artisans étrangers attirés en France, les métiers de tradition française sollicités. L'Académie royale de peinture et de sculpture est créée en 1648. Les souverains et les grands du royaume exercent un mécénat éclairé : l'action de Marie de Médicis, de Richelieu, de Mazarin ou encore du chancelier Séguier et de Nicolas Fouquet est dans ce domaine bien connue.

Ce qui est en jeu dans le rôle assigné à cette époque à l'ornement dans les arts décoratifs, c'est évidemment le faste et le raffinement, reflets du statut social et de la fortune du commanditaire. Diffusé par la gravure qui connaît un essor remarquable au début du xviie siècle, notamment à Paris, et fait circuler au loin les modèles, l'ornement est omniprésent : en témoignent les planches d'Abraham Bosse, de Jean Marot ou d'Antoine Le Pautre d'après des cheminées, des lambris et des plafonds réalisés pour de grands personnages et qui ainsi reproduits firent école. L'exposition présentait un bel ensemble de dessins pour des décors intérieurs – le projet de Michel Dorigny, par exemple, pour le plafond de la chambre du collectionneur Louis Hesselin – qui montraient la place éminente acquise à l'époque par l'ornement (frises, grotesques, cartouches d'armoiries, etc.) dans des ensembles décoratifs qui comprenaient souvent des peintures. Et l'on peut regretter que les commissaires n'aient pas illustré par des exemples plus concrets – hormis à travers des bordures de tapisseries – la relation, bien particulière à la France, ainsi établie entre l'encadrement ornemental et le sujet peint.

Tout aussi révélateur de cette recherche d'opulence est le développement des techniques luxueuses. Certaines sont de tradition bien française : ainsi la broderie, dont l'essor spectaculaire à Paris explique les commandes d'ornements de selle et de costumes d'apparat d'une richesse inouïe faites au milieu du siècle par la cour de Suède à des brodeurs parisiens. Dans des tentures de grande dimension comme celle du Bon Pasteur (vers 1640-1650 ; musée départemental des Antiquités, Rouen), la broderie, à l'instar de la tapisserie, rivalise même avec la peinture : on parle du reste[...]

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