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UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE, film de Ettore Scola

Ettore Scola (1931-2016), s'était imposé en 1974 avec Nous nous sommes tant aimés (C'eravamo tanto amati), qui relate l'histoire de l'Italie, de l'immédiat après-guerre jusqu'aux années 1975, à travers l'amitié de trois compagnons d'armes de la Résistance. En 1977, il reforme dans Une journée particulière (Una giornata particolare) l'un des plus célèbres duos d'acteur italiens, Sophia Loren et Marcello Mastroianni, fréquemment associés depuis les années 1950. Le film est unanimement salué pour sa direction d'acteurs et l'habileté de sa mise en scène. Derrière une évocation rapide du fascisme historique, Scola décrypte un fascisme bien plus ordinaire, au quotidien, celui d'une discrimination à l'égard des femmes et des homosexuels. Ces deux figures d'acteurs humiliés apparaissent ici à contre-pied de leur notoriété de stars.

Rome, ville découverte

Le 8 mai 1938, le Führer rend visite au Duce. Tout Rome en liesse se doit d'assister à la parade. Malgré son admiration pour Mussolini, Antonietta Tiberi est contrainte de rester chez elle pour vaquer aux occupations ménagères. Épouse et mère dévouée, elle attend le retour de son mari, fonctionnaire fasciste, et de ses six enfants partis en chemises noires dès le matin à la manifestation. La concierge écoute la radio qui retransmet avec véhémence l'événement dans la cour de l'immeuble presque désert. À la recherche de son perroquet échappé de sa cage, Antonietta frappe à la porte de son voisin Gabriele. Ce dernier, speaker de la radio nationale, a été renvoyé en raison de son homosexualité. Perdu, il songe au suicide et désire se confier. Ses propos désabusés et antifascistes choquent Antonietta, puis l'attirent irrésistiblement. Gabriele repousse ses avances. Furieuse et humiliée, elle s'enfuit puis, prise de remords, revient sur ses pas. Submergés par la passion, ils s'étreignent. Éperdue et bouleversée, elle rentre chez elle pour retrouver son mari et ses enfants au retour de la parade. Elle ne semble plus les écouter, le regard rivé à la fenêtre du voisin. La journée s'achève. Gabriele boucle sa valise. Deux policiers en civil l'attendent. Il est conduit vers un camp de déportation. Antonietta rejoint un mari indifférent et rustre dans le lit conjugal.

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Écrit par

  • : maître de conférences, sociologue à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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