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UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization)

La crise institutionnelle

À compter des années 1970, l'UNESCO entra dans une ère de déstabilisation alimentée par trois séries de turbulences.

Les résolutions anti-israéliennes de 1974

En 1974, la Conférence générale vota des textes condamnant Israël pour ses fouilles à Jérusalem ainsi que pour sa politique éducative et culturelle dans les territoires arabes occupés. Simultanément, elle prit une décision ayant pour effet pratique de priver l'État hébreu de participer aux activités régionales de l'UNESCO. La mise « hors région » d'Israël entraîna aussitôt la suspension de la contribution financière américaine et incita de nombreux intellectuels occidentaux à boycotter l'Organisation jusqu'au « rétablissement de l'universalité » de celle-ci. Une formule consistant à rattacher l'État hébreu à la région européenne fut finalement adoptée en 1976, grâce aux pays africains alors soucieux d'assurer le succès de la première Conférence générale alors organisée sur leur continent, à Nairobi.

Le nouvel ordre mondial de l'information et de la communication (NOMIC)

Déjà en expansion pendant l'ultime phase de la direction de René Maheu, le secteur de la communication occupa une place croissante dès l'entrée en fonction de A.M. M'Bow. Celui-ci se fit alors le champion d'un NOMIC visant à tempérer le principe de la liberté de circulation de l'information par celui de l'équilibre. Les Occidentaux (mais surtout les États-Unis) considérèrent d'emblée le NOMIC comme un projet attentatoire à la liberté de l'information, et ce d'autant plus que l'URSS préconisait, précisément au nom du principe de l'équilibre, le contrôle direct des médias par l'État. La convergence bloc de l'Est-Tiers Monde exacerba au plus haut point les tensions entre États membres. Ce fut dans ce contexte troublé qu'intervint, sous l'administration Reagan, la rupture américaine.

La rupture américaine

Notifié en 1983, le retrait américain devint effectif le 31 décembre 1984. Formellement, l'administration Reagan justifia son geste par les accusations de dérive antilibérale (NOMIC et droits de solidarité), de politisation (traitement partial d'Israël et appui aux mouvements de libération nationale) et de gestion déficiente (dispersion et manque de rigueur conceptuelle des programmes, bureaucratie concentrée à Paris au détriment d'une présence sur le terrain et croissance budgétaire débridée). En réalité, le retrait américain se voulait être une mise en garde à l'adresse de l'ensemble du système des Nations unies dont l'administration Reagan entendait stopper l'orientation anti-occidentale en général et anti-américaine en particulier. Le départ des États-Unis fut suivi, l'année suivante, par celui du Royaume-Uni (alors dirigé par Margaret Thatcher, sensible à l'idéologie reaganienne) et de Singapour.

Sous le double choc de la défection américaine et britannique, la 23e session de la Conférence générale (Sofia, 1985) parvint à une série de compromis sur les questions budgétaires (adoption d'un budget à croissance nulle en termes réels) et sur le NOMIC désormais présenté comme « un processus évolutif et continu ». En 1987, l'échec de la tentative de A. M. M'Bow d'obtenir un troisième mandat confirma le changement de cap de l'UNESCO.

Fin de la guerre froide et mondialisation

Frappée de plein fouet par la crise américaine, l'UNESCO sut plier sans toutefois rompre. Depuis la fin de la séparation Est-Ouest, et dans la foulée des problèmes accompagnant le développement accéléré du phénomène de la mondialisation, elle fit de la protection de la diversité culturelle et de l'éthique des sciences et de la technologie deux de ses grandes priorités. Cela se concrétisa par l'[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut universitaire de hautes études internationales, Genève
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Gondoles à Venise - crédits : Steve Allen/ Getty Images

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