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SOVIÉTIQUES UNION DES ÉCRIVAINS

Gorki - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Gorki

Le Parti communiste d'U.R.S.S. a toujours accordé une extrême importance à la littérature, secteur essentiel de la lutte idéologique. Ce n'est toutefois qu'en 1925 que le comité central estima que le parti devait soutenir les écrivains prolétariens communistes, tout en refusant l'hégémonie d'un groupement d'écrivains quel qu'il fût. Un changement qualitatif s'opère en 1932 avec la décision de dissoudre les nombreux groupements littéraires et de réunir, en une organisation unique, l'ensemble des écrivains. Ceux-ci accueillent avec soulagement cette décision, espérant qu'elle mettra fin à la politique d'intimidation de la R.A.P.P. (Rossijskaja Associacija Proletarskikh Pisatelej : Association de Russie des écrivains prolétariens). Gorki préside à la constitution de l'Union des écrivains (U.E.) dont le premier congrès (1934) manifeste l'adhésion de l'intelligentsia à la politique du parti ; de cette adhésion naîtra le réalisme socialiste.

Depuis lors, l'Union des écrivains est devenue une organisation extrêmement importante, regroupant presque tous les écrivains à qui elle donne leur statut d'écrivain de métier (il existe du reste des organisations analogues pour tous les métiers artistiques : musiciens, peintres, architectes, etc.). Il suffit, pour y être accepté, s'il n'y a pas de problèmes d'orientation politique, d'avoir été publié et d'être recommandé par trois membres de l'Union ; les critères sont assez lâches : il y a, en 1971, 7 270 membres (prosateurs, poètes, dramaturges, critiques et traducteurs), qui se regroupent en Unions des républiques, des régions, de certaines villes.

L'U.E. est dirigée par un comité directeur élu lors des congrès (en 1934 et, après la longue interruption de l'époque stalinienne, en 1954, en 1959, en 1967, en 1971), un secrétariat et un bureau. Des conseils dirigent chacune des branches de la littérature : prose, théâtre, poésie. L'U.E. dirige presque l'ensemble des revues littéraires, dont elle fixe, avec l'accord du parti, le comité de rédaction ; elle régente les maisons d'édition ; elle organise en outre la vie publique des écrivains, comme elle leur offre des facilités dans la vie quotidienne ; de plus, par l'intermédiaire du Litfond (Literaturnyj Fond), elle possède une école d'écrivains. L'Union des écrivains lutte pour le réalisme socialiste ; elle combat l'idéologie bourgeoise et se charge de l'application, dans le domaine littéraire, de la politique élaborée par le parti. Elle s'est toujours montrée zélée : campagnes contre le « formalisme », le « naturalisme », le « cosmopolitisme », effort permanent pour donner des cadres esthétiques et politiques étroits à la littérature. Ainsi, l'Union n'a pas défendu ses membres contre l'arbitraire, mais y a au contraire contribué par l'exclusion d'écrivains comme Akhmatova, Zochtchenko, Pasternak, Soljenitsyne ou Brodski. Si l'exclusion peut paraître conforme à la définition de l'organisation : regrouper ceux qui participent activement à l'édification du communisme, en fait, elle prive l'écrivain exclu de son statut social. Cette dangereuse équivoque entre une association volontaire d'écrivains et le cadre unique et contraignant de toute vie littéraire a souvent été soulignée, y compris en U.R.S.S. Ainsi, l'Union des écrivains peut parfois être la représentante des écrivains, mais elle est plus souvent l'organe qui permet de les diriger. Ses dirigeants (Gorki, Fadeïev, Tikhonov, Sourkov, Fédine, Markov) sont par là même des personnalités politiques importantes.

En décembre 1991, l'Union des écrivains vole en éclats, et la littérature russe retrouve, après soixante ans de censure, la liberté[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître de conférences à l'université de Paris-Sorbonne

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Média

Gorki - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

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