UNION EUROPÉENNE (HISTOIRE DE L')
L’histoire de l’Union européenne et des communautés européennes qui l’ont précédée remonte à la « déclaration Schuman » de 1950, par laquelle fut créée la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Après l’échec de la Communauté européenne de défense (CED) en 1952, les traités de Rome de 1957 créèrent la Communauté économique européenne (CEE) et Euratom, qui allaient fusionner avec la CECA en 1967.
En 1992, le traité de Maastricht créa l’Union européenne proprement dite, et fut amendé par les traités d’Amsterdam (1997), de Nice (2001) et de Lisbonne (2007, signé après le rejet de la Constitution européenne par la France et les Pays-Bas en 2005).
Quand elle naît en 1992, l’Union européenne (UE) est un acteur original dans le monde. Elle est aujourd’hui plus puissante qu’une organisation internationale classique comme l’ONU, car elle gère une monnaie commune (l’euro, depuis 1999) et s’appuie sur un droit fédéral, mais elle est plus faible qu’un État, car elle n’a ni armée ni police. Phénomène unique dans l’histoire, l’UE est un regroupement d’États issu d’une volonté collective, démocratique et pacifique alors que, par le passé, les empires étaient nés de coercitions violentes ou d’alliances entre familles aristocratiques. L’Union fait naturellement l’objet de nombreuses controverses depuis sa naissance. Cependant, les équilibres qu’elle a su construire et renouveler – sur le plan institutionnel entre pouvoir des États et dynamique fédérale, sur le plan économique entre liberté, solidarité et puissance (Warlouzet, 2022) – lui ont permis de se renforcer malgré les critiques dont elle a été l’objet et l’épisode du Brexit (sortie du Royaume-Uni de l’Union en 2020). Ses origines, l’histoire relativement complexe de son approfondissement, les controverses et les débats qu’elle continue de susciter permettent de mieux comprendre la forme originale que cette institution unique en son genre a prise au fil du temps.
Les origines
Paix, liberté et prospérité
Aux origines de la construction européenne et donc de l’Union européenne, on trouve une triple aspiration : à la paix, à la liberté et à la prospérité (Bruneteau, 2006). L’aspiration à la paix est une évidence : dès la fin des massacres de la Première Guerre mondiale (près de 10 millions de morts parmi les combattants et plus de 5 millions de civils), certains Européens voulurent inventer une nouvelle forme de coopération internationale permettant de garantir la paix. Si cette idée est ancienne – en témoignent le Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe de l’abbé de Saint-Pierre au xviiie siècle, les plaidoyers de Victor Hugo en faveur des États-Unis d’Europe au xixe siècle, ou les appels de Jean Jaurès à la réconciliation franco-allemande du discours dit « de Berlin » de 1905 –, sa réalisation se fit plus impérative lorsque le domaine de la guerre prit une dimension industrielle. Cependant, elle ne se concrétisa qu’après la fin de la Grande Guerre avec la création de la Société des Nations (SDN) en 1919. C’est d’ailleurs à la tribune de la SDN qu’en 1929 le ministre des Affaires étrangères français, Aristide Briand, proposa d’établir une « sorte de lien fédéral » entre les pays européens (Schirmann, 2006). Mais la SDN fut impuissante face à la montée des nationalismes et des totalitarismes nés de la crise économique de 1929, et ne put empêcher la Seconde Guerre mondiale. L’intensité de violence de ce conflit fut telle que l’idée d’une construction européenne s’en trouva relancée dès la fin de celui-ci.
Un deuxième déclencheur fut cependant nécessaire pour qu’émergent les premières organisations européennes : la guerre froide et la volonté de résister à la pression communiste. C’est donc aussi sur l’aspiration à la liberté, bafouée par les[...]
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Écrit par
- Laurent WARLOUZET : professeur d’histoire à Sorbonne Université, chaire d'histoire de l'Europe
Classification
Médias
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