UNION ÉVANGÉLIQUE
Fondée le 12 mai 1608 pour une durée de dix ans à l'instigation de l'Électeur palatin Frédéric V, l'Union évangélique constitue une alliance défensive entre princes et villes protestantes du Saint Empire romain germanique (Palatinat, Anhalt, Wurtemberg, Bade, Francfort, Nuremberg, Strasbourg, Ulm, etc.). Le Brandebourg y adhère une année plus tard. Dans sa courte existence de treize ans, l'Union a connu diverses fortunes. Ligue composite, dominée par les éléments calvinistes, sa formation s'explique par l'évolution politico-religieuse de l'Allemagne du Sud et rhénane depuis la paix d'Augsbourg en 1555. D'une part, les progrès de la Contre-Réforme, surtout après 1580, rendent précaires les positions protestantes au sud d'une ligne Main-Rhin, d'autre part, les calvinistes, exclus de la paix d'Augsbourg ont fait de constants progrès, notamment à Brême et dans le Palatinat. En 1582, une tentative de sécularisation de l'électorat de Cologne avait ainsi échoué de justesse. Au début du xviie siècle, les inquiétudes protestantes se trouvent avisées par l'affaire de Donauwörth. La population de cette petite ville de 4 000 habitants est en majorité protestante. Mais, depuis 1602, le couvent de cette ville a pris l'habitude de célébrer la Fête-Dieu par une grande procession. D'où des incidents multiples, qui dégénèrent en bataille de rue en 1607. La ville est mise au ban de l'Empire en décembre 1607, et l'Électeur de Bavière est chargé de la répression. Il appelle les Jésuites, fait fermer les temples, impose la religion catholique puis annexe la ville à la Bavière. La réaction protestante se traduit d'abord, le 27 avril 1608, par la dissolution de la diète de Ratisbonne par la force, puis par la fondation de l'Union évangélique. D'où, par contrecoup, la création, sous l'égide de l'Électeur de Bavière, de la Sainte-Ligue catholique, conclue en 1609 pour neuf ans entre les trois Électeurs ecclésiastiques de Mayence, Trèves et Cologne, la Bavière et les États catholiques de la Rhénanie. La « paix armée » entre les deux groupes antagonistes est d'abord favorable à l'Union. La succession de Juliers-Clèves, d'importance stratégique européenne, est d'abord conjurée par le traité de Dortmund (10 juin 1609), puis par la mort de Henri IV en 1610. En 1614, la crise s'achève par le traité de Xanten, qui donne au Brandebourg le comté de la Mark, Ravensburg, la Pfalz-Neubourg, les comtés de Juliers et de Berg. L'Union évangélique qui avait ainsi réussi à faire reculer l'empereur Rodolphe II est ensuite moins heureuse dans l'affaire tchèque. L'Union a sans doute poussé l'électeur Palatin à revendiquer la couronne de Bohême, de manière à remettre en cause le statu quo. Le monde protestant allemand est cependant trop divisé, la Saxe se tenant à l'écart. Aussi l'Union se contente-t-elle de protéger les pays calvinistes de toute attaque espagnole venue des Pays-Bas, mais laisse ainsi le champ libre à l'armée de la Sainte-Ligue commandée par Tilly. Ce compromis est l'œuvre de la diplomatie française à Ulm en juillet 1620. C'est condamner la révolte tchèque, qui s'effondre à la bataille de la Montagne Blanche le 9 novembre 1620. L'Union évangélique ne se remet pas de ce coup et elle est officiellement dissoute à Heilbronn le 14 mai 1621. La guerre de Trente Ans entre alors dans la phase des interventions étrangères.
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Écrit par
- Jean MEYER : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes
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