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UNITARISME

Les communautés anglaises et américaines

En Grande-Bretagne, c'est à la fin d'une longue histoire au sein des Églises établies et dissidentes que les groupes unitariens parviennent à l'autonomie.

Font figure de précurseurs J. Acontius (1492-env. 1566), des groupes anabaptistes tôt réprimés, des sociniens et des remontrants hollandais, le groupe des « latitudinaires » d'Oxford, au nombre desquels W. Chilling-worth (1602-1644). Mais c'est le bibliste John Biddle (1615-1662), lequel tira bénéfice du régime de Cromwell, qui donna, dans son Catéchisme double, sa première expression théologique à l'unitarisme anglais. Alors que des groupes libéraux se multipliaient parmi les dissidents, il fallut attendre 1778 pour voir s'ouvrir la première église unitarienne à Londres : Theophilus Lindsey (1723-1808) s'y établit. Joseph Priestley (1733-1804) donna au mouvement une impulsion déterminante. Thomas Belsham (1750-1829) fonda en 1791 la première société unitarienne : Unitarian Society for Promoting Christian Knowledge and the Practice of Virtue by the Distribution of Books. En 1813, les droits civils furent garantis aux unitariens ; en 1844 étaient confirmés les droits de propriété d'édifices cultuels, alors qu'en 1825 avait été fondée la British and Foreign Unitarian Association. À la fin du xixe siècle, sous l'influence de James Martineau (1805-1900), qui était en contact avec l'école de Tübingen, l'unitarisme anglais, ou tout au moins l'une de ses fractions, adopta une allure plus rationaliste et moins confessionnelle.

En Amérique du Nord, le mouvement unitarien surgit, pour s'en dégager, au sein des Églises congrégationalistes de Nouvelle-Angleterre, au début du xviiie siècle, alors que ces communautés calvinistes étaient atteintes par le « Réveil » que prêchaient J. Edwards et G. Whitefield. William E. Channing (1780-1842) donna au mouvement libéral un contenu théologique précis : les affirmations calviniennes essentielles furent abandonnées, la conscience et la raison étant présentées comme les vecteurs d'une communication toujours possible de l'homme avec Dieu. La Harvard Divinity School fut un lieu de formation des unitariens américains, marqués encore au xixe siècle par les travaux de R. Emerson (1803-1882) et M. Parker (1810-1860). Une American Unitarian Association fut créée en 1825. Une structure encore plus large d'accueil des communautés unitariennes fut mise en place en 1900 : l'International Council of Unitarian and Other Liberal Religions. Après la Seconde Guerre mondiale, ce mouvement prit pied en Allemagne. Enfin, en 1953, fut formé le Conseil des Églises libérales, où les unitaristes reçurent leur place.

Cet élargissement illustre la faculté qu'a le mouvement unitarien contemporain d'exister sous une forme diffuse dans divers mouvements religieux, et fait perdre une partie de sa signification au chiffre que l'on avance – 300 000 en 1995 – pour dénombrer les personnes qui sont liées, en Grande-Bretagne, et aux États-Unis surtout, aux formes institutionnelles, et héritées du passé, du mouvement unitarien.

— Bernard ROUSSEL

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Écrit par

  • : professeur à la faculté protestante de théologie de Strasbourg

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