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UNITED ARTISTS

Un producteur important de l'époque, dirigeant de la M.G.M., salua la naissance de United Artists, en 1919, par ces mots : « Voici les fous qui prennent la direction de l'asile. » La nouvelle société tenait à la prétention de quelques grandes stars de l'époque de devenir leur propre producteur et de conquérir leur indépendance vis-à-vis des premières grandes compagnies hollywoodiennes qui, Paramount en tête, leur imposaient des contrats injustes à leurs yeux. Ses fondateurs étaient célèbres : il s'agissait de deux des acteurs les plus populaires, Mary Pickford et Douglas Fairbanks, de l'acteur-réalisateur Charlie Chaplin qui, depuis ses contrats avec Mutual et First National, imposait progressivement son indépendance et son statut de créateur, et enfin du seul metteur en scène qui ait acquis un statut de vedette, David W. Griffith – lequel devait quitter la société en 1925, après avoir réalisé douze films sans rencontrer de succès notable.

Le projet des quatre associés était soutenu par le banquier californien Amedeo Giannini, qui présidera lui-même la société en crise à la fin des années 1930. Il s'agissait essentiellement de distribuer et de commercialiser dans le monde entier leurs propres productions. United Artists n'a donc pas en propre de studio de tournage, bien que l'usage tende à l'identifier au Pickford-Fairbanks Studio (ou Pickfair), acheté en 1922 par Mary Pickford et Douglas Fairbanks, qui sont unis en affaires comme à la ville. À la séparation du couple, entre 1933 et 1936, c'est Samuel Goldwyn qui en rachètera les installations. La nouvelle société diffuse donc les grands films de Chaplin jusqu'à Monsieur Verdoux (La Ruée vers l'or, Les Lumières de la ville, Les Temps modernes, Le Dictateur), les grands succès produits et interprétés par Fairbanks dans les années 1920 (Le Signe de Zorro, Les Trois Mousquetaires, Robin des bois, Le Voleur de Bagdad, et aussi Le Pirate noir, qui expérimente un procédé Technicolor), ainsi que les films de Mary Pickford, qui n'obtiennent pas toujours le succès espéré. United Artists prend aussi en charge les films de grands indépendants comme Samuel Goldwyn, Joe Schenck, Buster Keaton, Gloria Swanson, Howard Hughes, Hal Roach, et plus tard Darryl Zanuck, David O. Selznick, Walter Wanger, ou encore les Britanniques Alexander Korda et Emeric Pressburger. De toutes les majors, United Artists est la moins puissante. C'est elle qui fournit le moins de films aux salles, mais son offre est la plus prestigieuse, et la plus variée. Elle connaît une période faste sous la direction de Joe Schenck qui, de 1926 à 1935, établit les meilleures relations avec les exploitants indépendants ainsi qu'avec les majors détentrices de circuits de salles.

Les années 1930 représentent une période de grande prospérité. U.A. attire les esprits les plus indépendants et des producteurs qui comptent parmi les plus créatifs. La société s'engage également au profit des meilleurs films britanniques. Pourtant des désaccords se font jour entre Chaplin et Mary Pickford, ainsi qu'entre les fondateurs (qui produisent de moins en moins) et des partenaires comme Goldwyn, Disney (qui fournissait alors, en 1932-1937, les compléments de programme les plus recherchés), Wanger, Selznick – qui tous quitteront U.A. aux environs de 1940 au profit de R.K.O., pour créer leur propre structure de distribution. La qualité et les performances déclinent. La compagnie ne s'adapte pas aux nouvelles donnes postérieures à la guerre 1939-1945, bien que son prestige attire quelques-uns des nouveaux producteurs indépendants, de plus en plus nombreux à tenter leur chance (Stanley Kramer, James Cagney, Howard Hawks, Billy Wilder, ou, dans un genre mineur, Hopalong Cassidy, héros de petits westerns).

Douglas Fairbanks est mort en 1939, Mary Pickford ne produit[...]

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  • CHAPLIN CHARLIE (1889-1977)

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    ...du Gosse (1921). Lorsqu'ils menacent de saisir le négatif, le cinéaste doit s'enfuir à Salt Lake City pour achever le montage de son film. C'est seulement à l'expiration de son contrat First National en 1923 (avec Le Pèlerin, une satire mordante des hypocrites et des bigots), et...