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BOLOGNE UNIVERSITÉ DE

Au début du xiie siècle se produisit en Italie une renaissance des études juridiques dont Bologne fut le foyer principal. Les luttes politiques (papes contre empereurs, communes contre empereurs) poussaient les partis en présence à appuyer leur propagande sur des arguments de droit ; on rechercha de bons manuscrits du Code de Justinien et on se mit à les commenter selon les méthodes de la dialectique pour en résoudre les difficultés et les contradictions apparentes ; parmi les premiers professeurs de droit connus, il faut citer Pepo et Irnerius (vers 1100-1130). En matière de droit canonique, un effort analogue fut le fait d'un moine camaldule, Gratien, qui composa vers 1140 le Décret, recueil cohérent de toutes les décisions pontificales et conciliaires antérieures. Les premières écoles de droit bolonaises semblent avoir été tout à fait autonomes ; elles prirent la suite d'écoles privées de notariat qui existaient dès le xie siècle. En 1158, l'empereur Frédéric Ier Barberousse octroya certains privilèges aux maîtres et étudiants de Bologne (constitution Habita).

L'université de Bologne atteignit son plein développement au début du xiiie siècle. En 1219, l'Église lui imposa un certain contrôle : désormais ce serait l'archidiacre de Bologne qui conférerait la licence. D'autre part, les professeurs avaient accepté à la fin du xiie siècle de se soumettre à l'autorité de la Commune ; ils perdirent par suite la direction de l'université ; celle-ci passa aux étudiants. Ces derniers élisaient parmi eux les deux recteurs, pris l'un parmi les « citramontains », c'est-à-dire les Italiens, l'autre parmi les « ultramontains », c'est-à-dire les étrangers (les Allemands étant les plus nombreux) ; ces recteurs dirigeaient l'université, défendaient ses privilèges, jugeaient eux-mêmes les étudiants au civil. D'autre part, c'étaient aussi les étudiants qui choisissaient les professeurs et surveillaient leur enseignement ; ces professeurs vivaient des honoraires que leur versaient les étudiants. L'enseignement des deux droits, civil et canonique, était l'activité essentielle. Comme les étudiants affluaient de toutes parts à Bologne, cela a permis au droit romain de faire sentir son influence dans une grande partie de l'Europe. Jusque vers 1250, les juristes bolonais (Azzon, François Accurse) se rattachent à l'école dite des « glossateurs », qui s'attachèrent avant tout à expliquer les textes du Corpus juris civilis et du Décret ; puis vinrent les « commentateurs » (Cino da Pistoia), plus soucieux de déterminer les applications pratiques, contemporaines, des principes généraux du droit romain.

Au xiiie siècle se développa aussi à Bologne une « université » d'arts et de médecine, organisée, comme celle de droit, sous la direction des étudiants répartis en « nations » ultramontaines et citramontaines ; mais sa réputation resta très inférieure à celle de l'université de droit. Dans la première moitié du xiiie siècle, des conflits graves éclatèrent entre les étudiants et la commune, ce qui entraîna des départs volontaires (dont naquirent plusieurs universités comme celle de Padoue) ; par la suite, la situation se stabilisa. Au xive siècle, la primauté de Bologne dans le domaine juridique s'atténua quelque peu avec le développement de nouvelles universités italiennes (Pérouse, Pavie) et surtout de celle d'Orléans. Il y eut cependant encore de grands juristes à Bologne, comme Bartole et Baldo degli Ubaldi, et les canonistes bolonais jouèrent un rôle important aux conciles de Constance et de Bâle. En 1364, Bologne eut une faculté de théologie. En 1368, fut ouvert le riche collège des Espagnols fondé par le cardinal Albornoz pour trente de ses compatriotes.

À partir du xive siècle, les professeurs[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, assistant à l'université de Nancy-II

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