TÜBINGEN UNIVERSITÉ DE
La prospérité de l'université de Tübingen, fondée théoriquement par Sixte IV en 1476 et réellement par le comte Eberhard de Wurtemberg l'année suivante, fut assurée avant même sa confirmation par l'empereur Frédéric III (1484). Dotée dès le début de quarante maîtres et vouée par ses fondateurs au savoir, ce fut l'une des premières universités allemandes — peut-être parce que le poids des traditions ne pouvait s'y faire sentir — à enseigner les lettres classiques et à adopter la Réforme (1534). À l'instigation du duc Ulric, Melanchthon y enseigna de 1512 à 1518. L'imprimerie se développa très rapidement à l'ombre de l'université. Le Collège illustre fut institué au xvie siècle pour assurer la formation d'une élite, principalement issue de l'aristocratie : la maison de Wurtemberg entendait ainsi contrôler une pépinière d'hommes politiques et d'administrateurs. Par ce biais, l'université tenait sa partie dans la gestation de ce qui allait être au xviiie siècle le despotisme éclairé. Lors de la Révolution française, plusieurs étudiants, dont les plus en vue se nommaient Schelling, Hegel et Hölderlin, suscitèrent un profond scandale parmi leurs maîtres en manifestant ouvertement et bruyamment leurs sympathies jacobines. Le duc de Wurtemberg en personne crut devoir intervenir en admonestant Schelling, qui lui répondit fièrement : « Altesse, nous nous trompons tous, mais chacun se trompe autrement. » En 1817, une faculté de théologie catholique fut adjointe à la faculté protestante. Johann-Sebastian Drey y fondait deux ans plus tard l'école de Tübingen qu'illustra notamment Johann-Adam Mölher (1796-1838), dont, notamment, la Symbolik (1832) constituait une remarquable étude comparative d'ecclésiologie où se trouvent confrontées les doctrines catholique et protestante.
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Écrit par
- Jean FAVIER : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France
Classification
Autres références
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BADE-WURTEMBERG
- Écrit par Hélène ROTH
- 1 506 mots
- 1 média
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HEGEL GEORG WILHELM FRIEDRICH (1770-1831)
- Écrit par Jacques d' HONDT et Yves SUAUDEAU
- 11 852 mots
- 1 média
...le philosophe se souviendra toujours avec émotion. Le lycée de Stuttgart va lui procurer les bases indispensables à son développement intellectuel. En 1788, il entre comme boursier du duc au célèbre séminaire protestant de Tübingen – le Stift – peut-être selon un souhait de sa mère, certainement pour... -
IDÉALISME ALLEMAND
- Écrit par Jacques d' HONDT
- 7 102 mots
...celle-ci. Que l'on consulte, par exemple, ce que l'on a appelé le Premier Programme de l'idéalisme allemand, composé et rédigé collectivement en 1796 par les « trois compagnons de Tübingen », Hegel, Hölderlin et Schelling : « La première idée c'est naturellement la représentation de moi-même... -
MÖHLER JOHANN ADAM (1796-1838)
- Écrit par Roger AUBERT
- 386 mots
Théologien allemand, représentant principal avec J. S. Drey de la première génération de l'école catholique de Tübingen. Après avoir complété ses études théologiques (qu'il avait faites, de 1815 à 1818, à Ellwangen, puis à Tübingen sous la direction de Drey) par un séjour à Berlin et dans d'autres...