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UPANIṢAD

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Les principaux thèmes

En dépit de la diversité des upaniṣad, on retrouve un certain nombre de thèmes qui sont identiques dans la plupart d'entre elles. Les uns sont archaïsants, les autres annoncent l'évolution qui se produira dans la période suivante : celle du brahmanisme récent ou hindouisme.

Parmi les thèmes anciens, on notera tout ce qui a trait au rituel : il s'agit d'une exégèse védique qui continue celle des brāhmaṇa et domine dans les upaniṣad les plus étroitement liées à la période précédente, l'originalité consistant, on l'a vu, à y ajouter une dimension psychologique.

Apparentée à celle du sacrifice, la vieille notion de nourriture (anna) se rencontre aussi à haute époque, notamment dans un apologue proposé par l'Aitareya.

Les doctrines concernant les souffles (prāṇa) apparaissent dans le même contexte ; elles revêtent une importance capitale dans les upaniṣad les plus anciennes. Les spéculations qui leur sont consacrées occupent une grande place dans les trois plus longues, dont chacune relève de l'une des branches primitives du Veda. Par la suite, la Praśna reprend le thème dans la ligne atharvanique, comme si celle-ci avait voulu, de son côté, posséder un exposé propre de cette question essentielle. Et c'est par l'entremise du prāṇa, principe vital, que la Mahānārāyaṇa procédera à son travail d'intériorisation des rites, introduisant un élément nouveau dans l'un des thèmes fondamentaux de toute la pensée indienne.

Au même niveau de réflexion, on rencontre la notion antique de puruṣa, dont le sens banal est « homme ». Mais, dans le Ṛgveda (X.90) et dans l'Atharvaveda (X.2), puruṣa est le géant cosmique que les dieux offrent en sacrifice pour tirer de son démembrement la totalité du divers, animé ou inanimé. Cependant, le terme n'a pas qu'une signification ; dans maints autres passages des saṃhitā ou des brāhmaṇa, il s'applique au « poucet » qu'on discerne dans l'œil, identique à l'homme d'or qui réside dans le soleil, ce qui est une première identification de l'être particulier à l'Être universel. Aussi les upaniṣad, singulièrement les plus anciennes, reprennent-elles fréquemment ce thème. Mais, dès le Ṛgveda, on trouve encore une autre acception : puruṣa désigne ce qui fait qu'une chose est cette chose, son essence, son principe foncier. Cette dernière signification, qui reparaît dans une section importante de la Bṛhad āraṇyaka, sera exploitée par les spéculations plus récentes, ce qui amènera les maîtres du sāṃkhya, par exemple, à voir dans puruṣa le principe spirituel par opposition au principe de la Nature naturante.

Participant de toutes ces significations, lorsque le mouvement théiste commencera de s'exprimer dans les upanisạd (Kaṭha, Śvetāśvatara), tout naturellement, le Puruṣa, que des textes comme la Bṛhad āraṇyaka assimilaient au brahman, va désigner l'Absolu personnel – qu'il soit Śiva ou Viṣṇu – chanté dans l'Épopée et auquel s'adresseront les adorations des sectes hindouistes.

Le brahman, bien entendu, est une notion centrale et ancienne des upaniṣad, inchangée depuis les brāhmaṇa. Le brahman est le Tout (sarvaṃ), cela (idaṃ ou tat) dont on ne peut rien dire ; nulle définition ne lui est adéquate, car rien ne peut rendre compte de son infinitude.

Et c'est en liaison directe avec lui que surgit le thème spécifique des upaniṣad : ātman. Plus anciennement, ātman n'avait guère que le sens du pronom réfléchi ; mais, de « soi-même » on passe à l'idée de « soi » substantivé ; le terme, par ailleurs, étant entendu comme apparenté aux notions de souffle et de vent, la jonction se fera aisément avec prāṇa. Les docteurs upaniṣadiques vont, dans une saisie mystique dont[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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Autres références

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