URANOMETRIA (J. Bayer)
Jusqu'à la fin du xvie siècle, les étoiles sont désignées par la partie de la constellation où elles sont situées – ce qui n'est pas dénué d'ambiguïté – ou, pour les principales, par leur nom arabe. Grâce aux instruments perfectionnés de son observatoire d'Uraniborg, l'astronome danois Tycho Brahe parvient à mesurer la position d'un millier d'étoiles avec une précision très supérieure à tout ce qui avait été obtenu auparavant ; la publication en 1602 de son Astronomiae instauratae Progymnasmata, qui comporte 777 étoiles, marque le début d'une nouvelle ère de l'astronomie.
En 1603, Johann Bayer (1572-1625), homme de loi et astronome amateur, publie à Augsbourg le premier véritable atlas céleste présentant toutes les étoiles visibles à l'œil nu, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, en grande partie fondé sur une version plus complète (comprenant 1 005 étoiles) du Progymnasmata qui circulait sous forme manuscrite depuis 1598. Les cinquante et une planches de cet atlas ont été gravées sur cuivre par Alexander Mair (1562 env.-1617), qui s'est parfois inspiré des gravures réalisées par Jacobo de Gheyn (1565-1629) pour le Syntagma Arateorum de Hugo de Groot (1583-1645) publié en 1600 à Leyde. L'atlas de Bayer présente de nombreuses innovations. Aux 48 constellations répertoriées par Ptolémée se sont ajoutées les douze nouvelles constellations de l'hémisphère austral (figurées sur la 49e planche) recensées par le navigateur hollandais Pieter Dirckszoon Keyzer d'après des observations d'Amerigo Vespucci, d'Andrea Corsali et de Pedro de Medina ; les deux dernières planches représentent les hémisphères célestes boréal et austral. Plus important, Bayer propose un système précis d'identification des étoiles : dans chaque constellation, les étoiles les plus brillantes sont désignées par les vingt-quatre lettres de l'alphabet grec (puis par celles de l'alphabet latin), par ordre de luminosité décroissante – alpha étant la plus lumineuse –, et localisées avec précision grâce à des grilles de coordonnées. Cette nomenclature, qui simplifie beaucoup le repérage des étoiles, est toujours en usage. En 1729, l'Atlas Coelestis établi par John Flamsteed supplantera celui de Bayer ; les étoiles y sont classées par ascension droite croissante dans chaque constellation et portent cette fois des numéros. Les étoiles brillantes sont donc dès lors désignées de trois manières différentes au moins : nom arabe, lettre grecque et nombre. La nomenclature de Flamsteed est aujourd'hui utilisée pour les étoiles qui ne sont pas suffisamment brillantes pour pouvoir être désignées par des lettres grecques.
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Écrit par
- James LEQUEUX : astronome émérite à l'Observatoire de Paris
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