URANUS, Marcel Aymé Fiche de lecture

Si Marcel Aymé (1902-1967) doit surtout sa popularité à des récits où le merveilleux fait intrusion dans le quotidien, ou bien à des peintures truculentes de la vie paysanne, il fut aussi le chroniqueur lucide et acerbe de son temps. Travelingue (1941) retrace l'avènement du Front populaire ; Le Chemin des écoliers (1946), évoque les années de l'Occupation ; Uranus (1948), achève cette trilogie en prenant pour cadre la Libération et les sombres épisodes de l'épuration.

Règlements de compte

En 1944, au sortir de la guerre, la petite ville de Blémont est un champ de ruines. Les habitants sinistrés s'entassent dans les logements épargnés par les bombes. L'ingénieur Archambaud doit héberger chez lui les Gagneux, un couple d'ouvriers dont le mari est militant communiste, et Wattrin, professeur de mathématiques au collège.

Cette promiscuité exacerbe la méfiance et la peur, chacun s'efforçant de faire oublier sa conduite durant l'Occupation et d'échapper aux représailles des résistants. Les communistes règnent sur la ville et traquent les collaborateurs. L'un d'eux, Laignel, a été lynché ; un autre, Maxime Loin, est recherché. Il a trouvé refuge chez Archambaud, ému par sa détresse. Léopold, le cafetier, est néanmoins accusé de le cacher. Il parvient à confondre son accusateur, Rochard, un individu louche, venu au communisme par opportunisme. Mais celui-ci est soutenu par Jourdan, un cadre du Parti : « Rochard a fait la preuve qu'il appartient à cette espèce d'hommes sur laquelle le parti pourra s'appuyer quand le moment sera venu d'organiser la terreur. » Après avoir vainement tenté d'obtenir l'appui de Monglat, influent marchand de vin qui a amassé une fortune durant la guerre, Léopold est emprisonné.

Maxime Loin, quant à lui, vit en clandestin chez Archambaud, attendant que celui-ci trouve un moyen de le faire fuir, et s'éprend de sa fille, Marie-Anne, fiancée au fils Monglat. Innocenté, Léopold sort de prison. Une apparente harmonie semble alors régner à Blémont, d'autant que l'on va fêter le retour des prisonniers. Mais au cours de la cérémonie, un d'entre eux, réputé vichyste, est roué de coups dans l'indifférence générale. Puis, Léopold ayant dénoncé publiquement les crimes de Monglat au cours d'une nuit de beuverie, celui-ci use de ses relations pour le faire arrêter ; et comme il refuse de se soumettre, il est abattu. Enfin, alors qu'il pénètre chez les Archambaud, Gagneux y découvre Maxime Loin, qu'il livre à la police.