URBIN
Urbin, ville de la Renaissance
Le palais ducal
Les anciens biographes rapportent que Frédéric de Montefeltro aurait été un homme expert non seulement en armes et en politique, mais aussi en architecture, au point de pouvoir diriger lui-même l'exécution du plan et la construction de sa résidence. Il est sûr que sa culture, dans le domaine artistique, devait être très grande ; de son côté, son épouse, Battista Sforza, avait de telles connaissances humanistes qu'elle eut une influence considérable sur le mécénat que son mari exerçait avec largesse en faveur des artistes. Ils furent bientôt très nombreux à Urbin, et l'on compta parmi eux les plus grands maîtres du temps, tels que Leon Battista Alberti, Luciano Laurana, Francesco di Giorgio, Piero della Francesca, Paolo Uccello, Ercole De'Roberti, Sandro Botticelli, Pérugin, Luca Signorelli, Melozzo da Forli, Ambrogio Barocci, Juste de Gand. Peu après 1455, Frédéric fit entreprendre la construction de sa demeure sur le haut de la colline. C'est déjà là que s'élevait la cathédrale romane et, non loin de celle-ci, la maison du comte Antonio, datant du xive siècle. Pendant de nombreuses années, ce chantier fut un extraordinaire creuset que fréquentaient architectes, ingénieurs, sculpteurs, graveurs, peintres, charpentiers, marqueteurs, copistes, enlumineurs, doreurs. Au milieu de cette société d'artistes et d'artisans, on relevait la présence d'hommes de lettres, dont certains résidaient de façon stable à Urbin, comme Vespasiano da Bisticci, tandis que d'autres, tels Marsile Ficin et, un peu plus tard, Bembo et Castiglione, n'y venaient qu'en qualité d'hôtes de passage. En établissant les plans de son palais, Frédéric fut constamment guidé par l'idée de créer un ensemble grandiose, qui, inséré entre la demeure du comte Antonio et la cathédrale, unifierait ces édifices en un tout architectonique. Il se proposait d'exprimer ainsi symboliquement, dans la résidence de la cour, l'unification de deux pouvoirs (le pouvoir gibelin et le pouvoir guelfe) que sa politique poursuivait. Son idée ambitieuse ne fut pas totalement réalisée : à sa mort, en 1482, les travaux furent interrompus avant que le nouvel édifice eût rejoint le palais du comte Antonio. Mais, simultanément, la cathédrale avait été elle aussi complètement reconstruite, de façon à former un seul corps avec la demeure ducale. C'est Francesco di Giorgio qui contribua principalement à donner une unité stylistique à un ensemble architectural si varié et si vaste. Il succéda, dans la construction du palais, à Luciano Laurana, qui avait lui-même continué un autre maître resté anonyme. On a cru pouvoir identifier ce dernier avec Maso di Bartolomeo qui, près de l'emplacement destiné au palais ducal, avait élevé le portail Renaissance de l'église San Domenico. Dans la lunette de ce portail trouva place une splendide majolique de Luca della Robbia.
Avec la construction du palais ducal, la physionomie d'Urbin changea radicalement. La cour devint le lieu de réunion des hommes politiques les plus représentatifs du temps. Les personnes appartenant à leur suite, souvent fort nombreuses, donnèrent de l'animation à la ville, dont la célébrité s'étendit rapidement au monde entier. Grâce à ces relations, Frédéric de Montefeltro dirigea habilement sa politique et acquit une place prestigieuse parmi les souverains de son époque, au point de recevoir solennellement des hommages – que beaucoup lui enviaient – du pape, du roi d'Angleterre, du chah de Perse, du roi de Naples et de presque toutes les familles régnantes d'Italie. Créant autour de lui un halo de gloire, le charme exercé par la beauté architecturale du palais ducal contribua à accroître la renommée et la puissance du duc d'Urbin. En même temps, la masse gigantesque de la demeure[...]
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Écrit par
- Pasquale ROTONDI : consultant auprès des Musées du Vatican pour la restauration des œuvres d'art
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- Écrit par Encyclopædia Universalis
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Le peintre flamand qui travaille en Italie, à Urbin, entre 1473 et 1475, sous le nom de Giusto da Guanto, est généralement identifié avec le peintre Joos van Wassenhove, connu seulement par des archives.
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