URDŪ ou OURDOU LANGUE & LITTÉRATURE
Structure, caractère et statut de l'urdū
Ayant été dans le passé parler des camps et des bazars, puis langue littéraire des grands centres de culture musulmane, l'urdū est fondamentalement un idiome des villes, et il évoque pour tous les Indiens cultivés le raffinement des cours de l'Empire moghol déclinant. Cette association avec les milieux urbains a permis à l'urdū de préserver une unité linguistique que le hindī n'a connue que tardivement, parlé qu'il était dans les campagnes sous la forme de divers dialectes, dont certains connurent le développement de grandes traditions littéraires jusqu'au xixe siècle (braj à l'ouest et avadhī à l'est).
Un dernier trait mérite d'être souligné. Lingua franca, dans laquelle sont largement négligés genre, nombre et accord du verbe avec le sujet, et aussi langue de culture des musulmans du sous-continent, l'urdū est utilisé par des millions d'individus dont il n'est pas la langue maternelle. Le cas du Panjab est à cet égard remarquable. Depuis des siècles, l'urdū y représente, dans les grands marchés urbains, la langue employée par des locuteurs des langues les plus diverses, du persan au sindhi, en passant par le pašto et le kachemiri. Il y est aussi la langue écrite privilégiée, notamment en milieu musulman, depuis la colonisation britannique. C'est ainsi que les deux plus grands poètes d'expression urdū du xxe siècle, Iqbāl (1873-1938) et Faiẓ Aḥmad Faiẓ (1911-1984), étaient panjabis. Aujourd'hui, les Panjabis instruits du Pakistan éduquent leurs enfants en urdū, et le Panjab pakistanais est désormais le principal foyer de la littérature urdū.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Denis MATRINGE
: directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du
Journal asiatique
Classification
Autres références
-
DARD XWĀJA MĪR (1721-1785)
- Écrit par Eva de VITRAY-MEYEROVITCH
- 250 mots
Poète et musicien, Khwaja Mir, dont le pseudonyme Dard signifie douleur, appartenait à une famille de mystiques. Il passa sa vie dans la retraite sans quitter Delhi, en dépit du sac et des massacres qui s'y produisirent de son temps. Il était un musicien réputé, écrivit d'importants ouvrages sur le...
-
GHĀLIB ASSADULLĀH KHĀN dit (1793 env.-1869)
- Écrit par Eva de VITRAY-MEYEROVITCH
- 806 mots
Poète indien de langue urdū, né à Āgra, mort à Delhi, Assadullāh khān, qui devait choisir le pseudonyme de Ghālib, appartenait à une famille noble ; il descendait du roi Afrāsyāb de Touran. Orphelin très jeune, il perdit en 1857, lors de la révolte des cipayes, son patrimoine familial. En 1852, il...
-
HĀLĪ A. H. (1837-1914)
- Écrit par Jean VARENNE
- 150 mots
Avec Ghālib et Iqbāl, Hālī est un des trois grands poètes de la littérature indienne en langue ourdoue (nord-ouest de l'Inde). Poursuivant l'œuvre novatrice de Ghālib, qui le premier introduisit des éléments modernes dans la lyrique, il modifia non seulement le contenu mais la forme même du ghazal,...
-
HINDĪ LANGUE & LITTÉRATURE
- Écrit par Nicole BALBIR et Charlotte VAUDEVILLE
- 8 335 mots
...hindui ou hindustāni, longtemps simple lingua franca, devait plus tard donner naissance non pas à une mais à deux langues littéraires distinctes : l'ourdou (ou urdū), né au Deccan vers la fin du xvie siècle et écrit en caractères persans, et le hindī littéraire, dit aussi « high hindī », écrit... - Afficher les 10 références