KEKKONEN URHO KALEVA (1900-1986)
Fils d'un bûcheron du nord de la Finlande, Urho Kaleva Kekkonen entreprend des études de droit que sa famille arrive péniblement à lui payer. Partisan de « la Finlande aux Finlandais », il entrera au Parti agrarien. Député en 1936, Kekkonen sera onze fois ministre ou Premier ministre avant d'être élu président de la République en 1956. Confortablement réélu en 1962 et en 1968, contre des communistes, en raison de sa politique étrangère de neutralité et de bonnes relations avec l'U.R.S.S., Kekkonen est plébiscité par les parlementaires, en vue des élections de 1974 ; il est ainsi devenu une institution de la vie politique, et, de la social-démocratie à la droite, il tranche d'autorité les conflits de personnes et de gouvernement, intervient dans des conflits sociaux et dédaigne quelque peu les contingences parlementaires. Pour un pays politiquement très divisé, instable par rapport à ses voisins nordiques, « latin » par ses mœurs politiques avec ses courants poujadiste et antiparlementariste, et l'existence d'un Parti communiste fort, Kekkonen reste le dernier recours des partis, tous minoritaires.
De l'hostilité acharnée de l'U.R.S.S. contre la social-démocratie au pouvoir en 1958, Kekkonen tire bénéfice, faisant des agrariens le pivot de tout gouvernement et les dépositaires de la politique étrangère, rejetant les deux plus grands partis (les sociaux-démocrates et les communistes) dans un ghetto. En 1961, à l'occasion d'une nouvelle crise, provoquée par la question de Berlin et par le danger du réarmement ouest-allemand, Kekkonen dissout le Parlement, geste estimé insuffisant par l'U.R.S.S. Une rencontre au sommet est alors décidée, au cours de laquelle Kekkonen convainc Khrouchtchev de la sincérité de ses propos tenus en octobre à Washington, assurant que la Finlande était consciente « du risque que pourrait courir son existence en ignorant les questions vitales que soulève la sécurité de l'Union soviétique », et « qu'en aucun cas la sécurité de celle-ci ne sera menacée par ou à travers la Finlande ». À la faveur de quoi la situation électorale de Kekkonen se renforce (il sera réélu l'année suivante) et l'U.R.S.S. lève son veto à l'association de la Finlande aux Sept. Aussi, après la période de « finlandisation », on ose parler de la neutralité finlandaise.
Les années 1970, qui auraient dû être celles de l'intégration nordique, commencent cependant par un rappel des rapports particuliers avec l'U.R.S.S. Le Marché commun nordique est sabordé, et quelques indiscrétions dans l'entourage de Kekkonen provoquent des secousses politiques et des procès assez insolites. Kekkonen menace de s'en aller mais, prié de rester, le vieil homme d'État, fin politique à l'allure sportive (il a été champion de saut en hauteur en Finlande et a dirigé l'équipe nationale aux jeux Olympiques de Los Angeles et de Berlin), « s'inclinera ». En 1973, le Parlement adopte une loi extraordinaire afin que son mandat soit de nouveau prorogé de quatre ans. Il est réélu une nouvelle fois en 1978, mais, atteint par la maladie, Kekkonen doit démissionner de la présidence de la République en octobre 1981.
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Écrit par
- Karl KOEHLER : journaliste
Classification
Média
Autres références
-
FINLANDE
- Écrit par Régis BOYER , Maurice CARREZ , Encyclopædia Universalis , Lucien MUSSET et Yvette VEYRET-MEKDJIAN
- 22 487 mots
- 15 médias
...au pouvoir et, en 1956, la campagne pour les élections présidentielles, particulièrement venimeuse, montra que le climat politique s'était détérioré. Urho Kekkonen, le candidat de la Ligue agrarienne, l'emporta d'extrême justesse en dépit d'une manœuvre visant à lui opposer Paasikivi, proposé aux suffrages...