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UṢAS

Nom sanskrit de la déesse de l'Aurore qui, parmi les rares divinités féminines du panthéon védique, occupe une place privilégiée : le Rig-Veda lui consacre toute une série d'hymnes, honneur qu'elle ne partage avec aucune autre déesse. On peut, certes, expliquer en partie ceux-ci par le plaisir littéraire qu'y trouvèrent des poètes inspirés par la magie des matins ; mais le recueil est avant tout rituel et la lyrique ne s'y manifeste que très secondairement.

Il est important de noter à ce sujet que la religion védique est tout entière orientée vers la célébration de la lumière et, d'abord, de la clarté du ciel diurne illuminé par la majesté rayonnante de Sūrya, le dieu-soleil. Que le jour succède à la nuit à intervalles réguliers est un signe du bon ordre des choses (rita ou dharma) voulu par les dieux et sauvegardé par eux. Pourtant, la vie du cosmos reste précaire : elle a commencé et elle finira, selon la loi des cycles cosmiques. On n'est donc jamais certain du lever du soleil, et c'est pourquoi des prières et des sacrifices doivent être célébrés chaque matin, au moment où une lueur apparaît à l'horizon.

Cette dernière est comme le garant de la victoire des forces du bien sur celles du mal (qui menacent l'ordre cosmique) ; aussi les prophètes védiques (rishi) saluent-ils sa venue. Ils voient en elle une jeune fille merveilleusement belle, vêtue d'étoffes légères et « dévoilant sa poitrine » à ses adorateurs. Elle se hâte vers le dieu-soleil « comme une maîtresse courant au rendez-vous amoureux ». Le point du jour marque l'union des deux amants, en même temps que le triomphe de la clarté sur les ténèbres de la nuit.

Ces divers aspects du mythe de l'Aurore se retrouvent dans les diverses mythologies indo-européennes. Selon la classification de Georges Dumézil, Ushas (Uṣas) est une divinité de la troisième fonction (prospérité, production des biens), de même que les jumeaux Nāsatyas (correspondant aux Dioscures chez les Grecs), qui, eux aussi, se manifestent au moment où le jour va succéder à la nuit.

— Jean VARENNE

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

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