RANCE USINE MARÉMOTRICE DE LA
Un site rare, une réalisation emblématique
Les sites susceptibles de recevoir une usine marémotrice sont rares car ils doivent satisfaire plusieurs critères. L’aménagement de cet ouvrage breton a tiré parti de la géographie de l’estuaire de la Rance : sa longueur a permis de constituer une importante retenue de 22 kilomètres carrés, et son étroitesse a facilité la construction de la digue. L’amplitude des marées à cet endroit est exceptionnelle : le marnage (différence de hauteur d’eau mesurée entre la pleine mer et la basse mer) est en moyenne de 8,20 mètres, atteignant même 13,50 mètres lors des grandes marées, aux équinoxes. Il est en effet indispensable que la différence de niveau marin entre pleine et basse mer soit très importante, car la puissance électrique lui est proportionnelle. Enfin, les autres atouts essentiels de ce site sont une profondeur suffisante du lit de la Rance pour accueillir les groupes hydroélectriques, et un fond rocheux granitique qui assure la stabilité de l’aménagement.
La digue-barrage, conçue par Louis Arretche et Henri Marty, de près de 750 mètres de longueur, crée un dénivelé entre l’amont et l’aval de l’ordre d’une dizaine de mètres (basse chute). Elle abrite une centrale équipée de vingt-quatre groupes bulbes réversibles – afin de pouvoir fonctionner lors du flux et du reflux – d’une puissance unitaire de 10 MW, qui ont été couplés au réseau électrique entre août 1966 et décembre 1967. Ces groupes utilisent les marées montantes et descendantes pour turbiner, et donc produire de l’électricité. Ils sont équipés chacun d’une turbine Kaplan horizontale et le circuit d’eau entoure complètement la turbine et l’alternateur, ce dernier étant protégé par un conteneur étanche. Si l’on a songé à pareil équipement depuis l’entre-deux-guerres, la Rance a permis sa mise au point industrielle et son succès ultérieur, notamment dans les centrales hydrauliques du Rhône et du Rhin. Encombrement réduit, coût d’installation limité et souplesse de fonctionnement contrebalancent une maintenance plus complexe et une puissance moindre que celles des groupes classiques.
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Écrit par
- Denis VARASCHIN : professeur des Universités, président de l'université Savoie-Mont-Blanc
Classification
Média
Autres références
-
ÉNERGIES RENOUVELABLES
- Écrit par Daniel CLÉMENT
- 15 637 mots
- 22 médias
En France, l’usine marémotrice de la Rance, située entre Saint-Malo et Dinard (Ille-et-Vilaine), est un des premiers dispositifs industriels de production d’électricité à partir d’une énergie marine. Elle a été inaugurée en 1966 et sa puissance électrique est de 240 MW. Compte tenu de l’intermittence...