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VACCINATION

Extension de la vaccination à d’autres maladies que la variole

Entre 1870 et 1914, il n’y a pas que l’arsenal législatif qui a été réformé. La connaissance des maladies infectieuses et les moyens d’y faire face ont considérablement progressé du fait de l’émergence de deux nouvelles sciences, la bactériologie et l’immunologie, nées des travaux de Louis Pasteur en France et de Robert Koch en Allemagne. Il faut bien mesurer le changement de paradigme que cela implique. D’une part, la contagion est désormais un fait établi et, d’autre part, chaque maladie contagieuse se trouve associée à un agent pathogène spécifique contre lequel une « vaccination » – le mot est généralisé par Pasteur en 1881 en hommage à Jenner – doit être recherchée. On commence également à entrevoir les mécanismes à l’œuvre dans la défense immunitaire, après presque un siècle de pratique empirique justifiée par la seule statistique. Ces travaux débouchent sur un petit nombre de vaccins ainsi que sur des sérums, non préventifs mais utiles à des degrés divers contre la maladie déclarée.

Cette poignée de vaccins ainsi que les quelques sérums contre la diphtérie, le tétanos, le choléra ou la peste sont désormais fabriqués par des laboratoires spécialisés, selon des procédures industrielles, souvent avec le soutien indirect de l’État. C’est donc toute une partie de la médecine moderne qui échappe au duo traditionnel praticien-pharmacien, ce qui explique en partie l’hostilité envers Pasteur et ses disciples manifestée au début par bon nombre d’entre eux. Dès lors, le schéma médical se complexifie en faisant entrer dans la boucle du soin le chimiste, l’industriel et l’homme d’État, sous la forme du législateur et du fonctionnaire de santé. Ainsi, la vaccine, jadis produite « artisanalement » avec les problèmes que l’on a évoqués, est désormais distribuée en doses glycérinées (et stérilisées) obtenues à partir de lymphe prélevée sur des vaches élevées tout exprès dans des centres vétérinaires. La relation de l’individu et des groupes vis-à-vis de l’État et de ses lois devient une composante importante de l’attitude à l’égard de la vaccination.

File d’attente devant un centre de vaccination antivariolique à New York - crédits : Bettmann/ Getty Images

File d’attente devant un centre de vaccination antivariolique à New York

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, tandis que certaines lois font toujours l’objet de contestation, naît la préoccupation d’une santé publique plus efficace aux échelles nationale et internationale. Héritier de l’Office international d’hygiène publique (OIHP), fondé en 1903, et de la Commission des épidémies qui avait efficacement combattu en 1919 choléra et typhus en Europe centrale, le Comité d’hygiène de la Société des Nations institutionnalise cette attention globale. Chaque pays veut montrer qu’il est capable de maîtriser les épidémies qui apparaissent comme autant de signes d’archaïsme : les maladies qui font peur sont à présent qualifiées de « tropicales », les autres doivent être éradiquées par les vaccins ou d’autres moyens prophylactiques dignes de nations « civilisées ». C’est à peine si l’on parle de la « grippe espagnole » engloutie dans l’après-guerre ni de la dernière épidémie de peste survenue dans les banlieues misérables de Paris en mai 1920 (peste des chiffonniers). Un pays « moderne » devrait pouvoir en finir avec les maladies.

Face à cette exigence de santé, les laboratoires spécialisés en sérums et vaccins, qui se développent un peu partout dans le monde, sont sommés de trouver des solutions vaccinales contre les maladies courantes. Ils en trouvent quelques-unes : des vaccins contre la diphtérie et le tétanos sont développés dans les années 1920, selon le principe de la détoxification chimique des toxines redoutables sécrétées par ces bacilles. Un premier vaccin contre le typhus est mis au point en 1932, deux vaccins contre la fièvre jaune sont testés vers 1935. Cependant,[...]

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Écrit par

  • : docteure en pharmacie, docteure ès sciences, maître de conférences en immunologie, université de Bourgogne
  • : enseignant-chercheur, maître de conférences en histoire moderne, université de Bourgogne

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Médias

<em>The Cow-pock</em>, J. Gillray - crédits : Library of Congress, British Cartoon Prints Collection

The Cow-pock, J. Gillray

Révolte contre la vaccination antivariolique au Brésil - crédits : IEA São Paulo

Révolte contre la vaccination antivariolique au Brésil

File d’attente devant un centre de vaccination antivariolique à New York - crédits : Bettmann/ Getty Images

File d’attente devant un centre de vaccination antivariolique à New York

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