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VACCINATION

Vaccination et développement d’une politique universelle de santé

Vaccination contre la variole et la rougeole en Afrique de l'Ouest - crédits : W.L. DesPrez/ CDC

Vaccination contre la variole et la rougeole en Afrique de l'Ouest

Après la Seconde Guerre mondiale, le terrain paraît favorable à une coopération internationale sur tous les plans, et la santé semble un terrain d’entente et d’optimisme. La nouvelle Organisation des Nations unies se dote en 1948 d’une agence visant au « meilleur état de santé » pour tous les peuples du monde, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui inscrit dans sa Constitution un nouveau droit fondamental pour tout être humain, celui à la santé. Elle travaillera par programmes, visant à l’éradication des maladies endémiques et épidémiques, ce qui ne peut se concevoir qu’à l’échelle du globe, et soulignera dès ses débuts l’importance de la standardisation dans les procédés de fabrication et de contrôle des produits biologiques : les vaccins devront être plus sûrs, plus efficaces et mieux distribués. Du reste, tous les États vaccinent, comme ils le peuvent, selon leurs moyens, et avec les vaccins à disposition, c’est-à-dire essentiellement contre la variole, la typhoïde, le tétanos, la diphtérie, la tuberculose. Les puissances coloniales vaccinent également, car vacciner c’est alors administrer et prendre soin de son trésor humain et commercial ; les refus locaux jadis observés, sans disparaître, auront tendance à s’amoindrir avec la décolonisation et la volonté qui l’accompagne de modernisation et d’indépendance sanitaire des pays nouveaux.

L’après-guerre est globalement favorable à la vaccination : le BCG se répand voire devient obligatoire dans de nombreux pays (les États-Unis constituant une exception notable) ; la découverte du premier vaccin contre la poliomyélite suscite un immense espoir et son découvreur, Jonas Salk, est acclamé en 1955 à l’annonce du succès du premier essai à grande échelle d’un vaccin « en double aveugle contre placebo ». Mais la production industrielle est lancée trop vite, et la firme Cutter commercialise des vaccins insuffisamment inactivés qui feront une dizaine de victimes aux États-Unis – la France utilisait alors une variante du vaccin inactivé, mise au point par Lépine, plus sûre. Cet accident n’ébranle pas notablement la confiance en ce vaccin salvateur, mais il aura des conséquences multiples, tel le soutien au développement d’un vaccin alternatif buccal, atténué, plus efficace et plus facile à distribuer : le vaccin d’Albert Sabin, un Américain d’origine russe, testé et produit en Union soviétique en 1959, qui supplante le vaccin Salk malgré le contexte de la guerre froide, et en dépit du risque, rarissime mais grave, d’émergence d’un virus ayant recouvré son infectiosité – les deux formules finiront par coexister du fait de leur complémentarité.

Autre suite positive à ces aléas qui ont marqué les débuts de la production industrielle des vaccins : la nécessité réaffirmée de procédures de contrôle absolument rigoureuses, en lien avec les procès consécutifs à l’accident Cutter, qui ouvrent une époque de judiciarisation croissante des questions de santé. Le temps n’est cependant pas encore à la défiance durant ces « Trente Glorieuses médicales » (1945-1975). Les vaccinations rythment la vie des nourrissons et leurs familles, dans un schéma qui se veut de plus en plus rationnel et standardisé, tel celui du régime alimentaire infantile : des calendriers de vaccinations s’imposent en France dès la fin des années 1950, en même temps que la multiplication des injections pédiatriques conduit à la commercialisation de vaccins combinés qui simplifient les injections et tendent à améliorer l’observance, voire le suivi de l’obligation, difficile avant l’âge scolaire. Ces nouveaux vaccins, standardisés et(ou) combinés, sont produits par des laboratoires qui en ont le monopole quelque temps.

Car la production des vaccins s’est[...]

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Écrit par

  • : docteure en pharmacie, docteure ès sciences, maître de conférences en immunologie, université de Bourgogne
  • : enseignant-chercheur, maître de conférences en histoire moderne, université de Bourgogne

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Médias

<em>The Cow-pock</em>, J. Gillray - crédits : Library of Congress, British Cartoon Prints Collection

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