VALENCE, chimie
Valence et coordinence
Alors que la thèse de la polyatomicité était universellement reconnue, après la mort de Kekulé, et figurait comme argument fondamental dans les systèmes chimiques de la fin du xixe siècle, les conceptions d' Alfred Werner allaient bouleverser l'ordre des constats précédemment élaborés. Dans ses Neuere Anschauungen de 1905, Werner observe que « les faits de la chimie inorganique nous convainquent constamment qu'aucune représentation adéquate de la structure des composés inorganiques ne peut être dérivée de la théorie de valence développée à partir de la constitution des corps organiques ». S'attachant à l'étude de ce que l'on appellera des « complexes de coordination », Werner découvre un type d'affinité chimique dont ne rendait pas compte la théorie élémentaire de la valence. Ses conceptions supposaient, au demeurant, deux corps de théorie préalables : la conception stéréochimique de la valence entendue comme propriété directionnelle et la dissociation ionique mise en évidence par Arrhenius, qui implique l'idée d'électrovalence.
Dès 1893, à la suite de ses investigations sur les amines du chlorure de cobalt, Werner est conduit à distinguer la valence et le nombre de coordination. La valence est, pour lui, le « nombre maximum d'atomes univalents qui, en l'absence d'autres atomes, se combinent directement avec un atome donné ». Quant au nombre de coordination, c'est dans ses vues « le nombre maximum d'atomes ou de groupes d'atomes susceptibles de se combiner directement avec un atome donné ». En construisant des modèles de « composés moléculaires », stables et dissymétriques, autour d'un atome central de métal, Werner instituait l'important chapitre de la chimie des complexes tout en dirigeant l'attention des chimistes sur l'opportunité d'un travail théorique sur la nature de la liaison chimique, dont les modalités apparaissaient de plus en plus complexes.
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Écrit par
- Jacques GUILLERME : chargé de recherche au C.N.R.S.
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