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LÖSCHER VALENTIN ERNST (1673-1749)

« Le dernier représentant significatif de l'orthodoxie luthérienne » (K. Barth). Valentin Ernst Löscher a su discerner le risque que représentaient pour la théologie le mouvement piétiste et la philosophie des Lumières. Né à Sonderhausen, dans une famille d'ecclésiastiques luthériens, il étudia à Erfurt, à Zwickau et à Wittenberg. Pasteur à Jüterborg en 1698 et superintendant à Delitzch en 1701, professeur à Wittenberg de 1707 à 1709, puis pasteur et superintendant à Dresde, il fonde, en 1701, la première revue théologique, les Unschuldigen Nachrichten von alten und neuen theologischen Sachen. Pour mieux s'opposer au piétisme, il renouvelle la vie des Églises luthériennes dont il est responsable : ainsi compose-t-il des hymnes pour enrichir le culte et veille-t-il à la formation des pasteurs. Il s'oppose, bien que le projet soit fortement appuyé par Frédéric Ier, à la création d'une Église unie, car il pense que ce projet fait trop bon marché des questions doctrinales et il s'en explique dans Allerunterthänigsten Adresse [...] die Religionsvereinigung betreffend (1703), puis dans Historie der ersten Religionsmotuum zwischen den Evangelischen-lutherischen und Reformierten (1704), et dans Ausführliche Historia Motuum... (1707-1708). Après la mort de Spener, c'est contre Joachim Lange (1670-1744), professeur à Halle en 1709, qu'il reprend sa critique du piétisme. Il la formule dans les Praenotiones et notiones theologicae rédigées à Wittenberg en 1709, puis, et surtout, dans les ouvrages qui ont pour titre Timotheus Verinus (1718 et 1722) et que Lange réfute à son tour. En 1719, une rencontre a lieu avec des piétistes, à Mersebourg, mais elle est sans lendemain. Löscher accuse ceux-ci de rompre avec la tradition des réformateurs ; il leur reproche leur indifférence quant aux vérités évangéliques et leurs formulations doctrinales, la dévaluation qu'ils opèrent des moyens de grâce, du ministère, des subsidia religionis (par exemple, la discipline ecclésiastique) ; leur confusion de la nature et de la grâce ; la part qu'ils font aux œuvres ; leur conception insuffisante de la repentance et leurs exigences, moralement néfastes, de perfection ; l'accueil qu'ils font aux enthousiastes et leur peu de souci de l'unité de l'Église. Le jugement de Löscher est moins sévère à l'endroit de Zinzendorf et des Frères.

Le théologien a laissé aussi des travaux philologiques non négligeables (De causis linguae hebraicae) et des écrits contre les catholiques (Romisch-Katholische Diskurse, 1717). Il entreprit une série restée inachevée (elle s'arrête à l'année 1516) de Vollständige Reformations Acta und Documenta (3 vol., 1720, 1723, 1729). Enfin, il avait écrit contre le philosophe C. Wolff (1679-1754), qui nourrissait le projet de libérer de la théologie la philosophie et l'éthique : Stromateus et Antilatitudenarius (1724) et surtout le célèbre Quo ruitis ? (1735).

— Bernard ROUSSEL

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Écrit par

  • : professeur à la faculté protestante de théologie de Strasbourg

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  • PIÉTISME

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    • 2 445 mots
    ...dogmatiques qu'une source vivante de la foi. Tandis que les luthériens orthodoxes insistaient sur l'aspect objectif de l'institution ecclésiastique et que Löscher affirmait même que les actes pastoraux d'un ministre du culte inconverti pouvaient néanmoins être une bénédiction, parce que la puissance du salut...