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PENROSE VALENTINE (1898-1978)

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Si l’œuvre littéraire et plastique de l’artiste française Valentine Penrose prend racine dans le surréalisme, il dépasse en bien des points les frontières du mouvement fondé par André Breton.

Née le 1er janvier 1898 à Mont-de-Marsan (Landes), Marcelle Marthe Marie Valentine Boué montre un talent précoce pour l’écriture et le dessin. Dès les années 1910, elle fréquente les milieux artistiques de Montparnasse et aspire à étudier aux Beaux-Arts. Elle écrit alors de nombreux poèmes qu’elle signe « Andrée-Valentine Boué » et crée ses premiers collages, technique qu’elle affectionnera toute sa vie. En mai 1924, elle est reçue deuxième au Jasmin d’argent, un concours de poésie initié par le romancier Marcel Prévost, avec un texte intitulé « Pater ». À la même période, elle rencontre Roland Penrose, peintre et auteur britannique, qui devient son époux l’année suivante. À cette occasion, elle lui fait cadeau d’une peinture-collage, Offrande à Vénus (1925, non localisé). En 1926-1928, elle publie plusieurs poèmes dans la revue littéraire fondée par Jean Ballard, Les Cahiers du Sud.

Valentin Penrose prend part aux activités surréalistes et se lie d’amitié avec Marie-Berthe Aurenche, Paul Éluard ou encore Alice Rahon et Wolfgang Paalen. Lors d’un séjour en Égypte (hiver 1927-1928), elle fait la connaissance d’un gourou, le mystérieux comte Galarza de Santa Clara, qui l’initie au yoga. À son retour, elle s’inscrit à la Sorbonne pour étudier le sanskrit et les philosophies orientales. En 1932-1933, guidée par ces découvertes, elle se rend en Inde. C’est le premier séjour d’une longue série. Elle y fera notamment plusieurs retraites dans des ashrams, pratiquant avec assiduité la méditation. L’influence spirituelle de l’hindouisme et de la culture indienne sur sa pensée nourrit son opposition radicale au mode de vie européen.

Tout en s’intéressant de près à certaines pratiques issues du surréalisme – l’automatisme, le collage, etc. – et en partageant nombre de ses thèmes favoris – la femme, l’occultisme, etc. –, elle demeure très critique à l’égard du mouvement et de son dogmatisme. Au cours de la seconde moitié des années 1930, Valentine Penrose publie beaucoup, dont plusieurs plaquettes poétiques à la langue lyrique et urgente, parfois violente : Herbe à la lune (1935), Le Nouveau Candide (1936, dessin de Paalen), Sorts de la lueur (1937, dessin de Paalen) et Poèmes (1937). Paul Éluard, dans la préface au premier de ces recueils, écrit, plein d’admiration : « Je pense que Valentine Penrose n’hésite jamais à écrire un mot pour un autre, le mot immédiatement accessible au lieu du mot rebelle. D’où un langage poétiquement clair, un langage rapide, qui échappe à la réflexion. Un langage déraisonnable, indispensable. » À la même époque, elle peint des aquarelles (non localisées). En 1937, elle divorce mais reste proche de son ex-époux et de sa nouvelle compagne, Lee Miller.

Pendant la guerre, Valentine Penrose séjourne notamment en Cornouailles, où elle exécute de nombreux collages réalisés à partir de gravures populaires du xixe siècle, avant de s’engager comme soldat de troisième classe dans les Forces françaises libres. À l’armistice, elle partage sa vie entre la France et l’Angleterre. Vingt-sept des collages réalisés durant le conflit sont publiés dans Dons des féminines (1951), recueil de nouveau préfacé par Éluard et accompagné d’une eau-forte de Pablo Picasso. Ces compositions évoquent les romans-collages de Max Ernst. Mais, contrairement à l’artiste franco-allemand, Valentine Penrose y célèbre l’émancipation féminine et les amours lesbiens, dans une critique non dissimulée de la norme hétérosexuelle.

La prose tient une place grandissante dans son œuvre. En 1946 paraît Martha’s Opera, un court roman épistolaire puis, en 1962,[...]

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Écrit par

  • : docteure en histoire de l'art contemporain, historienne de l'art, auteure

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