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BRIOUSSOV VALERIÏ (1873-1924)

Un « civilisateur »

Si Brioussov a été un poète, il a été aussi un grand « civilisateur ». Son rôle d'introducteur en Russie de l'art occidental moderne a eu une portée incalculable. Entre 1904 et 1909, il a été directeur de la plus importante revue littéraire de l'époque, Vesy (La Balance). Il a publié un grand nombre d'articles et d'ouvrages consacrés à l'art poétique. Les principaux sont : De l'art, 1899 ; Cours abrégé de versification, 1919 ; Bases de la science du vers, 1924.

Il a également écrit des nouvelles, des souvenirs, des romans (L'Axe terrestre, récits et scènes dramatiques, 1907 ; Les Nuits et les jours, récits et scènes dramatiques, 1913 ; Derrière ma fenêtre, souvenirs, 1913 ; L'Ange de feu, roman, 1907 ; L'Autel de la victoire, roman, 1913). Sa prose est, dans son ensemble, très proche de ses vers. Elle est solennelle, hiératique et académique. Les sujets sont empruntés à ceux de sa poésie : des tableaux du passé et de l'avenir de l'humanité ; les mystérieux abîmes de l'amour, pris sous son aspect le plus anormal et le plus pervers. Souvent, cette prose donne l'impression d'être une traduction d'une langue étrangère. L'action même des deux grands romans de Brioussov se passe hors de Russie. Son meilleur roman, L'Ange de feu, est l'histoire d'un mercenaire allemand contemporain de Luther. Il témoigne d'une érudition immense et d'un très remarquable sens historique. On ne retrouve pas ces qualités dans son deuxième roman, L'Autel de la victoire, qui a pour décor la Rome antique. C'est une des œuvres les plus ennuyeuses et les plus ratées de Brioussov.

De façon générale, les œuvres prosaïques de Brioussov ont subi une forte influence de Barbey d'Aurevilly et d'Edgar Allan Poe. Il en émane une froide et lucide cruauté, pas de sympathie, pas de pitié, mais une sorte d'exaltation sensuelle et le désir de pénétrer dans les replis les plus cachés de la perversité humaine.

Brioussov fut enfin un remarquable traducteur. Il traduisit, entre autres, Pelléas et Mélisande de Maeterlinck, La Ballade de la geôle de Reading d'Oscar Wilde, L'Énéide de Virgile ; ses traductions des poètes arméniens (La Poésie de l'Arménie, de l'Antiquité à nos jours, 1916) sont devenues des classiques.

— Sophie LAFFITTE

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  • SYMBOLISME - Littérature

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    ...(c'est-à-dire marqué de modernité européenne et notamment française), et comme le poète d'une Italie nouvelle. De même pour les Russes : Valerii Brioussov, traducteur de Verlaine et de Maeterlinck, convertit en émotions nationales sa découverte du symbolisme. Plus tard, Alexandre Blok place ...