GISCARD D'ESTAING VALÉRY (1926-2020)
Président de la République française de 1974 à 1981, Valéry Giscard d'Estaing a inscrit son mandat sous le signe de la « société libérale avancée » et procédé à d’importantes réformes sociétales (abaissement de l'âge de la majorité, légalisation de l'avortement, instauration du divorce par consentement mutuel). Ce président « moderne », souvent mal compris des Français, a également œuvré au renforcement de la construction européenne, durant son septennat et après.
Né le 2 février 1926 à Coblence, en Allemagne, dans une famille de la haute bourgeoisie d'origine auvergnate, Valéry Giscard d'Estaing fait l'École polytechnique avant d'intégrer l'École nationale d'administration (ENA) de 1949 à 1951. Il est nommé inspecteur des Finances en 1952 puis directeur adjoint au cabinet d'Edgar Faure, président du Conseil, en 1954. Membre du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), il est élu à partir de 1956 député du Puy-de-Dôme, succédant à son grand-père maternel Jacques Bardoux. Trois ans plus tard, il devient secrétaire d'État aux Finances, puis ministre des Finances et des Affaires économiques à partir de 1962 dans les gouvernements Debré et Pompidou. La même année, pour les élections législatives, il anime le nouveau groupe politique des Républicains indépendants (RI), allié à la majorité gaulliste. Libéré de ses fonctions ministérielles en décembre 1965, il s'attache dès lors à consolider son parti tout en le démarquant quelque peu de la majorité ; il ira jusqu'à faire voter « non » au référendum du 27 avril 1969 sur la réforme du Sénat et la régionalisation. Le non l'emporte avec 52,41 %. Le général de Gaulle, prenant acte du désaveu des Français, démissionnera le lendemain. Giscard d'Estaing n'en retrouve pas moins, en juin de la même année, après l'élection de Georges Pompidou à la présidence de la République, le portefeuille de l'Économie et des Finances qu'il conservera jusqu'en 1974.
Un destin présidentiel
Candidat à l'élection présidentielle d'avril 1974, Giscard d'Estaing fait campagne sur le thème d'une « société libérale avancée ». Il obtient au premier tour près de 33 % des voix contre 43,3 % à François Mitterrand et 14,5 % à Jacques Chaban-Delmas ; au second tour, il l'emporte avec 50,8 % des suffrages exprimés contre 49,2 % à François Mitterrand. Sa présidence s'ouvre avec un gouvernement dirigé par Jacques Chirac (1974-1976) et au sein duquel on retrouve à l'Intérieur Michel Poniatowski, qui fut longtemps secrétaire du groupe des Républicains indépendants qu'avait présidé Giscard d'Estaing.
Son septennat débute sous le signe des réformes. Jean-Jacques Servan-Schreiber aura même (brièvement) le titre de ministre des Réformes dans le premier gouvernement. Ces réformes touchent plus aux mœurs qu'aux structures économiques de la société française : ainsi l'âge de la majorité est abaissé à dix-huit ans le 5 juillet 1974, l'avortement est autorisé, tout comme le divorce par consentement mutuel le 11 juillet 1975. Et elles sont parfois mieux accueillies à gauche que dans l'électorat giscardien et plus encore chiraquien. Les tensions traditionnelles dans la Ve République entre le président et son Premier ministre culminent pendant l'été de 1976. Jacques Chirac souhaite des élections anticipées pour éviter la victoire de la gauche qui se profile. Valéry Giscard d'Estaing s'y oppose et, pour la première fois, un Premier ministre de la Ve République annonce sa démission devant les caméras de télévision.
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Écrit par
- Gérard PONTHIEU : journaliste
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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