LARBAUD VALERY (1881-1957)
La formule selon laquelle on présente épisodiquement Valery Larbaud dans les anthologies, manuels et histoires de la littérature est celle du « riche amateur » du début du siècle, dilettante, bon vivant, angoissé et chercheur d'âme (la sienne surtout), incessant voyageur transeuropéen : Barnabooth, en somme. Donc, Larbaud serait l'auteur d'un seul livre comportant, au nom d'un personnage fictif, des poésies, un journal et un conte satirique.
La part de vrai en tout cela suffit pour situer Larbaud à l'intérieur d'une chaîne historique : influences de la fin de la période symboliste (Rimbaud, Laforgue, Whitman), école de style intime à la Nouvelle Revue française (d'après Rousseau, Constant, Stendhal) ; aspects contemporains et précurseurs d'une littérature célébrant le cosmopolitisme et la mobilité lyrique du monde moderne (Claudel, Saint-John Perse, Fargue, Apollinaire, Michaux, Giraudoux, Morand, Cendrars, Queneau, Butor).
Le voyageur immobile : un cosmopolitisme d'intérieur
La vérité va plus profond, même si ce n'est pas tout à fait dans un autre sens. Elle soulève plutôt à chaque pas des paradoxes. Né dans la ville cosmopolite de Vichy, mais en plein Bourbonnais, province bucolique selon l'image que Larbaud porte en lui (dans Allen, 1929, par exemple, ou certaines des Enfantines, 1918), Larbaud s'enfuit surtout, passant une bonne partie de sa vie en voyages, projets et souvenirs de voyage, de préférence en Angleterre, Espagne, Italie et Suisse, ainsi que dans « Paris de France ». Et cependant, en même temps, il offre des proses ressemblant à des cartes postales (comme celles de Henry Levet) qui font rêver non pas d'exotisme, mais d'une installation réconfortante, d'une espèce de retour. Ainsi des foyers qu'il crée dans les banlieues de Londres aux premières années de sa carrière, à Alicante pendant la Grande Guerre, à Paris, rue du Cardinal-Lemoine, et pendant toute sa vie à Valbois, dans sa propriété en Bourbonnais, cette « Sérénissime République des lettres ». Comme un urbaniste spirituel, il suivait un itinéraire qui entraînait un long et constant approfondissement de la vie ainsi que de l'œuvre écrite, pour arriver à l'élaboration de sa « Cité heureuse ».
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Écrit par
- John Kenneth SIMON : professeur assistant (français-anglais) à l'université de l'Illinois
Classification
Autres références
-
COMMERCE, revue littéraire
- Écrit par Jacques JOUET
- 558 mots
La revue Commerce, « Cahiers trimestriels publiés par les soins de Paul Valéry, Léon-Paul Fargue, Valery Larbaud », donna vingt-neuf livraisons, de 1924 à 1932. Cette revue littéraire naît à l'ombre de la princesse de Bassiano et de ses proches. Outre les trois « phares » susnommés, ...