VALET ou VARLET
Mot de la langue courante, de même origine (latin, vassaletus) que le mot savant « vassal », employé pour qualifier l'homme entré librement en dépendance pour obtenir d'un plus puissant sa protection et un bienfait. Fut au Moyen Âge qualifié de valet tout homme que sa position professionnelle plaçait sous l'autorité d'un autre : le soldat au service d'un autre (xiie-xiiie s.) et surtout (xiiie-xve s.) le salarié, domestique ou non. Le terme de compagnon concurrença celui de valet et tendit à le remplacer à la fin du Moyen Âge, en sorte que le valet ne fut plus, à l'époque moderne, que l'employé domestique.
Les valets de l'artisanat et du commerce avaient des conditions de vie et de travail fort différentes selon les temps et les lieux, selon les métiers et, surtout, selon l'importance de l'entreprise et leur propre niveau de qualification. Dans l'artisanat le plus simple (ferron, tailleur, boulanger, par exemple), le valet vivait dans la famille de son maître. Les valets des tisserands ou des teinturiers, au contraire, formaient dans certaines villes, comme à Gand, un véritable prolétariat.
De nombreux conflits opposèrent maîtres et valets. Plus souvent que sur le salaire, qui dépendait étroitement du marché de l'embauche et que réglementaient dans la mesure du possible les pouvoirs publics, ces conflits portaient sur la durée du travail.
Malgré l'emprise des organisations de maîtres (métiers jurés, corporations, confréries), les valets tendirent à se doter de groupements propres, qui sont à l'origine des compagnonnages de l'époque moderne. Au mépris des règlements, beaucoup travaillaient à leur compte, avec la complicité intéressée de la clientèle (surtout dans les artisanats du vêtement). Les barrières dressées à l'encontre de leur promotion sociale (coût de la maîtrise, chef-d'œuvre, etc.) furent cependant très efficaces et creusèrent, entre maîtres et valets, au cours des xive et xve siècles, un fossé social que franchissaient de très rares valets, grâce à d'opportuns mariages avec la veuve ou la fille de leur maître.
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Écrit par
- Jean FAVIER : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France
Classification
Autres références
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CORPORATIONS
- Écrit par Jacques LE GOFF
- 3 390 mots
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