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VALEUR ET CAPITAL, John Richard Hicks Fiche de lecture

Valeur et capital est sans doute l'un des ouvrages d'économie mathématique les plus connus du xxe siècle. Après un demi-siècle de domination dans le monde anglo-saxon de la méthodologie marshallienne, centrée sur l'analyse d'équilibre partiel, John Richard Hicks (1904-1989) propose de reprendre le programme de la théorie de l'équilibre général après Léon Walras et Vilfredo Pareto. Hicks a l'ambition d'aller le plus loin possible dans l'analyse d'un système de marchés interdépendants (marchés de biens, de fonds prêtables, de la monnaie), d'un point de vue statique et dynamique (dimension intertemporelle), sur la base d'une analyse microéconomique du producteur et du consommateur. Il ne se détourne pas pour autant de la pensée d'Alfred Marshall, soucieux d'obtenir des propositions de statique comparative et des applications macroéconomiques. Cette contribution importante à la théorie de l'équilibre général lui vaudra le prix Nobel d'économie en 1972 partagé avec Kenneth Arrow.

Renaissance de la théorie de l'équilibre général

L'ouvrage comprend quatre parties et un appendice mathématique. La perspective d'équilibre général, dans laquelle il s'inscrit, se caractérise par la recherche de fondements microéconomiques précis et par une attention particulière aux interdépendances des marchés.

Dans la première partie, « La Théorie de la valeur subjective », Hicks donne un exposé synthétique de la théorie du consommateur, qui correspond au contenu des ouvrages de microéconomie d'aujourd'hui. Hicks analyse notamment les propriétés de la fonction de demande engendrée par la maximisation d'une fonction d'utilité ordinale, et il obtient, après Eugen Slutsky (1915), une décomposition de l'effet de la variation du prix pi d'un bien sur la demande (marshallienne) d'un bien xj en deux « effets » : un « effet revenu » et un « effet substitution ». L'effet substitution, au sens de Hicks, donne la variation de la demande du bien xj consécutive à la variation de pi, de manière à conserver le même niveau d'utilité qu'avant la variation du prix. L'effet revenu indique la variation de la demande induite par la modification du « pouvoir d'achat », au sens de Hicks, c'est-à-dire du niveau d'utilité accessible par le consommateur. Hicks emploiera systématiquement cette décomposition dans sa discussion de l'effet des interdépendances entre les marchés.

La deuxième partie de l'ouvrage, « L'Équilibre général », analyse la stabilité d'une économie de marchés interdépendants, c'est-à-dire la capacité d'une telle économie à se diriger vers un équilibre, sous l'effet de la loi de l'offre et de la demande. Que les fonctions de demande excédentaire (demande-offre) de chaque bien varient en sens contraire de leur propre prix (conformément à la loi de l'offre et de la demande) lui semble une garantie de stabilité, pour autant que les biens soient substituables. Il importe alors, selon Hicks, de savoir si cette propriété est vérifiée avant que tous les autres prix aient été modifiés sur les autres marchés de manière à y maintenir l'équilibre. La stabilité sera seulement « imparfaite » si la propriété n'est vérifiée que lorsque certains autres prix ont été ajustés, et alors il faudra plus de temps, selon Hicks, pour parvenir à l'équilibre.

Dans la troisième partie, « Les Bases de la dynamique économique », Hicks introduit la notion d'équilibre temporaire (sur une période). Si cet équilibre est vérifié période après période, on est alors en présence d'un équilibre intertemporel, de sorte que « l'on peut continuer à exécuter [les plans d'offre et de demande des agents] sans révision aucune ». L'étude de l'équilibre temporaire[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en sciences économiques à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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