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VAN DONGEN CORNELIS THEODORUS MARIE dit KEES (1877-1968)

Parmi les peintres du groupe fauve, un certain nombre d'artistes font figure d'isolés. Le plus intéressant d'entre eux est le Hollandais Van Dongen, par l'ampleur de son œuvre et par sa personnalité.

Né près de Rotterdam, Van Dongen arrive à Paris en 1897. Sans ressources, il va exercer divers métiers avant de s'installer à Montmartre au Bateau-Lavoir. Le marchand Vollard lui organise en 1904 une exposition personnelle et, l'année suivante, il expose au Salon d'automne avec les fauves.

Van Dongen avait appris à remplacer le trait dessiné par le trait coloré, selon la technique de Toulouse-Lautrec, et Van Gogh lui avait suggéré la valeur émotionnelle de la couleur. Fauve avant la lettre, le peintre néerlandais avait exécuté en 1902 un remarquable Portrait de la Goulue qui précède de quelques années les œuvres de Vlaminck et de Derain, où la couleur pure remplace la structure dessinée.

Au Salon de 1905, il expose deux toiles très marquées par une volonté chromatique et, dès ce moment, le peintre s'exprime dans un langage libéré de toute contrainte (Autoportrait, 1905, coll. Van Dongen, Monaco ; Le Clown, 1905, coll. part., Paris ; Boxing Exhibition, 1905). Parmi les fauves, le peintre apparaît comme un des meilleurs coloristes, à la fois vigoureux et raffiné. Il allie les vermillons aux verts acides dans une recherche savante de rapports nouveaux. Après quelques essais de paysages, dont les plus réussis sont les marines, Van Dongen devient le portraitiste du Tout-Paris. Il ne fait alors qu'édulcorer ses procédés et sa technique (La Femme au chapeau noir, 1908, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg). À la violence fauve succède un effet chromatique plus contenu, dirigé et utilisé pour d'agréables notations naturalistes (Le Promenoir des Folies-Bergères, 1907, coll. Van Dongen, Monaco).

À partir de 1912, Van Dongen évolue et renonce aux grands aplats de couleur pure pour revenir à des mélanges de tons qui lui permettent d'obtenir des effets plus précieux mais qui demeurent vigoureux. Portraitiste mondain très sollicité, il va créer un type de femme aux yeux fortement soulignés, aux poses, aux parures et aux bijoux provocants (Madame Jasmy Alvin, 1925, coll. part.) ; parmi les innombrables portraits qu'il a donnés du Tout-Paris intellectuel, artistique ou politique, celui d'Anatole France reste l'un des plus remarquables.

Incontestablement doué comme coloriste, Van Dongen restera enfermé jusqu'à sa mort dans les limites idéologiques et formelles d'une peinture agréable et désinvolte pour laquelle il sacrifia les fascinantes outrances de son talent.

— Charles SALA

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

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