VAN GOGH À AUVERS-SUR-OISE. LES DERNIERS MOIS (exposition)

Vers une nouvelle peinture

La période d’Auvers-sur-Oise, avec son dénouement tragique, fait définitivement entrer Van Gogh dans la légende. Le cinéma – Vincente Minelli en 1956, Maurice Pialat en 1991 –, dont la contribution est évoquée à la fin du parcours de l’exposition, va faire de Vincent un archétype de l’artiste maudit. Pour autant, cette période est celle d’un travail intense où les recherches graphiques trouvent leur place dans les interstices laissés par une production picturale continue (plus d’une toile par jour en moyenne). Dans ces recherches pleines de vivacité où la couleur joue un rôle important, la curiosité de l’artiste pour la vie de village, mais pas seulement (Tête égyptienne grimaçante au recto et Paysan avec une faux au verso, 1890 ; Van Gogh Museum, Amsterdam), se donne libre cours et les dessins de paysages sont aussi imposants que les toiles (L’Oise à Auvers-sur-Oise, 1890 ; Tate, Londres). Dans les peintures, la nature tend à devenir l’unique sujet, la présence humaine se faisant plus allusive, par exemple dans le pimpant Jardin à Auvers-sur-Oise, peint entre le 18 et le 20 juin 1890 (coll. part.), où l’espace, vidé de toute profondeur, est subitement ramené au plein du tableau comme dans une estampe japonaise.

Mais l’apport principal de l’exposition se trouve dans le rassemblement de 11 paysages en largeur au format en double carré (50 cm × 100 cm) – dont le dernier en date, le terrifiant Racines d’arbres (Van Gogh Museum, Amsterdam), réalisé le 27 juillet 1890 juste avant le suicide du peintre – sur un ensemble de 13 œuvres comprenant également un portrait en hauteur. Inspiré par l’immense Inter Arteset Naturam de Puvis de Chavannes (1888-1890), c’est ce format non commercial délibérément choisi par Van Gogh, « parfaitement conscient, et fier même, écrit Emmanuel Coquery, d’une audace formelle, qui fait du tableau un objet remarquable en soi ».