VANDALES
L'éphémère royaume africain (429-534)
Les troupes romaines furent incapables d'arrêter l'invasion et les Barbares purent atteindre Bône en mai ou en juin 430. À l'issue d'un long siège qui vit la mort de saint Augustin, la ville tomba en 431. Les Romains s'efforcèrent alors de composer avec les Vandales, concluant avec eux en 435 un foedus (traité) qui régularisait en quelque sorte leur installation dans une grande partie de l'Algérie orientale et de la Tunisie actuelles. Comme l'avaient fait en Gaule les Wisigoths ou devaient le faire les Burgondes, Genséric viola bien vite le foedus, s'emparant de Carthage le 19 octobre 439 et occupant la majeure partie de l'Afrique romaine. Les Vandales ne se contentèrent pas de ces succès et ils s'efforçèrent de poursuivre leur expansion par voie maritime. En 440, ils débarquèrent en Sicile, menaçant l'Italie, et l'empereur Valentinien III dut composer avec eux, leur accordant en 442 un nouveau foedus qui accroissait leurs possessions en Afrique. Ce fut ensuite l'occupation de la Corse et de la Sardaigne vers 455, puis le sac de Rome en 455 et enfin la conquête de la Sicile en 468.
Si la mort de Genséric, en 477, mit fin aux visées expansionnistes des Vandales en Italie, leur flotte n'en demeura pas moins maîtresse de la Méditerranée occidentale pour de nombreuses années. Quant à leur royaume africain, son ampleur demeura toute relative. En effet, les Vandales n'occupèrent pas tous les territoires que Rome leur avaient concédés, mais seulement l'est de l'Algérie et la Tunisie, abandonnant le reste de l'Afrique romaine à sa population indigène, notamment berbère. Il en fut de même dans les provinces d'Afrique qui étaient demeurées romaines, mais où la présence de garnisons n'est plus attestée à partir du milieu du ve siècle.
Les textes, plus que l'archéologie, nous permettent de savoir ce que fut alors le royaume vandale et de comprendre pourquoi il fut éphémère. À la différence d'autres Barbares, tels les Francs, les Vandales ne pratiquèrent pas une politique d'assimilation avec la population africano-romaine. Relativement peu nombreux, ils ne cherchèrent pas à s'intégrer, bien qu'ils aient adopté la langue et le mode de vie de cette province romaine. Les uns se fixèrent dans les villes dont le patrimoine monumental, malgré les pillages de la conquête, avait été relativement préservé ; les autres s'établirent dans des domaines ruraux spoliés où la main-d'œuvre demeura indigène. Les élites romaines ne furent pas associées, sinon pour des tâches subalternes, à une administration qui demeura élémentaire et qui chercha avant tout à imposer à la population indigène une très lourde fiscalité foncière. Ce clivage avec la majorité romaine et chrétienne fut encore accru par le fait que la minorité vandale était arienne, sans doute depuis son séjour en Espagne. Une armée omniprésente et brutale fut enfin la garantie du pouvoir royal et d'un ordre qui ne pouvait qu'être précaire.
La rapidité de la reconquête byzantine le prouva. Ayant débarqué à la fin d'août 533, le célèbre général Bélisaire était maître de Carthage deux semaines plus tard. L'Afrique vandale s'effondra en quelques mois et le dernier roi vandale, Gélimer, après s'être rendu en 534, fut déporté en Asie ainsi que la majeure partie de son peuple. Il en fut de même en 539-540 pour ceux qui étaient parvenus à se réfugier chez les Maures. L'Afrique redevenait romaine, mais le bilan était lourd puisque la province était épuisée par un siècle d'exploitation vandale et que l'essentiel de ses élites avait fui. Devenue l'un des bastions byzantins de Méditerranée occidentale, l'Afrique du Nord ne recouvra pas sa splendeur passée, les populations indigènes de l'arrière-pays,[...]
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Écrit par
- Patrick PÉRIN : directeur du musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye
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