- 1. Les différents niveaux d'observation de la variation génétique
- 2. Structures génétiques des populations et des espèces
- 3. Variation entre espèces apparentées et critères de l'espèce
- 4. La variation non génétique
- 5. Variation et cycle biologique
- 6. La variation biologique au service de l'homme
- 7. Peut-on distinguer l'inné de l'acquis ?
- 8. Bibliographie
VARIATION, biologie
Il n'est pas dans le monde vivant deux individus qui, pour peu qu'on les observe avec des moyens suffisants, se révèlent rigoureusement identiques. Ce phénomène, la variation biologique, est d'un certain point de vue paradoxal. Une propriété considérée comme caractéristique des êtres vivants est en effet leur aptitude à se reproduire, à engendrer des êtres semblables à eux-mêmes. Si la reproduction était parfaitement conforme, tous les organismes appartenant à une même lignée, c'est-à-dire descendant d'un même parent, seraient identiques entre eux et identiques à leur ascendant commun. La reproduction n'est en réalité pas parfaitement conforme.
Chaque individu est doté lors de sa conception d'un ensemble de molécules d'ADN qui détient l'information nécessaire à l'accomplissement de toutes ses fonctions vitales. C'est son matériel génétique, ordinairement présent dans une cellule unique, qui se confond avec l'individu dans le cas d'une forme unicellulaire, dont les divisions engendrent l'individu dans le cas d'une forme pluricellulaire. Entre deux divisions cellulaires successives, le matériel génétique est en principe doublé à l'identique, de telle sorte que chacune des deux cellules-sœurs reçoivent un matériel génétique identique à celui de la cellule-mère. Les mécanismes de ce doublement et de cette équipartition ne sont pas infaillibles. Leurs accidents, les mutations, sont à l'origine de différences entre matériels génétiques.
De nombreux êtres vivants sont en outre doués de sexualité. Celle-ci revêt chez les animaux et végétaux pluricellulaires la forme triviale de la reproduction sexuée. Dans ce cas, la cellule dont dérive l'individu est une cellule-œuf, formée par la fusion de deux cellules. Son matériel génétique est ainsi constitué de deux lots d'origines respectives paternelle et maternelle, généralement non identiques. Lors de la reproduction, un véritable tirage au sort d'éléments parmi ces deux lots aboutit à la constitution de lots simples dont chacun renferme statistiquement autant d'éléments de type paternel que d'éléments de type maternel, et le reproducteur transmet à chacun de ses produits un de ces lots. Le brassage ainsi réalisé à chaque génération amplifie la variation initialement créée par les mutations. Dans une acception très large, on considère comme sexuel tout événement susceptible de provoquer la recombinaison génétique, c'est-à-dire la mise en présence, au sein d'un même lot de matériel génétique, de copies d'éléments ayant appartenu à des individus différents. Selon cette acception, des phénomènes sexuels sont connus dans la quasi-totalité du monde vivant, y compris par exemple chez les bactéries.
On désigne sous le nom de variation génétique l'ensemble des différences entre les matériels génétiques des êtres vivants. Certaines se traduisent par des différences portant sur le phénotype, c'est-à-dire sur les caractères autres que ceux du matériel génétique lui-même, concernant par exemple l'aspect visible, la physiologie, le comportement, la charge électrique d'une protéine. D'autres, qui n'ont pas d'effet détectable sur le phénotype, ne peuvent être appréhendées que par l'étude directe du matériel génétique. Toutes ces différences sont héréditaires. La variation génétique participe donc à la variation héréditaire. Elle en constitue une très large part, mais non la totalité.
À l'opposé, deux organismes génétiquement identiques ont toujours des phénotypes quelque peu différents. Cela peut être dû à ce qu'ils n'ont pas vécu exactement dans le même environnement. Les différences phénotypiques qui ont cette origine constituent la variation environnementale, qui n'est pas[...]
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Écrit par
- Jean GÉNERMONT : professeur à l'université de Paris-Sud, Orsay
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